Éco-Business

Moulay Mustapha El Oudghiri : “Le métier de concessionnaire automobile mériterait d’être mieux réglementé”

Moulay Mustapha El Oudghiri.
PDG de la NCRA (concessionnaire du Groupe Renault Maroc)

Pouvez-vous nous raconter un peu votre expérience professionnelle ?
À la base, de formation en mécanique, j’ai suivi un cursus universitaire sanctionné par un diplôme d’ingénieur de l’Université de Nancy en 1970, ce qui me prédisposait à entamer une carrière dans une filière industrielle. C’est ainsi que j’ai pu rejoindre la Somaca et y travailler de 1970 à 1973 en qualité de chef de service dans la direction de la Production. Conforté par cette expérience réussie, j’ai décidé de me projeter vers le métier de concessionnaire automobile, qui englobe l’activité commerciale, le service après-vente et tout ce qui s’en suit. Ce choix a été figé en 1974 et, depuis, je suis concessionnaire de Renault à Marrakech jusqu’à ce jour. Nous étions installés dans un local de 1.000 m2 en plein centre-ville, au quartier Guéliz. En 1984, animée par un esprit d’anticipation, une décision hasardeuse mais courageuse nous a amenés à nous installer dans ces locaux, sis kilomètre 9 du centre-ville. À l’époque, nous étions en dehors du circuit urbain et même dans le seul bâtiment quasiment en rase campagne. L’idée était de faire comme en France où la plupart des showrooms étaient en dehors des villes. Au départ, et pendant une bonne quinzaine d’années, nous avions souffert de cet emplacement excentré qui a pourtant été le prélude d’une extension urbanistique et économique dans cette zone, si bien que la NCRA, «Maison Renault», est devenue un repère. Après quelques années, cette extension s’est développée de façon exponentielle, notamment par l’implantation d’enseignes comme Marjane, McDonald’s, Kitea et autres. Aujourd’hui, nous sommes pratiquement au cœur de Marrakech et, en termes d’investissements, ce sont plus de 200 MDH que nous avons consentis depuis 1984 pour construire la NCRA et en faire ce qu’elle est aujourd’hui.

Justement, comment se porte la NCRA actuellement ?
Malgré l’ouvertures de nouvelles concessions ou succursales d’autres marques, la NCRA reste leader à Marrakech tant au niveau des ventes de voitures neuves qu’en matière de service après-vente. Avec plus de 40% de part de marché dans la région, la NCRA enregistre des taux de pénétration en adéquation avec ceux du groupe Renault à l’échelon national avec un positionnement de Dacia et Renault comme 1re et 2e marques les plus vendues. Jusqu’à fin février, nous étions en phase avec les objectifs de notre partenaire, le Groupe Renault, mais dès la mi-mars, tout a basculé. Il faut savoir que la première ville du Maroc ayant été le plus impactée par la Covid-19 est bel et bien Marrakech. Jusqu’en juin, toutes les activités touristiques et économiques y étaient arrêtées et cela continue. Malgré tout cela, nous avons assuré une permanence surtout au niveau du service après-vente (SAV) pour répondre aux besoins de nos clients particuliers, mais aussi des professionnels et bien évidemment de l’Administration. Aujourd’hui, selon nos projections, nous espérons terminer l’année 2020 avec un repli d’environ 30 à 35% par rapport à 2019. Contrairement à d’autres villes où l’activité économique a repris à hauteur de 80%, Marrakech est encore loin derrière et reste freinée par le ralentissement de l’activité touristique, dont sont tributaires plusieurs métiers à savoir les hôteliers, les restaurateurs, les transporteurs, les loueurs, les artisans et les commerçants.

Quels sont les problèmes auxquels peut être confronté un concessionnaire automobile au Maroc ?
Aujourd’hui, le métier de concessionnaire automobile n’est pas suffisamment encadré sur le plan juridique, du fait de l’absence d’une réglementation régissant cette activité, ce qui ne protège pas le concessionnaire d’une situation de déséquilibre entre autres. Le concessionnaire, qui travaille à ses risques et périls, est appelé à répondre impérativement à toutes les exigences du constructeur tant au niveau des structures qu’en matière de normes métier qui lui sont spécifiques. Le contrat de concession n’existe pas en tant que tel dans la législation marocaine alors que c’est l’une des activités de distribution les plus importantes. Pensez que des dizaines d’entreprises, des milliers de salariés, des milliards de dirhams sont régis par un texte général, le même que celui régissant la relation entre un vendeur de chaussures et un client lambda. Or, il faut admettre que, sans l’implication des entrepreneurs privés que sont les «concessionnaires», le secteur de l’automobile ne se serait pas aussi développé. L’apport des concessionnaires est incontestable, sans compter l’impact économique sur la création d’emplois et de valeur ajoutée. Le métier de concessionnaire automobile mériterait d’être mieux réglementé. J’en profite aussi pour parler d’une grande expérience vécue depuis 1998, année où j’ai été investi par mes collègues concessionnaire pour présider l’Amicale des Concessionnaires de Renault Maroc. Ce groupement a constitué un outil complémentaire de travail aux côtés du concédant et a énergiquement contribué à l’instauration d’un cadre contractuel de partenariat mieux structuré. Cela dit, et en ce qui concerne notre affaire, force est de reconnaître que notre relation avec Renault Commerce Maroc (malgré les quelques contrariétés de routine) revêt un caractère très particulier basé sur le respect respectif de nos intérêts réciproques et animé par une synergie positive. C’est aussi l’occasion de reconnaître que, durant cette période de crise, il y avait un soutien mutuel et permanent entre notre partenaire RCM et l’ensemble du réseau de concessionnaires.

Envisagez-vous de prochaines ouvertures dans Marrakech ou ses environs ?
Nous venons d’ouvrir une nouvelle succursale de 4.000 m2 à El Kelâa des Sraghna qui est opérationnelle et dont l’inauguration a été reportée à cause du Covid-19. Pour renforcer notre politique de proximité, nous réfléchissons à des investissements dans d’autres zones de la ville pour y implanter des points de SAV. En pratiquant ce métier depuis plus de quatre décennies, nous avons appris à anticiper la demande et à jauger les localités qui ont du potentiel pour veiller à la proximité, mais surtout à la satisfaction du client. 

Jalil Bennani / Les Inspirations Éco Auto



PLF 2025 : place au second round


Recevez les actualités économiques récentes sur votre WhatsApp Suivez les dernières actualités de LESECO.ma sur Google Actualités

Rejoignez LesEco.ma et recevez nos newsletters




Bouton retour en haut de la page