Perspectives économiques : une dynamique prometteuse sous surveillance
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Avec une croissance en voie de stabilisation, une inflation en net repli et des marchés financiers dynamiques, l’économie aborde 2025 sur une note positive. Toutefois, des fragilités subsistent, souligne BKGR dans sa récente analyse, mettant notamment l’accent sur un déficit commercial en hausse, un chômage toujours élevé et un environnement international incertain.
L’année 2025 a démarré sous des perspectives économiques globalement favorables pour le pays. La croissance est en voie de consolidation, l’inflation retrouve des niveaux modérés et la Bourse de Casablanca connaît un début d’année dynamique.
Toutefois, BMCE Capital Global Research (BKGR) met en garde contre certains défis structurels et internationaux susceptibles d’affecter cette trajectoire. Entre reprise économique et incertitudes, la société de recherche dresse un état des lieux précis de la situation et des perspectives à venir.
Une croissance en consolidation malgré un environnement incertain
L’activité économique affiche des signes de stabilisation avec une progression du PIB estimée à 3% en 2024, contre 2,8% en 2023, selon les chiffres du Haut-Commissariat au Plan.
Cette tendance devrait se renforcer en 2025 avec une croissance projetée à 3,9% par BKGR, portée par l’amélioration de la valeur ajoutée non agricole, notamment dans les secteurs des services et de l’industrie. L’un des moteurs de cette croissance demeure la consommation des ménages, en hausse de 3% sur l’année, soutenue par un ralentissement notable de l’inflation qui est passée de 6,1% en 2023 à 0,9% en 2024.
Le retour à des niveaux normatifs en matière d’inflation devrait permettre une meilleure prévisibilité pour les investisseurs et une consolidation du pouvoir d’achat, même si certaines tensions sur les matières premières pourraient peser sur la tendance à moyen terme.
Sur le front industriel, le taux d’utilisation des capacités de production s’établit à 78%, un niveau en léger recul par rapport aux mois précédents. Cette baisse reflète une certaine prudence des industriels face à une demande intérieure qui demeure en phase d’ajustement, mais également les effets d’un climat international marqué par des incertitudes commerciales et financières.
Un déficit commercial en expansion
Le commerce extérieur présente un bilan contrasté. Si les exportations poursuivent leur progression en 2024 avec une hausse de 5,8%, atteignant 455 milliards de dirhams, le déficit commercial s’est creusé de 7,3%, atteignant un solde négatif de 306,5 milliards de dirhams.
Cette situation s’explique par une forte augmentation des importations, qui ont progressé de 6,4%, atteignant 761,4 milliards de dirhams. Les secteurs exportateurs les plus dynamiques restent les phosphates et dérivés, avec une progression de 13,1%, suivis de l’automobile (+6,3%) et de l’aéronautique (+14,9%). Toutefois, cette performance n’a pas suffi à compenser la hausse des importations de biens d’équipement et de produits de consommation, qui ont connu des hausses respectives de 12,9% et 10,7%.
BKGR souligne que la bonne tenue des exportations démontre la compétitivité de certains secteurs stratégiques, mais le pays reste vulnérable aux fluctuations des marchés internationaux et à la dépendance aux importations, notamment en ce qui concerne les biens à forte valeur ajoutée.
Un équilibre budgétaire en nette amélioration
L’État a su mieux maîtriser ses finances publiques en 2024, avec un déficit budgétaire réduit à 3,9% du PIB contre 4,4% en 2023.
Cette amélioration est attribuée à une augmentation significative des recettes fiscales, qui ont progressé de 8,7% pour atteindre 367,8 milliards de dirhams. Les dépenses publiques ont été contenues, avec une hausse limitée à 2,7%, en grande partie grâce à la baisse des subventions de compensation, qui ont reculé de 37,4%.
Cette rationalisation budgétaire a permis à l’État de limiter son recours à l’endettement, bien que les adjudications du Trésor aient atteint 54,2 milliards de dirhams en 2024, contre 33,6 milliards l’année précédente.
BKGR estime que cette gestion prudente des finances publiques est un facteur de stabilité économique, bien qu’il soit nécessaire de poursuivre les efforts de rationalisation pour réduire encore plus le déficit et renforcer la capacité d’investissement de l’État.
Les risques et défis à surveiller en 2025
Malgré ces indicateurs positifs, BKGR met en avant plusieurs risques à ne pas négliger. Le chômage, qui s’établit à 13,3% en 2024, reste une préoccupation majeure. L’économie, bien qu’en croissance, peine à générer des emplois de manière soutenue, notamment dans les zones rurales touchées par la sécheresse. Les tensions commerciales internationales, notamment avec les nouvelles mesures protectionnistes des États-Unis, pourraient affecter certains secteurs d’exportation, notamment l’automobile.
De plus, la flambée des matières premières, avec un prix de l’or dépassant 2 800 dollars l’once, traduit une nervosité persistante des marchés face aux incertitudes géopolitiques.
Enfin, la question de la flexibilité du dirham reste un sujet de débat. Si une plus grande ouverture du régime de change pourrait renforcer la compétitivité des exportateurs, elle pourrait aussi engendrer une volatilité accrue, impactant le pouvoir d’achat et la stabilité financière.
BKGR estime que l’économie est bien engagée sur une trajectoire de croissance durable, soutenue par une inflation maîtrisée et des marchés financiers dynamiques.
Toutefois, les incertitudes internationales et les défis structurels internes nécessitent une vigilance accrue pour garantir une croissance inclusive et équilibrée en 2025.
Le portefeuille de BKGR performe
Le portefeuille de BMCE Capital Global Research a surperformé le marché en janvier 2025, enregistrant une hausse de 13,93%, contre 9,98% pour son indice de référence, le MASI-RB. Parmi les valeurs qui ont le plus contribué à cette performance, on retrouve Itissalat Al-Maghrib (+29,6%), CMGP Group (+22,4%) et Atlantasanad (+22,0%).
En termes de valorisation, le portefeuille BKGR affiche un P/E de 28,5x, bien au-dessus de celui du MASI (19,6x), ce qui traduit une confiance accrue des investisseurs dans la sélection d’actifs de la société de recherche.
Toutefois, le rendement en dividendes (D/Y) s’établit à 2,3%, légèrement inférieur à la moyenne du marché. Cette performance illustre la pertinence des choix stratégiques de BKGR, qui privilégie des valeurs à fort potentiel de croissance tout en adoptant une approche prudente face aux incertitudes du marché.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO