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Partenariat public/privé : L’ONDA veut s’ouvrir davantage au privé

Dans le secteur aéroportuaire, devenu de plus en plus capitalistique, le recours au PPP n’est plus un luxe mais une nécessité. Le ministère des Finances, en concertation avec d’autres départements, identifie les projets éligibles aux PPP.

Le ministère des Finances et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) ont organisé, hier à Rabat, un séminaire d’échange autour des partenariats public-privé (PPP). Une occasion pour le Maroc qui a adopté la loi 86.12, relative aux contrats PPP en 2015 d’apprendre des expériences d’autres pays, surtout la Turquie qui revendique une expérience réussie en la matière. D’entrée de jeu, Marie-Alexandra Veilleux-Laborie, directrice de la BERD au Maroc, n’a pas manqué de souligner que depuis seulement deux ans, les investissements dans les PPP au Maroc connaissent un vrai engouement, notamment pour les infrastructures de haute qualité. «Nous sommes aujourd’hui à Rabat pour partager les expériences ainsi que les possibilités d’apprendre.

Les PPP sont d’une importance capitale dans ce contexte où le développement du Maroc dépend de ses investissements dans des infrastructures de qualité», a souligné la responsable. Abderrahman Semmar, directeur de la DEPP au ministère des Finances, a, pour sa part, expliqué que le recours aux PPP est une aubaine pour renforcer le maillage en matière d’équipement visant à lutter contre les disparités spatiales et à développer davantage la politique des grands chantiers structurants. «Le recours aux PPP permet de profiter de l’innovation et des capacités du privé, de renforcer la compétitivité du pays et créer un équilibre régional», a-t-il expliqué. Et Semmar d’annoncer que le ministère des Finances adopte aujourd’hui une démarche d’identification des projets répondant au critère d’éligibilité aux PPP. S’ajoute à cela, l’avantage d’avoir une commission interministérielle des PPP qui est opérationnelle depuis 2016.

Actuellement, le modèle turc est le plus à même d’intéresser le Maroc, sachant que dans ce pays le gouvernement a même étendu les PPP à des secteurs névralgiques comme l’éducation, la santé, les routes, la culture, etc,. Dans le secteur des aéroports, l’expérience turque est un cas d’école à plus d’un égard. Dans ce sens, Mohamed Zouhair El Oufir, DG de l’Office national des aéroports (ONDA), a expliqué que depuis quatre ans déjà, l’on constate beaucoup d’intérêt de la part des banques et des investisseurs pour les PPP. Justement, le Maroc connaît une grande demande touristique, mais aussi industrielle, qui imposent une augmentation des capacités dans des régions comme Marrakech, Fès et Casablanca. Accompagnant cette dynamique, l’office a investi annuellement 1,5 MMDH durant les dix dernières années. «Aujourd’hui, nous voulons passer à une nouvelle étape, notamment pour des projets capitalistiques à travers les PPP», indique El Oufir. En effet pour les nouveaux projets d’aéroports à Tit Mellil, Casablanca, ou le deuxième projet d’aéroport à Marrakech, l’investissement peut pour certains projets dépasser les 4 MMDH. Pour lever des fonds et accélérer la cadence des réalisations des infrastructures aéroportuaires, le recours aux PPP devient une nécessité. À plus forte raison que les flux de voyageurs adoptent une courbe ascendante.

Selon El Oufir, avec l’aéroport de Fès, l’année 2017 sera bouclée avec 5 aéroports dépassant un million de passagers chacun. Dans cette perspective, Sue Barrett, directrice transport à la BERD, a exprimé la disposition de la banque à accompagner le Maroc en matière de PPP dans le secteur aéroportuaire. Selon elle, le secteur des aéroports est le plus important en matière de PPP et le plus facile pour le gouvernement à introduire le privé. Justement, comme l’a étayé Murat Sogancioglu, membre du conseil IC Holding Turquie, les PPP dans le secteur des aéroports est tellement bien implémenté en Turquie que le gouvernement a lancé la construction de 8 aéroports sans rien débourser. «Aujourd’hui, le gouvernement a confiance dans le privé et commence à faire des concessions de gestion d’aéroport de plus de 25 ans au lieu de 6 auparavant», ajoute-t-il.   


Le PPP, un contrat de confiance

Selon Goker Kose des Aéroports de Paris (ADP), le secteur aéroportuaire connaît une nouvelle évolution avec les pays émergents qui sont à la recherche d’aéroports de qualité et attractifs. Pour lui, les PPP permettent au-delà du partage du risque, un accès facile au financement bancaire ainsi qu’une célérité dans la réalisation. Il a donné l’exemple de l’aéroport de Zagreb, bâti entre 2011 et 2013, qui a nécessité deux ans pour conclure la concession mais qui a ensuite connu une croissance de 36% durant les autres dernières années. Pour sa part, Antoine Goget, directeur de développement à Egis, société de gestion aéroportuaire, le PPP fonctionne quand les intérêts publics et privés convergent. Mais aussi, le PPP doit être un produit sécurisé en ce sens que le projet doit être finançable et livrable. C’est aussi une question d’exploitation et de durabilité. Il faut des PPP qui soient économiquement fiables, ajoute le responsable, à travers un contrat de confiance mutuelle.


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