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Microcrédits : Le jeu en vaut-il la chandelle ?

Selon une étude d’ATTAC Maroc, les crédits ne permettent pas à 75,5% des bénéficiaires d’atteindre leurs objectifs. Cet échec est imputé, selon 52,4% des personnes sondées, aux organismes de microcrédit. 

L’étude de terrain publiée récemment par ATTAC Maroc sur les microcrédits regorge d’informations pertinentes. En effet, cette étude, réalisée sur un échantillon de 85 participants (49.4 % femmes, 50.6% hommes) révèle que pour 75,5% des bénéficiaires des microcrédits n’atteignent jamais l’objectif assigné au crédit contracté. Seuls 24,5% de l’échantillon affirment en revanche avoir réussi leur pari. En ce qui concerne les raisons de l’échec, elles sont segmentées selon trois catégories essentielles. Si 52,4% des bénéficiaires incriminent les agences du microcrédit, 38% affirment que les sommes empruntées sont affectées à d’autres besoins et 9,5% seulement pointent du doigt les raisons climatiques comme cause d’échec. De toutes les manières, 47% de l’échantillon sont capables de rembourser les crédits contractés contre 29% qui ont arrêté le remboursement.

Le diable est dans le détail
Dans la multitude des chiffres dont regorge l’étude, plusieurs tendances méritent d’être soulignées. À titre d’exemple, l’étude nous apprend que les bénéficiaires ont recours à plusieurs microcrédits pour faire développer l’activité. Cette nécessité les met généralement dans un cercle vicieux, surtout si leurs projets ne réussissent pas et s’ils n’arrivent pas à rembourser les prêts. Bien que s’agissant de petites sommes, cette situation impacte négativement leur activité. De toutes les manières, les sommes empruntées donnent une idée claire sur la nature des projets bénéficiant des microcrédits. En effet, 44% de ces sommes varient entre 2.000 et 6.000 dirhams, 28% entre 6.000 et 10.000 dirhams, et 17% dépassent 22.000 dirhams. Là où le bât blesse, environ 60% remboursent les crédits à des taux variant entre 10% et 30%, 30% à des taux supérieurs de 40%, alors quelques membres de l’échantillon affirment même payer des prêts à des intérêts qui avoisinent 80%.

Milieux socioprofessionnels
L’étude a été réalisée dans six régions au Maroc à savoir Skoura, Agdez, Attaouia, Ait Melloul et Ksar El-Kebir. Dans ces régions, les organismes des microcrédits offrent des prêts à des demandeurs appartenant à toutes les tranches d’âge mais ce sont les 30-39 ans et les 40-49 ans qui s’accaparent la majorité des crédits octroyés (70%). Les bénéficiaires appartenant à la tranche d’âge 50-60 ans représentent 22% des prêts. Les plus jeunes (de 20 à 29 ans) ne représentent, quant à eux que 10%.

Selon l’étude d’Attac, le poids des grandes familles sur la solvabilité des villageois n’a pas été pris en compte dans les études réalisées par les organismes de microcrédit. En tout cas, 78,8% de l’échantillon subviennent aux besoins de leurs familles et 12,94% sont célibataires. En ce qui concerne le milieu socioprofessionnel, les sans-emploi représentent 34%, dont 72% sont des femmes alors que 40% sont payés à la journée et vivent dans une situation précaire.

De manière générale, les informations collectées par ATTAC nous révèlent que 70% ne disposent pas d’entrée d’argent stable, ce qui pousse l’organisation à s’interroger sur l’utilité de ces crédits. «Cela ne serait-il pas un moyen de transformer ces microcrédits en des crédits de consommation», se pose-t-on la question du côté de l’organisation.


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