Éco-Business

PIB non agricole : Croissance «molle»

La contre-performance de l’activité agricole en 2016 ne devrait pas occulter la faible croissance des activités secondaire et tertiaire. Les activités non-agricoles se seraient améliorées de seulement 2,2% en 2016, en légère hausse par rapport au 1,8% de 2015. Elles restent largement en dessous du taux de 4,2% par an réalisé durant les années 2008-2012.

Les conclusions du Haut-commissariat au plan (HCP) pour l’année 2016 sont tout sauf reluisantes. Le Maroc a enregistré en 2016 l’une des croissances économiques les plus faibles de ces dernières décennies avec un taux de croissance de 1,19%. Si l’amélioration de la croissance attendue en 2017 (3,6%) devrait rassurer les opérateurs, il faut dire que la forte baisse constatée en cette année 2016 demeure porteuse d’inquiétudes concernant les fragilités de l’économie marocaine. L’année 2016 a été marquée par une campagne agricole morose: avec 33,5 millions de quintaux, la production céréalière a été en régression de plus de 70% par rapport à son niveau de 2015. De même, la production de légumineuses aurait baissé de 54% en comparaison avec l’année 2015.

Vigilance sur la campagne agricole
Pour le HCP, la situation aurait pu être pire sans le niveau satisfaisant du stock hydraulique disponible et le plan anti-sécheresse mis en œuvre courant 2016. Ces efforts ont permis aux productions des cultures industrielles, fruitières et maraîchères, ainsi qu’aux activités de l’élevage d’être préservées. Par ailleurs, les réalisations des activités de la pêche maritime, quoique modestes en comparaison avec celles de 2015, auraient pu contribuer à l’atténuation des effets négatifs de la sécheresse. Dans ces conditions, la valeur ajoutée de l’activité primaire aurait été en repli de 9,8%, dégageant ainsi une contribution négative à la croissance du PIB de 1,3 point en 2016 au lieu d’une contribution positive de 1,5 point une année auparavant. «Pour 2017, nous prédisons, selon les éléments dont nous disposons à ce jour, une récolte d’environ 70 à 75 millions de quintaux», souligne Abdelhak Allalat, directeur de la prévision et de la prospective au sein du HCP. La croissance agricole devrait malgré tout afficher une progression moyenne en 2017. «La vague de froid que connaît actuellement notre pays pourrait avoir un impact important sur certaines filières qui commençaient à porter quelques bons résultats», prévient Ahmed Lahlimi Alami, haut commissaire au Plan.

Désindustrialisation?
Parallèlement, les activités non agricoles continuent à pâtir des faibles performances affectant l’ensemble des activités aussi bien secondaires que tertiaires. «Une croissance molle à pratiquement tous les niveaux», déplore le haut commissaire au plan. Globalement, les activités non-agricoles se seraient améliorées de 2,2% en 2016, en légère hausse par rapport à 1,8% en 2015, tout en restant largement en dessous du taux de 4,2% par an durant les années 2008-2012. C’est ainsi que la valeur ajoutée des industries manufacturières a affiché un ralentissement de sa croissance, avec 2% en 2016 après 4,3% enregistrés en 2015. Ceci s’explique par le net ralentissement des industries alimentaires et métallurgiques, au moment où l’industrie chimique et para-chimique aurait connu une amélioration, bénéficiant d’une demande extérieure favorablement orientée engrais phosphatés, alors que celle du textile et cuir aurait quasiment stagné. De son côté, le secteur du bâtiment et travaux publics, en dépit de la baisse de la demande pour le logement, aurait profité de la progression de l’auto-construction et de la poursuite des grands projets structurants d’infrastructures et d’aménagement urbain en 2016. Sa valeur ajoutée aurait affiché une amélioration de 1,3% au lieu de 0,8% en 2015. Au total, et compte tenu d’une évolution modérée de 1,8% de l’activité électrique, la valeur ajoutée de l’activité secondaire aurait progressé de 1,9% en 2016 au lieu de 2,8% une année auparavant.

Merci la COP22 !
Pour ce qui est des activités tertiaires, les services marchands auraient enregistré une valeur ajoutée en amélioration de 2,3% au lieu de 1,4% une année auparavant. Cette légère reprise aurait été portée, en particulier, par les secteurs des télécommunications, du commerce et des services rendus aux entreprises. Le tourisme, pour sa part, a été sauvé par l’effet positif de la COP22 et du dynamisme du tourisme national. Ce secteur a affiché une amélioration de sa valeur ajoutée de 2,6% après avoir enregistré une baisse de 3,2% en 2015. Toutefois, cette croissance serait restée bien inférieure aux rythmes soutenus de 5% en moyenne durant les années 2007-2014. Ainsi, en prenant en considération l’augmentation de 2% de la valeur ajoutée des services non marchands, les activités tertiaires auraient enregistré une croissance de 2,3% en 2016 au lieu de 1,2% en 2015.


L’économie mondiale dans l’expectative

Les perspectives de l’économie internationale, globalement en légère amélioration, se traduiraient par une demande mondiale adressée au Maroc en légère hausse de 3,8% en 2017 au lieu de 3,1% en 2016. L’économie nationale risquerait toutefois d’être affectée par un environnement international peu prometteur caractérisé par une croissance modérée des partenaires économiques, notamment la zone euro, et par un revirement de tendance des prix des matières premières, particulièrement les cours du prix du pétrole brut. L’année 2017 devrait également être marquée par le retour de plus en plus inévitable des mouvements nationalistes et l’on devrait assister à «une prévalence du politique, voire de l’idéologique sur l’économique», présage Ahmed Lahlimi Alami, haut commissaire au plan.


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