Éco-Business

Paiement mobile. Le potentiel de l’activité décrypté par Al Barid Bank

La digitalisation a très tôt fait partie de la stratégie de développement d’Al Barid Bank, ce qui donne de l’expertise en la matière à cet organisme. Avec M’hamed Moussaoui, Directeur général adjoint et Membre du directoire d’Al Barid Bank, nous décryptons -en trois questions- les potentialités du segment du paiement mobile du Maroc, mais aussi les potentiels freins à son réelle émergence…

Comment appréhendez-vous l’émergence du paiement mobile au Maroc ?
D’abord, je tiens à rappeler que le paiement mobile a été identifié, dans le cadre de la stratégie nationale de l’inclusion financière, comme levier important et nécessaire pour améliorer l’accès de la population aux services financiers dans notre pays. Les chantiers de transformation digitale engagés ces dernières années par les banques ont permis de développer une offre de services assez riche sur le M-Banking et le E-Banking et d’arriver à un niveau d’utilisation satisfaisant de ces canaux digitaux. L’octroi, depuis 2018, à plusieurs acteurs des agréments pour exercer l’activité d’établissement de paiement, la concrétisation du projet national de paiement mobile avec le démarrage du Switch national du paiement mobile, qui permet l’interopérabilité entre les différents acteurs… Ces actions constituent des prérequis pour le développement et l’émergence du paiement mobile au niveau national. Il y a également d’autres actions importantes en cours de mise en œuvre qui viendront donner un coup d’accélération à cette activité. Je citerai principalement la mise en œuvre de la stratégie nationale d’inclusion financière, qui intègre dans son périmètre plusieurs mesures visant à développer le paiement mobile. Il y a également les chantiers de digitalisation et de dématérialisation des services administratifs, dont le paiement mobile constitue une composante importante.

Les Marocains ne disposent pas tous d’un smartphone. Comment atteindre le plein potentiel de cette solution mobile ?
Pour rappel, le taux de pénétration des téléphones mobiles au Maroc est de 130% (43 millions de mobiles pour une population de 36 millions d’habitants), et la part des smartphones a très rapidement progressé ces dernières années pour dépasser 70%. Avec ces chiffres, le paiement mobile devient un levier important pour développer les paiements électroniques au Maroc et réduire la circulation du cash. Il y a dans ce sens un énorme potentiel à saisir, la nouveauté résidant dans l’utilisation du téléphone comme moyen de paiement électronique entre le client final et le commerçant (BtoC), mais également entre le commerçant et son fournisseur (BtoB). La dématérialisation de l’argent et la possibilité de faire ses achats par paiement mobile vont certainement encourager les clients à se servir du mobile, même pour les micro-paiements, du fait de la gratuité du service.

Quels sont les freins au développement de cette activité aujourd’hui ?
Le paiement mobile s’avère être une vraie opportunité d’inclusion financière. Néanmoins, l’économie nationale reste dominée par le cash, ce qui peut peser sur le développement de cette nouvelle activité. Pour réussir à faire face à cette contrainte structurelle, nous estimons que cela passe obligatoirement par la mobilisation des différents acteurs publics et privés pour réussir la mise en place de la stratégie nationale d’inclusion financière, notamment le volet relatif au développement du paiement mobile. Le développement du paiement mobile au niveau national est un levier et une opportunité pour la réduction de l’économie informelle.



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