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Marrakech. Inclusion économique des jeunes : des programmes régionaux en vue

Le programme régional de soutien à l’inclusion économique des jeunes lancé à Marrakech sera étendu à trois autres régions, en partenariat avec l’AFD. L’objectif est d’améliorer la convergence et la coordination entre les différentes parties prenantes au niveau régional et répondre aux besoins tant des jeunes que du marché du travail.

Plusieurs programmes ont été lancés, au cours des dernières années, pour promouvoir l’employabilité des jeunes au Maroc, sans pour autant obtenir un réel impact sur la réduction du taux de chômage. Les jeunes peinent à intégrer le marché du travail pour plusieurs raisons, dont la fragmentation des programmes et la difficulté d’aligner les compétences recherchées et les profils disponibles. D’où la nécessité d’agir à la fois sur l’offre et la demande et d’adapter les besoins en formation et en accompagnement aux spécificités régionales. C’est dans ce cadre que s’inscrit le programme de soutien à l’inclusion économique des jeunes dans la région de Marrakech-Safi, approuvé en partenariat avec la Banque mondiale en 2019. Où en est la mise en œuvre de ce programme, premier du genre, qui vise la promotion des solutions intégrées dans le but d’améliorer l’employabilité des jeunes et l’entrepreneuriat? Doté d’une enveloppe de 55 millions de dollars, ce projet est encore dans la phase d’instauration des mécanismes nécessaires à sa mise en œuvre. Jusqu’à fin 2020, les locaux devant accueillir les espaces d’emploi et les centres d’accompagnement à l’entreprenariat dans différentes zones de Marrakech ont été déterminés. Assimilés à des guichets uniques, ils assureront la coordination de l’action publique et les acteurs privés opérant dans l’écosystème local. La stratégie de suivi et d’évaluation du projet a été élaborée en coordination avec les différentes agences exécutives ainsi que des projets de guides de procédures relatifs à la formation qualificative pour les non diplômés et à la gestion des espaces d’emploi. À cela, s’ajoute l’élaboration des projets de cahiers de charges relatifs à la création d’un système informatique de suivi et d’évaluation et d’un système de veille sur le marché de l’emploi au niveau régional. Il a été procédé également à l’élaboration des cahiers des charges relatives à la mise à niveau et à l’équipement des espaces d’emploi des jeunes et au lancement de l’opération d’aménagement et d’équipement des centres d’entreprenariat et de développement économique local.

Insertion professionnelle Outre Marrakech-Safi, le programme sera étendu à trois autres régions, en partenariat avec l’Agence française de développement (AFD), selon le ministre du Travail et de l’insertion professionnelle, Mohamed Amakraz. Il s’agit de Rabat-Salé-Kénitra, Souss-Massa et Tanger-Tétouan-Al Hoceima. Les régions de Rabat-Salé-Kénitra et Tanger-Tétouan-Al Hoceima, en particulier, font partie des cinq régions qui concentrent les trois quarts des chômeurs au niveau national. Néanmoins, ce projet gagnerait aussi à être lancé dans les régions qui enregistrent des taux de chômage très élevés, comme l’Oriental (20,7%). Le programme de l’inclusion économique des jeunes au niveau régional vise, comme le souligne le responsable gouvernemental, à développer de nouvelles mesures et approches, ainsi qu’à élaborer et développer des mécanismes de suivi des divers programmes et stratégies au niveau de la région afin d’améliorer la coordination entre les différentes parties prenantes, et développer des mécanismes de suivi et de convergence des politiques publiques au niveau local. L’idée est de s’appuyer à la fois sur des programmes adaptés aux attentes du marché du travail et sur des synergies renforcées entre parties prenantes (organes centraux, autorités locales et secteur privé).

Parmi les priorités, figure la promotion de l’inclusion économique des jeunes sans qualification. L’insertion professionnelle des «Neet» (ni en emploi, ni en études, ni en formation; de l’anglais «not in education, employment, or training») est un enjeu de taille. Cette catégorie de jeunes a besoin d’être accompagnée à travers des formations spécifiques mais aussi des stages d’immersion dans le monde professionnel, selon le plan gouvernemental de l’emploi. Les «Neet» nécessitent en effet une attention particulière d’autant plus que leur pourcentage est élevé : environ le tiers des jeunes de 15 à 24 ans. Les actions devront être territorialisées et adaptées aux spécificités régionales car certaines régions sont plus touchées que d’autres. Le programme de soutien à l’inclusion économique des jeunes entend s’atteler à la question de l’adéquation des compétences et de l’employabilité des jeunes. Il a été en effet constaté que la jeunesse était peu qualifiée ou possédait des compétences inadaptées aux besoins du secteur privé.

Au sein des espaces d’emploi qui seront déployés au niveau provincial, il sera procédé au renforcement des compétences des jeunes et aux services d’intermédiation professionnelle. L’accélération de la cadence s’impose pour mettre sur les rails ce projet qui bénéficiera, à n’en point douter, aux jeunes chômeurs inactifs depuis longtemps ainsi que ceux qui travaillent dans le secteur informel, de même que les diplômés et les non diplômés dans les milieux urbain et rural. Il s’agit aussi des porteurs de projets âgés entre 18 et 35 ans et ayant des compétences moyennes et une expérience précédente dans le secteur formel ou informel, et des PME disposant de moyens de développement dans les chaines de valeur prometteuses au niveau régional. Il faut dire que le renforcement des compétences des jeunes, seul, ne suffit pas pour réduire le chômage. Encore faut-il développer l’écosystème entrepreneurial et accroître les possibilités de création d’entreprises par les jeunes dans les secteurs à fort potentiel. 

Jihane Gattioui / Les Inspirations Éco



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