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OCDE/Programme-pays Maroc : Le bilan est positif

Signé en juin 2015, le programme pays-Maroc avec l’OCDE vient de prendre fin. Les deux parties se disent satisfaites du travail accompli. Une réunion d’évaluation a été tenue hier par le comité de coordination du programme. Le Maroc tend à un deuxième programme-pays en vue de concrétiser son ambitieux objectif d’adhésion à l’OCDE.

L’heure est au bilan du programme-pays Maroc, un outil offrant une forme de participation structurée et stratégique aux pays non membres de l’OCDE «désireux et capables de s’aligner sur les différentes normes de cette organisation». Les réalisations ont été passées au crible, hier après-midi, par le quatrième comité de coordination du programme, présidé par Saâd Eddine El Othmani et qui réunit les services du chef de gouvernement et le secrétariat des relations mondiales de l’OCDE. Les résultats sont visiblement encourageants pour le Maroc, à entendre le chef de l’exécutif qui espère le renouvellement du programme-pays pour une seconde période. La demande officielle a été déjà adressée à l’OCDE.

El Othmani est on ne peut plus clair quant aux objectifs escomptés par le royaume du futur cadre de partenariat: «Nous visons à travers le second programme-pays atteindre l’objectif d’adhésion à l’OCDE». La concrétisation de cette ambition ( à long terme) ne sera pas de tout repos pour le Maroc car il reste encore de grands efforts à déployer dans plusieurs domaines. Le rapprochement du Maroc de l’Organisation de coopération et de développement économiques lui permet non seulement d’améliorer son image et sa visibilité à l’échelle internationale mais aussi de vaincre les contraintes administratives et pouvoir mettre en place les meilleures normes en matière de politiques publiques.

En effet, le processus d’adhésion peut, en lui-même, servir de catalyseur à des réformes stratégiques et favoriser la réalisation des objectifs sur le plan national. Le Maroc doit s’atteler sur les problématiques qui persistent toujours, en dépit des efforts déployés, comme celle ayant trait à la nécessité d’atteindre la convergence des politiques publiques, comme le recommande, d’ailleurs, l’OCDE. Le royaume a entrepris des réformes pour s’arrimer aux standards et a fait le choix d’adhérer à un certain nombre de normes. L’étroite collaboration avec l’OCDE lui permet de bénéficier des retombées positives de ses différents outils dont l’amélioration de la visibilité auprès des pays avancés grâce à la production des différents rapports ayant trait à des secteurs clés. S’ajoute à cela l’importance de s’inspirer de la manière dont les normes sont produites au sein des comités et leurs avantages sur le développement. L’échange des expériences et des bonnes pratiques n’est pas en reste. Le plus important pour le Maroc est le volet du renforcement des compétences pour l’implémentation des réglementations et des normes sur le terrain.

Le Maroc, rappelons-le, est l’une des trois économies partenaires – aux côtés du Kazakhstan et du Pérou – à bénéficier d’un programme-pays. Ce cadre de partenariat inclut une quinzaine d’études et séminaires avec des recommandations, l’adhésion à neuf instruments juridiques de l’OCDE et la participation renforcée à neuf comités de l’OCDE. Le programme qui vient de prendre fin est construit autour de trois principaux piliers : croissance et compétitivité économiques, inclusion sociale et gouvernance publique. Les activités ont mis l’accent sur la mise en œuvre des recommandations et le renforcement des capacités, qui servent pour soutenir le processus de réformes au Maroc. Nombre de dossiers ont été passés au peigne fin par les experts et les responsables concernés. Il s’agit notamment de l’évaluation des politiques et des pratiques en vigueur pour garantir l’intégrité et combattre la corruption, l’évaluation de la gouvernance des risques, l’examen de la politique du gouvernement numérique, l’évaluation de la performance du système éducatif, le dialogue territorial, le développement de la compétitivité et de l’innovation des entreprises touristiques…


Andres Schaal
Directeur des relations mondiales de l’OCDE

«On passe à la deuxième étape»

Les Inspirations ÉCO : Trois ans après son lancement, quelle évaluation faites-vous du programme-pays Maroc ?   
Andres Schaal: Le programme pays est pour l’OCDE une expérience de succès qui montre déjà ses résultats dans un grand nombre de domaines importants pour le développement du Maroc. Le Maroc est le seul pays de la région MENA, et même de l’ensemble du continent africain à bénéficier d’un tel programme, ce qui témoigne de la relation solide et fructueuse qui unit le Maroc et l’OCDE. Les activités du programme ont été conçues pour soutenir des réformes économiques et sociales stratégiques et prioritaires pour le Maroc. Il est clair que le programme a permis d’obtenir un grand nombre d’avancées concrètes et de rapprocher sensiblement le Maroc d’un certain nombre de pratiques et de normes de l’OCDE, dans de nombreux domaines. Tout d’abord, plusieurs projets ont permis de renforcer les capacités statistiques du Maroc, afin de fournir des données et des indicateurs factuels pour concevoir des politiques publiques les plus précises et adaptées possibles. Tous ont également pris soin d’intégrer des considérations territoriales et participatives, afin d’encourager le développement de politiques publiques inclusives. Enfin, en s’appuyant sur le réseau d’experts internationaux de l’OCDE, de nombreuses activités ont permis de partager de bonnes pratiques internationales et d’encourager l’apprentissage par les pairs. Nous pensons que le programme permet, de manière plus globale, de renforcer l’articulation et l’harmonisation des politiques publiques.  

Une seconde phase est-elle envisagée pour accompagner le Maroc dans la mise en œuvre de certaines recommandations ?
Des discussions sont effectivement en cours afin de renouveler le Programme-pays pour une seconde phase. Le Secrétaire général de l’OCDE s’est réjoui de recevoir une demande officielle en ce sens de la part du Chef du Gouvernement. Cela témoigne d’une confiance renouvelée envers le laboratoire d’expertise que représente l’OCDE. Un tel renouvellement permettra de continuer à enrichir notre relation, ainsi que d’assurer la mise en œuvre effective des recommandations produites lors de la première phase du Programme-pays, afin d’en maximiser l’impact sur les politiques publiques. La mise en œuvre est en effet au cœur des préoccupations de l’OCDE, afin d’éviter un phénomène d’empilement des stratégies et d’assurer la pérennité de réformes dont les effets doivent être ressentis par les citoyens. La seconde phase du Programme-pays sera donc utile de ce point de vue, et permettra au Maroc de converger vers les standards internationaux les plus exigeants dans des domaines essentiels comme la transparence fiscale et financière, la lutte contre la corruption ou encore l’égalité homme-femme.  

Le Maroc a entrepris des réformes pour s’arrimer à certains standards de l’OCDE et a fait le choix d’adhérer à quelques normes. Qu’en pensez-vous et comment évaluez-vous le rythme d’action en la matière ?
L’OCDE est un créateur et un gardien de normes et de standards. Si certains instruments font autorité et sont juridiquement contraignants, la plupart de ces outils permettent une mise en conformité avec des normes internationalement reconnues sur des bases volontaires. Ils permettent aux signataires, et c’est peut-être le plus important, de se nourrir des expériences d’autres pays et d’échanger sur les défis rencontrés dans la mise en œuvre de réformes. Ils constituent un corpus de bonnes pratiques, de normes et de valeurs communément partagées et reconnues par leurs adhérents, ce qui leur donne une grande force morale. Les standards internationaux ne sont pas des normes imposées de l’extérieur, ils sont au contraire une incitation et une garantie pour s’assurer que les politiques publiques bénéficient aux citoyens. Nous sommes très heureux de compter le Maroc comme pays signataire de certains de ces textes, notamment en matière de bonne gouvernance, d’inclusion sociale ou de nouvelles technologies. Outre la diffusion des idées contenues dans ces textes auprès des décideurs publics et des administrations, nous encourageons le Maroc à continuer de se rapprocher des normes et instruments juridiques de l’OCDE dans d’autres domaines de politiques publiques essentielles pour le pays, tels que la transparence fiscale ou la lutte contre la corruption. Nous pensons que cela peut représenter un pas important en faveur d’une gouvernance efficace et durable, alignée sur les exigences internationales. La transparence fiscale est un cas de figure notable. En effet, déjà plus d’une centaine de pays et de juridictions ont adhéré au cadre inclusif proposé par l’OCDE garantissant une lutte efficace contre l’évasion fiscale. Seule une action concertée entre les pays peut limiter les effets dévastateurs de l’érosion de la base fiscale des Etats, en particulier sur la qualité de l’offre de services publics. Nous espérons vivement que le Maroc rejoindra bientôt ce mouvement mondial fédéré par l’OCDE.  

L’OCDE étant une autorité mondiale en matière de politiques d’éducation, comment votre organisation évalue-t-elle la situation au Maroc ?
Nous saluons tout d’abord le courage et la détermination du Maroc pour placer l’éducation au cœur de de notre collaboration : c’est le levier d’avenir le plus important, qui permettra aux jeunes filles et jeunes garçons marocains de relever les défis du futur. Le Maroc a réussi, depuis une vingtaine d’années, à généraliser l’accès à l’enseignement primaire, mais de grandes lacunes demeurent en ce qui concerne la qualité des apprentissages des élèves. Les études internationales ont montré que les niveaux d’apprentissages au Maroc sont encore sous-optimaux. Ces lacunes commencent dès les premières années du primaire et vont en s’amplifiant, menant à un très fort taux de décrochage scolaire. Environ un tiers des élèves quitte l’école avant l’âge de 15 ans sans avoir acquis les compétences nécessaires à une participation active dans la vie économique et sociale du pays. L’examen de l’OCDE du cadre d’évaluation de l’éducation au Maroc s’est penché sur les politiques et les pratiques d’évaluation des élèves, des enseignants, des écoles et du système éducatif et leur rôle dans l’amélioration des apprentissages des élèves. Le Maroc a besoin de développer un cadre d’évaluation cohérent mettant l’accent sur l’amélioration des apprentissages des élèves et responsabilisant l’ensemble des acteurs du système éducatif autour de cet objectif. Le rapport final de l’examen sera publié le 20 juillet prochain lors du lancement officiel organisé par le Ministère de l’Éducation Nationale. Nous invitons l’ensemble de la société marocaine à se saisir de nos conclusions pour alimenter la réflexion nationale sur l’avenir de l’éducation dans le Royaume.

Le Maroc a l’ambition de rejoindre le rang des économies émergentes. Quelles sont les pistes, à votre avis, pour atteindre cet objectif et rattraper le retard accusé dans certains domaines?
Le développement du Maroc devra s’appuyer sur des politiques inclusives, basées sur le dialogue et un engagement fort en faveur d’un développement durable et démocratique. Ces efforts s’inscrivent dans un cadre contextuel global : celui de la coopération internationale et multilatérale. Nous sommes à un moment critique non seulement pour l’avenir du multilatéralisme, mais aussi pour la planète elle-même. Ce multilatéralisme doit être préservé, car c’est la seule voie qui permette de répondre à des défis de nature mondiale, qui ne connaissent pas les frontières. Dans des domaines aussi divers que la fiscalité, les Objectifs de Développement Durables, le changement climatique, l’éducation, la croissance inclusive, l’OCDE a contribué à la mise en place d’instruments et d’initiatives qui ont permis aux pays d’obtenir des résultats concrets en termes de collecte de recettes, d’amélioration des compétences, de la qualité et de la durabilité de la croissance. La démarche du Maroc, qui vise à s’engager pleinement en faveur du développement d’approches collégiales et d’adoption de normes partagées, répond ainsi pleinement à cette exigence. Cet engagement courageux va dans la bonne direction, mais doit s’accompagner de mesures fortes pour renforcer l’inclusion sociale, sans craindre de s’ouvrir à tous les acteurs de la société. Les femmes et les jeunes doivent y trouver toute leur place.


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