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Mission du FMI au Maroc : Comment rendre une croissance inclusive

Pour le chef de la mission, la croissance est certes importante, mais il revient à l’État de mener des politiques volontaristes pour l’emploi. Mise en garde contre les risques d’expansion des banques en Afrique subsaharienne et les mesures à prendre pour les limiter.

À la fin de leur mission au Maroc, qui a duré deux semaines, les services du FMI ont conclu sur une note positive, comme c’est souvent le cas, ces dernières années. Bien que le déplacement des experts économiques de l’institution financière mondiale ait coïncidé avec l’absence d’un gouvernement, leur évaluation n’en a pas souffert, outre mesure. «Nous nous basons sur ce que l’on sait déjà et nous sommes confiants que le prochain gouvernement continuera de mettre en œuvre les réformes essentielles», a expliqué Nicolas Blancher, répondant à une question des Inspirations ÉCO.

Les fondamentaux de l’économie marocaine sont donc bons. Quant à la ligne de précaution et de liquidité (LPL), reconduite en juillet dernier pour un montant de 3,47 milliards de dollars, elle joue le rôle de bouclier contre les éventuels chocs extérieurs. Pour Blancher, les indicateurs de respect des engagements marocains au titre de la LPL sont satisfaisants. Il faut savoir que le gouvernement n’a jamais été obligé d’y avoir recours, pour la simple raison qu’il y a suffisamment de coussins en interne. Quant au débat sur sa raison d’être et son coût, le responsable fmiste a expliqué que le coût de la LPL ne devient réel que si elle est déboursée. Quant au coût de son maintien, il reste infime, ajoute-t-il.

Une croissance à 4,4%
Sujet récurrent dans les missions du FMI, le passage à un taux de change flexible. Les experts du fonds préconisent, à chacune de leurs sorties, de mettre en œuvre cette réforme susceptible, explique-t-on, de maintenir la compétitivité du Maroc. «Le Maroc est dans une position de force. Il n’y a pas de risque à long terme concernant le passage à un taux de change flexible», déduit Blancher. Rappelons à ce sujet que le wali de Bank Al-Maghrib avait annoncé qu’un passage graduel vers la flexibilité n’est pas envisageable avant 2017. Concernant le taux de croissance en 2016, il devra se situer entre 1,5 et 2%, en raison d’une mauvaise campagne céréalière et de la relative faiblesse de l’activité non-agricole. Heureusement que l’afflux d’investissements étrangers contribue au maintien des réserves internationales à 6,8 mois d’importation.

Pour 2017, la croissance devrait s’accélérer autour de 4,4%, selon le FMI, grâce à la reprise agricole et à une meilleure performance des activités non-agricoles. Elle devrait se stabiliser autour de 4,5% à moyen terme, sur la base de la mise en œuvre des réformes en cours. Cependant, les risques liés à la croissance dans les pays avancés et émergents, aux prix mondiaux de l’énergie, aux tensions géopolitiques dans la région, et à la volatilité sur les marchés financiers mondiaux, demeurent importants. La mission a mis surtout l’accent sur les facteurs exogènes, étant donné qu’en interne les facteurs sont plutôt bénéfiques. Mais reste à croire qu’une croissance à 4,5% est inclusive.

Pour Blancher, le rôle de l’État reste prépondérant pour réduire le chômage. Dans ce sens il préconise plus de réformes fiscales afin d’avoir une meilleure marge de manœuvre budgétaire à même de réaliser l’inclusivité de la croissance. Toutefois, malgré un potentiel énorme dans le tourisme et l’industrie, cette dynamique n’entraîne pas encore les PME qui sont les plus susceptibles de créer l’emploi, regrette le responsable.

Risques des banques en Afrique
Sans surprise, le rapport de la mission du FMI en est venu à la conclusion que le secteur financier marocain est bien capitalisé, et les risques pesant sur la stabilité financière demeurent limités. Certes, admet le rapport, les créances en souffrance ont augmenté, mais elles sont bien provisionnées. Il conviendrait par ailleurs, de continuer à réduire la concentration des crédits et à accorder une attention particulière aux risques associés à l’expansion des banques marocaines en Afrique. À cet égard, le renforcement du contrôle bancaire et de la collaboration transfrontalière est bienvenu, explique-t-on. Dans ce sens, la mission continue de souscrire aux efforts pour accroître l’accès au crédit, en particulier pour les petites et moyennes entreprises. Enfin, la mission recommande l’adoption rapide de la nouvelle loi portant sur les statuts de la Banque centrale, qui renforcera son indépendance et son rôle en matière de stabilité financière.


L’éducation et l’absence de la discipline budgétaire
Le FMI n’a pas été insensible à la crise que l’éducation au Maroc connaît. Sur la base d’un diagnostic partagée entre l’institution financière mondiale et le gouvernement, le verdict est sans appel. Selon Nicolas Blancher, chef de la mission du FMI au Maroc, le Maroc engage des investissements importants dans le secteur éducatif sans résultats probants. Sans tourner autour du pot, il en est arrivé au constat que l’efficacité de la dépense publique dans ce domaine laisse à désirer. Pour changer la donne, Blancher recommande d’appliquer une discipline budgétaire à même de rationaliser et cibler les dépenses.



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