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Perspectives économiques : la BAD trace la voie de la reprise en Afrique du Nord

La Banque africaine de développement (BAD) dévoile ses perspectives économiques pour l’Afrique du Nord en 2022. La Banque recommande aux pays de la Région d’envisager des mesures pour maintenir le bien-être et lutter contre l’inflation qui réduit le pouvoir d’achat des consommateurs, augmente la pauvreté et accroît les inégalités.

La Banque africaine de développement vient de publier un rapport sur les perspectives économiques en Afrique du Nord, en 2022. Sous le thème «Soutenir la résilience climatique et une transition énergétique juste», le rapport dévoile que les perspectives macroéconomiques de l’Afrique du Nord sont soumises à des risques, à savoir les nouvelles variantes de Covid-19, les retombées du conflit russo-ukrainien et le durcissement des conditions financières mondiales à la suite de la hausse des taux directeurs dans les économies avancées. Malgré la réactivation des échanges et l’amélioration des envois de fonds, le déficit du compte courant a été l’un des plus élevés d’Afrique, à 4,1% en 2021, contre une moyenne de 2,4% pour le continent.

Avec des taux de croissance du PIB réel (4,5% en 2022 et 4,2% en 2023) légèrement supérieurs à la moyenne africaine (4,1% en 2022 et 2023), les perspectives macroéconomiques de la Région sont prometteuses. Des projections macroéconomiques supplémentaires indiquent que l’inflation en Afrique du Nord suivrait la tendance haussière mondiale, mais resterait modérée, à 6,7% en 2022 et 6,4% en 2023.

En effet, la crise entre la Russie et l’Ukraine est une source majeure d’incertitude pour l’Afrique du Nord, compte tenu de la proximité géographique de la Région et de ses liens économiques étroits avec l’Europe. Importateur net de blé, de maïs et de pétrole en provenance de Russie et d’Ukraine, l’Afrique du Nord pourrait faire face à une insécurité alimentaire.

En revanche, les exportateurs de combustibles fossiles pourraient tirer parti de l’augmentation de la demande de pétrole et de gaz, les pays européens se désolidarisant désormais de la Russie. Toutefois, réagir ainsi – à travers une accélération de la production et des exportations de ressources fossiles – remet en cause les engagements pris par les pays dans le cadre de l’Accord de Paris, notamment le traité international sur le changement climatique, adopté en 2015.

Priorité à la sécurité énergétique et alimentaire
Les répercussions de la crise russo-ukrainienne et les changements climatiques pourraient compromettre la relance macroéconomique enregistrée par les pays de la Région après la pandémie. En effet, ces chocs sont susceptibles de se propager aux systèmes agricole, alimentaire et énergétique qui sont interdépendants.

Dans ce cadre, la Banque africaine de développement (BAD) recommande aux pays concernés d’accorder la priorité immédiate à la sécurité énergétique et alimentaire. En effet, la proximité de l’Afrique du Nord avec l’Europe, et sa dépendance à l’égard des importations en provenance de Russie et d’Ukraine, constituent une occasion de lutter résolument contre les changements climatiques.

Les engagements pris par les pays d’Afrique du Nord dans le cadre de l’Accord de Paris (le traité international sur les changements climatiques adopté en 2015) et les transitions énergétiques sous-jacentes qui y sont décrites doivent être accélérés de manière ambitieuse. La mobilisation des financements sous-tendra la célérité et l’ampleur de la transition énergétique, tout en renforçant la résilience des ménages, des entreprises, des sociétés, du secteur financier et, en définitive, la stabilité financière de la Région.

Certes, il reste des obstacles à la libération des investissements privés en faveur de l’action climatique, mais il existe divers leviers que les gouvernements pourraient utiliser pour rendre les flux financiers compatibles avec les voies de développement à faibles émissions et résilientes aux changements climatiques. Il s’agit, entre autres, des financements climatiques et des outils émergents.

Renforcer les mesures de protection sociale
La BAD recommande aux pays de la Région d’envisager des mesures pour maintenir le bien-être et contrer les forces inflationnistes qui réduisent le pouvoir d’achat des consommateurs et augmentent la pauvreté et les inégalités dans la Région. Les programmes publics de protection sociale, en particulier pour les populations les plus pauvres, comme les transferts d’argent, sont des outils importants qui peuvent absorber l’impact négatif sur la consommation des ménages.

Concernant les plans de préparation en cas de résurgence des chocs sanitaires, le rapport de la banque souligne que la maîtrise de la pandémie de Covid-19 doit rester une priorité politique absolue pour ces pays. Les gouvernements doivent établir des plans de préparation pour détecter et traiter rapidement le coronavirus, ou d’autres pandémies, en investissant plus dans leurs industries pharmaceutiques et leurs systèmes de santé nationaux.

Ils doivent également suivre de près la situation par la création d’une organisation chargée de cette responsabilité, comme l’Observatoire national des maladies nouvelles et émergentes de Tunisie. Ils peuvent également envisager une assurance maladie universelle pour permettre de réduire les dépenses publiques.

Secteur privé et financement de la relance économique
Le rapport a mis l’accent sur l’importance de soutenir le développement du secteur privé par un renforcement de la compétitivité et de l’accès au financement. En effet, le secteur privé et les PME sont les principaux fournisseurs d’emplois en Afrique du Nord, mais ils ont souffert de plusieurs chocs exogènes au cours des deux dernières années, notamment la crise sanitaire et les récentes augmentations des prix du pétrole et des matières premières qui ont suivi le conflit Russie-Ukraine.

Les prix élevés ont affecté les coûts de transport et les intrants, sapant davantage la compétitivité des pays. Il est donc urgent de protéger les PME et la création d’emplois, notamment par des incitations fiscales, un soutien financier direct et un accès accru au financement. Il est également nécessaire d’améliorer le climat des affaires et de fournir une main-d’œuvre qualifiée adéquate pour stimuler la croissance du secteur privé.

Les investissements en matière de numérisation, de capital humain, de sciences, d’ingénierie, de mathématiques et de compétences liées à la résolution de problèmes, déclencheront l’adoption des nouvelles technologies nécessaires à la transformation à forte valeur ajoutée et à la diversification économique.

Le rapport insiste également sur l’importance d’utiliser efficacement la dette pour financer l’investissement productif et accélérer la relance économique. Les pays d’Afrique du Nord doivent donc s’attaquer à la hausse des niveaux de la dette publique en allouant les fonds de la dette de manière transparente afin d’améliorer la gestion des finances publiques et d’accélérer la mobilisation des ressources nationales. Cela suppose également

Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO


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