Performances financières : les banques propulsées vers de nouveaux records

Les banques cotées s’apprêtent à entrer dans une période de records, portées par une conjoncture économique favorable et des stratégies optimales de gestion. Après avoir démontré une résilience face aux défis récents, elles capitalisent sur des prévisions de croissance robuste et une rentabilité en pleine ascension.

Le secteur bancaire côté s’apprête à franchir une étape historique, porté par une conjoncture favorable et des perspectives économiques solides. Après avoir démontré une résilience impressionnante face aux défis économiques récents, les banques cotées se préparent à franchir un nouveau palier de rentabilité et de croissance. Selon Attijari Global Research (AGR), ces institutions sont prêtes à enregistrer des niveaux record sur plusieurs indicateurs clés entre 2025 et 2026, soutenues par des stratégies optimales et un environnement macroéconomique favorable.

Un nouveau souffle
Dans un contexte de reprise économique, les banques affichent des prévisions de croissance importantes. Le Produit net bancaire (PNB) agrégé des banques cotées devrait continuer de progresser à un rythme soutenu, avec un taux de croissance annuel moyen (TCAM) révisé à +13,5% pour la période 2024E-2026E, contre une prévision initiale de 8,3%.

Cette dynamique est soutenue par plusieurs facteurs, notamment l’accélération des crédits à l’équipement et l’optimisation des ressources, qui renforcent la solidité financière des institutions. «Le secteur bancaire s’apprête à enregistrer des performances record, avec des bénéfices dépassant 22 milliards de dirhams au terme de la période étudiée», soulignent les analystes d’AGR.

Une expansion multisectorielle des crédits bancaires
Les crédits bancaires, moteur de l’activité, continuent d’afficher des croissances notables, avec une progression remarquable, atteignant 1.121 MMDH à fin octobre 2024, en hausse de 3,6% par rapport à l’année précédente. Les crédits à l’équipement, par exemple, ont bondi de 14,2% à fin octobre 2024, après une hausse de 13% en 2023. Cette progression reflète la confiance des entreprises dans l’économie et leur volonté d’investir davantage.

Par ailleurs, la reprise des crédits à l’habitat, prévue dès 2025, représente un signal positif pour le secteur immobilier, dopé par des programmes tels que l’Aide directe au logement. AGR note que cette dynamique s’accompagne d’une diversification accrue des activités de financement, en particulier dans les secteurs clés comme l’immobilier et l’industrie.

En parallèle, la structure des dépôts évolue de manière favorable. Les Ressources à vue (RAV), non rémunérées, atteignent désormais 70% de l’ensemble des dépôts, ce qui contribue à réduire le coût moyen des ressources des banques.

Une gestion prudente du coût du risque
Dans un contexte international marqué par des incertitudes économiques et géopolitiques, les banques abordent la période 2025-2026 avec une gestion prudente du coût du risque.

Selon AGR, cet indicateur, après une phase de normalisation en 2021-2022, poursuit une tendance haussière modérée, atteignant 128 points de base (PBS) au premier semestre 2024, contre une moyenne pré-COVID de 78 PBS.

Cette hausse s’explique par des provisions accrues liées à l’exposition à certains marchés africains et aux tensions macroéconomiques mondiales.

AGR souligne néanmoins que cette gestion proactive permet aux banques de maintenir des niveaux de couverture des créances en souffrance au-dessus de 67%, consolidant ainsi leur solidité financière et leur résilience face aux chocs exogènes. Cette approche équilibrée du risque devrait continuer à garantir une performance robuste tout en préservant la qualité des actifs pour les années à venir.

Une rentabilité en pleine ascension
Les banques affichent désormais une rentabilité financière qui dépasse largement les standards d’avant la crise sanitaire, avec un rendement des fonds propres (ROE) moyen passant de 12,4% au S1-2023 à 14,8% au S1-2024, un niveau nettement supérieur à la moyenne semestrielle de 11,6% observée entre 2017 et 2019, témoignant de la capacité du secteur à optimiser ses coûts tout en bénéficiant d’une forte dynamique commerciale.

ATW Bank se distingue particulièrement avec un ROE de 17,5%, le plus élevé parmi les banques cotées, tandis que BCP et BOA suivent de près avec des ROE respectifs de 13,5% et 14,6%, confirmant leur solidité et leur gestion rigoureuse.

De son côté, CFG Bank, en tant que banque challenger, continue de surprendre avec un ROE de 16,5%, illustrant son potentiel de croissance et sa capacité à se positionner comme un acteur compétitif sur le marché.

Optimisation et digitalisation, Les piliers de la compétitivité
L’une des forces majeures du secteur réside dans sa capacité à maîtriser les coûts tout en augmentant son efficacité opérationnelle. Le coefficient d’exploitation (COEX), indicateur clé de la performance, devrait passer de 47,3% en 2023 à 41,7% en 2026, marquant une baisse cumulée de 5,7 points.

Selon les experts d’AGR, cette amélioration s’explique par l’adoption croissante des technologies digitales par les clients, favorisant une réduction des charges opérationnelles et une meilleure gestion des ressources.

Cette stratégie de rationalisation permet aux banques de réinvestir dans des initiatives innovantes pour maintenir leur compétitivité. Avec des bénéfices en hausse, une valorisation boursière attrayante et une optimisation continue, le secteur bancaire s’apprête à redéfinir ses standards en 2025 et 2026, consolidant ainsi sa place au cœur de l’économie.

Une capitalisation cible de 312 MMDH

Sur le marché boursier, le secteur bancaire affiche une capitalisation cible de 312 MMDH, avec un potentiel d’appréciation de 13% dans les 12 prochains mois. Le Price-to-Earnings Ratio (P/E) prévu à 14 fois en 2026, bien que considéré comme conservateur par AGR, reflète l’attractivité du secteur pour les investisseurs.

En termes de dividendes, certaines banques se démarquent particulièrement. Par exemple, Crédit du Maroc affiche un rendement de dividendes parmi les plus compétitifs, ce qui en fait un choix de prédilection pour les
investisseurs cherchant un retour sur investissement stable.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO