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Monétique: “Le Maroc est un marché prioritaire pour Visa”

Pour sa première sortie médiatique, Leila Serhan détaille sa feuille de route visant à assurer le développement de Visa au Maroc et en Afrique du Nord.

Elle livre également ses appréciations sur la croissance du secteur de la monétique et du paiement numérique dans le marché local. 

Vous avez été nommée GM de Visa. Quelle est votre feuille de route pour assurer la croissance de l’entreprise en Afrique du Nord et, surtout, au Maroc ?

Au cours des deux dernières années, nous avons vu comment la pandémie a servi de catalyseur à la transformation numérique.

Les entreprises de toutes tailles ont dû s’adapter, d’une manière ou d’une autre, pour s’assurer qu’elles répondent à l’évolution croissante vers les paiements numériques et sans contact, ainsi que vers le commerce électronique.

Au Maroc et dans toute l’Afrique du Nord, les innovateurs et les fintechs sont au centre de ce changement, construisant les outils et les ressources nécessaires pour accélérer la croissance de paiements numériques rapides, sécurisés et fiables.

Visa, qui est au cœur de ce mouvement, collabore étroitement avec ses partenaires pour développer son activité et multiplier les opportunités de croissance économique et sociale pour la majorité des habitants de la région.

Quel bilan de la présence de Visa au Maroc, à date d’aujourd’hui ?

Le Maroc est un marché prioritaire pour Visa, et nous investissons sur plusieurs fronts. Nous constatons des développements positifs dans les domaines des produits et de la technologie, de l’acceptation ainsi que du marketing et des communications. Nos solutions de paiement sont très appréciées par les Marocains.

Quelle que soit la catégorie d’âge, un tiers des hommes et des femmes marocains effectuent, désormais fréquemment, des achats en ligne.

Même avec la reprise des voyages (qui a augmenté les dépenses en face to face), les volumes de commerce électronique ont augmenté de 18,8% à 20,9% en un an. Visa travaille constamment avec le CMI et d’autres partenaires pour augmenter encore la pénétration du commerce électronique.

Comment jugez-vous l’activité de paiement au Maroc ? Quelle comparaison avec les autres pays de la région ?

Par rapport aux autres pays d’Afrique du Nord, le Maroc bénéficie d’une infrastructure de télécommunications de bonne qualité et d’un taux de pénétration de 137,5%, ce qui en fait l’un des plus matures de la région, selon l’International Trade Administration.

Il dispose d’un système bancaire bien structuré et d’une population jeune qui maîtrise les nouvelles technologies. L’activité de paiement numérique est donc bien développée au Maroc, par rapport à la région.

Les dépenses privées de consommation (PCE) se sont élevées, au cours des 12 derniers mois, à 85 milliards de dollars (selon le CEIC), avec une pénétration croissante des cartes (+6 %).

De plus, la pénétration des cartes sans contact a dépassé les 25% et est en constante augmentation, devançant la plupart des marchés d’Afrique du Nord, du Levant et du Pakistan (données Visa). Tout cela constitue un marché solide avec un fort potentiel de croissance pour les paiements numériques.

Quels sont, selon vous, les facteurs de blocage de la croissance de ce secteur au Maroc ?

Bien que l’acceptation s’améliore progressivement dans les différents segments de commerçants, les petits commerçants n’acceptent encore majoritairement que l’argent liquide, et l’acceptation en dehors des grandes villes est faible.

Les Marocains utilisent en général les cartes bancaires davantage pour les retraits que pour les paiements. Le volume des paiements représentait 12% du volume total des cartes en 2021, avec une tendance lentement croissante.

Quelles sont les innovations lancées par Visa sur le marché marocain et qu’en est-il de leur importance pour le marché ?

Notre stratégie de réseau de réseaux (network of networks) consiste à déplacer l’argent de tous les points d’extrémité vers tous les facteurs de forme, ce qui nous permet de fournir des solutions de bout en bout en utilisant tous les réseaux disponibles pour optimiser la vitesse, la sécurité et le prix des transactions pour les consommateurs, les entreprises et les gouvernements.

Cette stratégie génère de nouvelles opportunités de paiement pour les consommateurs et les entreprises du pays en facilitant les paiements de personne à personne, d’entreprise à consommateur, de B2B, de gouvernement à entreprise et de gouvernement à citoyen, en accélérant l’inclusion financière et en contribuant de manière significative à la fluidité des transactions commerciales.

Nous adaptons toujours notre approche aux tendances numériques émergentes, et travaillons avec les secteurs public et privé pour offrir des solutions de paiements numériques sûres et pratiques, telles que le commerce électronique sans friction, les paiements sans contact, Visa on Mobile et Mobile Point-of-Sale.

Visa s’associe également de manière proactive avec des fintechs, des néo-banques et des portefeuilles afin de permettre de nouvelles expériences de paiement et d’atteindre les personnes mal desservies.

Nous nous efforçons de permettre une acceptation plus simple et plus facile grâce à des partenariats avec des non-FI afin d’accélérer la croissance de l’acceptation des PME et d’étendre la technologie pour une connectivité omnicanale de bout en bout.

Cela comprend l’exploitation de la forte dynamique de CyberSource en établissant des partenariats avec 17 PayFacs en Afrique qui traitent 30 à 40 % de tous les volumes des commerçants. Nous cherchons également à stimuler l’engagement en établissant des liens avec les titulaires de cartes, en favorisant l’innovation et en créant des solutions personnalisées, comme l’expansion de Tap-to-Pay et l’introduction d’innovations Tap-to-Phone.

Visa a lancé «She’s Next», une initiative mondiale pour mettre en lumière les femmes et leurs efforts pour financer, gérer et développer leurs petites entreprises, quel bilan pour le Maroc ?

Au Maroc, comme ailleurs dans le monde, les femmes qui possèdent et gèrent des entreprises sont souvent confrontées à toute une série de défis, notamment la difficulté d’accéder à des capitaux et à des réseaux de pairs, en plus des pressions sociétales de toutes sortes.

74% des femmes utilisent leur propre épargne comme source de financement pour démarrer leur entreprise, suivies de 35% qui ont recours au prêt. Cela signifie que deux tiers des femmes qui souhaitent créer leur entreprise doivent compter sur leur propre épargne pour pouvoir le faire.

Plus de 70% des femmes ont admis que leur première motivation pour lancer une entreprise et devenir entrepreneur est l’indépendance financière. Consciente de ce fait, et profondément engagée dans l’autonomisation économique des femmes entrepreneures et chefs d’entreprise, Visa a lancé son initiative mondiale «She’s Next» pour la première fois au Maroc.

Le programme a pour but d’aider à éliminer les obstacles disproportionnés auxquels sont confrontées les femmes qui créent des entreprises. Visa s’associe à IFundWomen et à la Société Générale Maroc pour offrir à cinq entreprises gagnantes au Maroc des subventions de 10.000 USD chacune, ainsi qu’un abonnement de coaching d’un an.

Concrètement, comment Visa accompagne les femmes entrepreneures du Maroc ?

Les préoccupations majeures, aujourd’hui, pour les femmes entrepreneures au Maroc, sont qu’elles veulent fixer des objectifs de rentabilité pour leur entreprise, mais aussi développer des stratégies plus fortes, en plus d’être résilientes face à toutes sortes de crises.

Visa continue de soutenir ces femmes entrepreneures en leur proposant une offre globale et complète telle que «She’s Next» qui comprend le financement, la mise en réseau et le mentorat. L’initiative «She’s Next» représente une opportunité pour les femmes entrepreneures marocaines d’exprimer tout leur potentiel.

Qu’en est-il de vos perspectives de croissance pour le marché marocain et nord-africain ?

Nous continuerons à nous associer avec le gouvernement, les émetteurs, le CMI (principal acquéreur), les fintechs, les MNO, les autorités de transit et d’autres facilitateurs clés pour réaliser l’inclusion financière grâce à des solutions innovantes, tout en nous concentrant sur la croissance de l’acceptation et le développement du commerce électronique pour étendre notre empreinte et notre pénétration.

Dans un avenir proche, nous introduirons et développerons l’émission de cartes de crédit, tout en travaillant constamment sur des initiatives de «premiumisation» et d’activation pour convertir les espèces en points de vente avec les portefeuilles de clients existants, en nous efforçant d’atteindre une économie sans espèces grâce à la transformation numérique.


En 2 ans, le contactless est passé de 10% à 25% au Maroc

Les changements survenus en raison de la crise sanitaire ont démontré le rôle essentiel que les paiements numériques, notamment les paiements sans contact, peuvent jouer pour accélérer la croissance économique et, plus largement, pour aider les particuliers et les entreprises à continuer à prospérer.

Il faut dire que les transactions sans contact sont devenues plus populaires parmi les Marocains pendant la pandémie, passant de 10% à 25% en 2 ans.

«Le Maroc a répondu très favorablement à ce mode de paiement, et Visa continue de travailler en étroite collaboration avec ses partenaires pour faire profiter le plus grand nombre des avantages du sans contact, notamment en étendant la limite d’achat pour les consommateurs», note notre interlocutrice.

La technologie sans contact offre le moyen de payer le plus rapide, le plus pratique et le plus sûr tant pour les consommateurs que pour les commerçants.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO


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