Maroc/Grande-Bretagne : un gros projet d’exportation d’énergie propre en gestation
Initié par la société britannique Xlinks, le projet reliera la région de Guelmim à Devon à Londres, à travers quatre câbles sous-marins de type HDVC qui vont longer la côte atlantique sur 3.800 km, ce qui en fera le projet de câble électrique sous-marin le plus long au monde. Guelmim abritera ainsi sur 1500 km2, deux parcs solaire et éolien d’une capacité de 10,5 Gigawatts destinée à alimenter 7 millions de foyers londoniens. Les détails d’un projet dont l’entrée en service est prévue en 2027.
Il y aura bientôt du nouveau dans la coopération énergétique entre le Maroc et la Grande-Bretagne ! C’est du moins ce qui ressort de l’annonce faite par Dave Lewis, président exécutif de Xlinks, dans les colonnes du Financial Time du dimanche 26 septembre. Selon cette annonce, reprise en masse par la presse anglo-saxonne, la société britannique s’apprête à lancer un grand projet d’exportation d’énergie verte du Maroc vers la Grande Bretagne, à travers quatre câbles sous-marins de type HDVC (High Voltage Direct Current) qui vont longer la côte atlantique sur 3.800 km, ce qui en fera le projet de câble électrique sous-marin le plus long au monde, pour alimenter en électricité propre 7 millions de foyers britanniques.
Une production de 10,5 GW
La production escomptée par Xlinks, dans le cadre de la loi 13-09, avec la participation de la société saoudienne Acwa Power déjà présente au Maroc, atteindrait près de 10,5 gigawatts. Enorme ! Elle sera réalisée dans la région de Guelmim-Oued Noun où le choix de la société britannique s’est portée en raison de ses importantes dotations factorielles, autant en rayonnement solaire qu’en vitesse de circulation du vent. En effet, «nous avons déjà sécurisé une superficie d’environ 1 500 km², soit à peu près la superficie du grand Londres, avec le gouvernement marocain dans la région de Guelmim- Oued Noun.
Sur ce terrain, nous allons installer un parc solaire, un parc éolien et des batteries qui, ensemble, produiront environ 10,5 gigawatts d’électricité», a notamment déclaré le patron de Xlinks. Le détail sur le nombre de panneaux photovoltaïques et d’éoliennes qui seront installés dans ces deux parcs n’a pas été fourni. Toutefois, il est signalé que ces parcs seront reliés à deux connecteurs de 1,8 GW qui amèneront les câbles HDVC à terre à Alverdiscott dans le Devon, point de jonction londonienne du projet.
Ces parcs seront également connectés à une batterie installée sur site de 5 GW, qui permettra un stockage suffisant pour fournir de manière fiable, chaque jour, une énergie propre et quasi constante à la Grande-Bretagne, est-il expliqué. En effet, selon les plans de la société britannique, ce projet pourra fournir 3,6 GW d’énergie fiable pendant plus de 20 heures en moyenne par jour, ce qui est une quantité largement suffisante pour fournir une énergie propre et à faible coût à plus de 7 millions de foyers britanniques.
Un investissement de 22 milliards de dollars US
En terme de retombées, le projet permettra la création de 2.000 emplois directs et 10.000 indirects dans la région Guelmim-Oued Noun. Autre information et non des moindres, le projet nécessitera un investissement de 16 milliards de livres sterling, soit environ 22 milliards de dollars US.
Un pactole que Xlinks se donne le temps de réunir d’ici 2023, avant de lancer les travaux de construction en 2025 et procéder aux premières exportations en 2027. En attendant, pour augmenter l’attractivité du projet et susciter l’intérêt des investisseurs, la société britannique va activer deux importants leviers. Le premier va consister à se positionner sur le marché apparemment très prometteur des câbles. Xlinks va ainsi produire elle-même les câbles du projet d’interconnexion.
Pour ce faire, elle va créer une société dédiée. Dénommée XLCC, celle-ci pilotera deux usines qui seront respectivement installées à Hunterston et à Port Talbot, avec une promesse de création de 1350 emplois nouveaux d’ici 2024. Au total, XLCC fournira 15 200 Km de câbles HDVC pour relier le site de Guelmim à Devon. Au-delà, le staff dirigeant de la société déclare que «le boom en prévision de la demande dans le marché des interconnexions l’occupera dans les 20 prochaines années».
Enfin, Xlinks mise sur un autre levier pour séduire les investisseurs et constituer rapidement son tour de table. Il s’agit de la garantie du gouvernement britannique, qui fera de l’énergéticien le seul fournisseur de 7 millions de foyers londoniens pendant une durée d’au moins cinq ans renouvelable deux fois, soit 15 ans le minimum requis pour ce genre de projet très capitalistique.
Pour le moment, le sésame n’est pas encore acquis. Le ministère britannique des Affaires, de l’énergie et des stratégies industrielles a déclaré au Times qu’il est «au courant» de la proposition de Xlinks et qu’il est «en train de l’étudier». En cas d’acceptation, ce projet permettra de couvrir 8% des besoins en électricité de la Grande-Bretagne, en énergie propre. En attendant, signalons que ce projet boostera fortement les exportations électriques du Maroc vers le Vieux continent où l’UE montre beaucoup d’intérêt pour le Maroc à travers le Green Deal.
Aziz Diouf / Les Inspirations ÉCO