Éco-BusinessTable ronde

Moderniser le secteur touristique : qu’est-ce que le programme Cap Hospitality?

Le Cercle des ÉCO a organisé le 7 novembre une table ronde sous le thème de «Cap Hospitality, une opportunité pour moderniser le secteur touristique». Y ont participé Hind Driouech, directrice exécutive en charge du Marché de l’Entreprise d’Attijariwafa bank, Imad Barrakad, directeur général de la Société marocaine d’ingénierie touristique (SMIT), et Salma Bellamine, directrice exécutive du Fonds Mohammed VI pour l’Investissement. La rencontre était modérée par Meriem Allam, directrice de la publication du journal Les Inspirations ÉCO.

Selon les explications de Salma Bellamine du Fonds Mohammed VI pour l’investissement , «le programme Cap Hospitality a été conçu pour booster et encourager les établissements hôteliers à se mettre à jour, en perspective des grands évènements que le Maroc s’apprête à accueillir.

Il s’agit de mettre en place un produit financier qui puisse encourager les entreprises à y souscrire pour rénover leurs hôtels. En un mot, Cap Hospitality consiste en un crédit qui peut atteindre un montant de 100 millions de dirhams et pour lequel l’État rembourse, sur une base trimestrielle, l’intégralité des intérêts.

L’établissement hôtelier n’a à prendre en charge que le principal». Il est destiné à un certain nombre d’entreprises éligibles. L’intérêt principal du produit est d’aider les hôteliers à souscrire à ce crédit pour rénover leur hôtel de manière assez rapide, avec un process le plus fluidifié possible. À la condition que ce remboursement se fasse de manière régulière, l’État remboursera donc trimestriellement le montant des intérêts qui aura été payé par cette entreprise.

Une véritable locomotive de croissance
Hind Driouech, d’Attijariwafa bank, tient à positionner le produit dans son contexte. Le secteur hôtelier est une véritable locomotive de croissance. Elle tire toute l’économie du pays de manière structurelle, par sa contribution au niveau du PIB national et par le nombre d’emplois qui sont créés, de manière directe et indirecte.

«C’est un programme qui vient à point nommé, puisque tout le pays est en train de se préparer à l’organisation de deux échéances sportives très importantes : la Coupe d’Afrique 2025 et la Coupe du Monde 2030 de football. Il faut rendre hommage à ce secteur qui a traversé avec beaucoup de résilience les défis complexes d’une crise qui n’est pas très loin derrière nous : il a su résister, se développer et innover pour revenir à un niveau d’avant la covid».

Cap Hospitality est un programme inédit, aux conditions particulièrement intéressantes, qui offre une réelle opportunité pour accompagner l’ensemble du secteur dans sa rénovation, afin qu’il soit aux standards internationaux et puisse abriter tous ceux qui vont venir assister aux deux rencontres sportives.

Un mécanisme innovant
Imad Barrakad, complète le propos : «Les hôteliers aujourd’hui sont le principal moteur de cet appareil de production qu’est le tourisme. Ils produisent de la valeur et recrutent des gens. Ils sont là aussi pour pérenniser cette activité et la rendre plus durable.

À la sortie de la covid, les fonds propres des hôteliers en avaient pris un coup». Le gouvernement avait déjà anticipé, en mettant en place une mesure d’encouragement et d’aide. Mais ce n’était pas suffisant parce que les hôtels sont restés vides, même si certains ont travaillé pendant la covid, avec des clients qui n’étaient pas des touristes normaux. Mais il fallait rénover ces hôtels. Il y a à peu près 300.000 lits au Maroc et le tiers devait être rénové. Il fallait penser à un mécanisme demandant moins de fonds propres.

«Ce mécanisme est innovant par la maturité qu’il offre. Cette maturité a été allongée par la possibilité d’avoir deux ans de sursis, si l’on peut dire, mais aussi par la prise en charge des intérêts par l’État. Pour la SMIT, c’est essentiellement une mesure de maintien des emplois». C’est ce qui permet aujourd’hui d’encourager les hôteliers à s’inscrire dans la qualité de service et de l’offre de manière très importante.

Le directeur général de la SMIT continue : «Je pense qu’aujourd’hui nous sommes tous mobilisés. Les hôteliers s’inscrivent également dans cette orientation stratégique du pays portée par notre Souverain et par les autres autorités du Royaume. Et donc c’est dans ce cadre-là qu’aujourd’hui un travail de convergence a été fait avec le secteur bancaire, avec l’aide du Fonds Mohammed VI, qui catalyse cette initiative et qui est un partenaire de taille pour l’encouragement à l’investissement».

Un partenariat en concertation avec le terrain
«Une caravane a sillonné le pays pour expliquer le fonctionnement, dans le détail, de ce mécanisme, comment s’y inscrire. Ce travail de fond a permis de recueillir les remarques des uns et des autres, pour pouvoir corriger, aider et conseiller. Beaucoup se demandaient si cela ne concernait que la rénovation, si les hôtels fermés y avaient droit, si l’initiative couvrait les projets d’extension… La réponse est oui. Le mécanisme, tel qu’il a été pensé, est global et intégré», explique Imad Barrakad.

Les questions ont aussi amené les acteurs à préciser comment un dossier déposé sera traité par la banque. L’importance du secteur ressort de ces expériences. Il réalise de bonnes performances et attire de nouveaux investisseurs, qui peuvent éventuellement vouloir reprendre un établissement fermé. Une unité mal entretenue tire vers le bas toute la destination, tout le Maroc. C’est pourquoi il importe de leur offrir, comme aux touristes, un produit conforme à leurs exigences.

Hind Driouech rappelle pour sa part que la caravane a été organisée dans une démarche proactive, qui a complété un évènement national qui s’était tenu à Casablanca avec la présence d’une centaine d’opérateurs touristiques. «Il s’agit d’un partenariat public-privé pour accompagner au plus près, qui se fait dans la concertation depuis ses origines. Dans une démarche de vouloir mieux faire, nous sommes allés vers les opérateurs, là où ils sont, suscitant un engouement très fort. Dans chaque ville, ce n’était pas moins de 60 à 70 opérateurs qui venaient. Des réunions de 1 h 30 devenaient des réunions de 2 h 30. Cette table ronde est d’ailleurs un moyen d’apporter des informations à ceux qui n’ont pu se déplacer».

Murtada Calamy / Les Inspirations ÉCO



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