Microcrédit. Comment “réintéresser” la cible
Alors que les institutions de microfinance (IMF) ne cessent de perdre de la clientèle, le gouvernement adéfinitivement adopté un texte précisant les niveaux de financement pour chaque besoin spécifique.
Après avoir eu un succès retentissant durant les années 2000, le microcrédit s’est relativement essoufflé. C’est la faute de plusieurs vides juridiques relatifs notamment aux niveaux de financement et aux taux d’intérêt. La loi 85-18 modifiant la loi 18-97 relative au microcrédit vise à répondre aux besoins de financement des TPE.
En effet, l’article 2 de cette loi qui a fixé le plafond de microcrédit à 150.000 DH énonce que «le montant du microcrédit qui ne peut excéder 150.000 DH est fixé par décret. Le texte en question peut prévoir plusieurs niveaux de ce montant en fonction des objectifs de chaque association de microcrédit et de ses moyens financiers».
Ainsi, l’Exécutif a mis dans le circuit législatif un projet de décret prévoyant les niveaux de ce plafond afin de répondre aux besoins de financement des personnes économiquement faibles à travers le financement de leurs activités génératrices de revenus et opérations prévues par la loi 18-97, telle qu’elle a été modifiée et complétée et aussi permettre le financement des TPE. Ainsi, le projet de décret prévoit au profit des personnes économiquement faibles 3 niveaux pour les plafonds du microcrédit. Un montant maximum de 50.000 DH pour créer ou développer leur propre activité de production ou de service en vue de leur insertion économique. Un montant maximum de 100.000 DH destiné à acquérir, construire ou améliorer leur logement et souscrire des contrats d’assurances et se doter d’installations électriques ou son alimentation en eau potable et enfin un montant maximum de 150.000 DH pour créer et développer une activité de production ou de service en vue de leur insertion économique et remplissant au moins des conditions spécifiques. À savoir l’inscription au registre de commerce ou alors la jouissance du statut d’auto-entrepreneur, l’assujettissement à la taxe professionnelle ou l’inscription au registre des coopératives sous forme de coopérative agricole ou être membre dans l’une d’elles.
Une clientèle en berne
Cette précision législative voulue par les acteurs a ainsi pour but de redonner de la vigueur au secteur. Selon le dernier rapport de la supervision bancaire, les institutions de micro-finance comptent un réseau de 1.767 points de vente, en hausse de 0,6% par rapport à 2017 et un nombre de clients de 890.000 en baisse de 3,8% dont près de la moitié sont des femmes. Les prêts accordés par les associations de microcrédit à la clientèle ont totalisé un encours brut de près de 6,8 milliards de dirhams marquant une hausse de 2,5% après celle de 3,7%, il y a un an. Il en découle un encours moyen de 8.000 DH, soit 1.000 DH de plus par rapport à 2017. Près de 92% des crédits sont accordés par les trois plus grandes associations. Les crédits à la micro-entreprise représentent 88% du total, en baisse d’un point par rapport à 2017. Près de 76% des crédits sont concentrés au niveau du milieu urbain, contre 70% une année auparavant. La part des prêts individuels a gagné 3 points, passant de 70% à 73%.
S’agissant des créances en souffrance, leur encours a enregistré un repli de 8% à près de 204 millions de dirhams après une hausse de 20% en 2017, dégageant un taux de risque de 3% au lieu de 3,3% une année plus tôt. Cette amélioration est liée notamment à des opérations de radiation de créances en souffrance. Le taux de couverture de ces créances par des provisions s’est renforcé à 86% contre 82% en 2017. Les créances sur les établissements de crédits et assimilés, constituées principalement de dépôts auprès des banques sont en hausse de 23,1% à 806 millions de dirhams, soit 10% du total actif. Les dettes envers les établissements de crédit représentant plus que la moitié des ressources des associations de microcrédit se sont appréciées de 3,8% à 4 milliards de dirhams après une baisse de 1,3% une année auparavant. Elles sont constituées à hauteur de 88% de l’endettement auprès des banques locales. Les fonds propres de ces associations ont été renforcés de 2,4% à près de 2,9 milliards de dirhams, soit 36% des ressources. Le secteur des associations du microcrédit a clôturé l’exercice 2018 avec un bénéfice net de 188 millions de dirhams enregistrant une hausse de 5% après une baisse de 15% en 2017, soit un taux de rentabilité des actifs de 2,4% et un taux de rentabilité des capitaux propres de 6,6%.
D’ailleurs, Bank Al-Maghrib a édicté, en juillet 2018, la circulaire n°3/W/2018 relative aux conditions spécifiques d’application aux associations de microcrédit, de certaines dispositions de la loi bancaire. Ce texte maintient les dispositions de l’arrêté du ministre des Finances et de la privatisation n°31-07 du 15 hija 1427, tout en imposant de nouvelles exigences portant sur l’adaptation du dispositif de gestion des risques, de contrôle interne et de gouvernance à la nature, la complexité et au volume d’activité des associations de microcrédit.