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Maroc-CEDEAO : Vers une intégration graduelle

L’accord de principe émanant de la CEDEAO en juin dernier n’était que le début d’un long processus. Un véritable défi pour le Maroc, étant donné les différentes options d’intégration qui se présentent ainsi que les intérêts régionaux divergents. Analyse.

Le processus d’adhésion du Maroc à la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sera manifestement long. L’accord de principe accordé en juin dernier par les chefs d’État de la communauté au Maroc n’était que le début du processus. Les chefs d’État ont chargé la Commission de la CEDEAO d’examiner les implications d’une adhésion du Royaume du Maroc au regard des dispositions des traités de la CEDEAO et de soumettre ses conclusions au prochain sommet de l’organisation. Cet accord de principe aura ainsi bouclé la phase politique de l’adhésion afin de permettre le lancement de la phase juridique et technique. Une phase qui peut encore réserver de nombreuses surprises.

Dans une récente sortie médiatique, le ministre des Affaires étrangères du Nigeria, Goeffrey Onyeama, a précisé que les pays de la communauté n’avaient pas d’inimitié à l’égard du Maroc justifiant une réponse négative immédiate et automatique à la demande fournie par le Maroc en février dernier. Il estime toutefois que la communauté doit examiner toutes les répercussions techniques liées à une telle intégration avant une validation définitive. De son côté, le royaume a démarré les études internes et entamé la phase préparatoire de l’intégration. Sur la gestion de ce dossier, le Maroc a opté pour un mode opératoire identique à celui choisi lors de la conclusion des grands accords de libre-échange signés par le Maroc, notamment avec l’Union européenne et les États-Unis.

Obstacles techniques
En effet, le dossier est actuellement piloté par le ministère des Affaires étrangères et de la coopération internationale soutenu par le département du Commerce extérieur sur le plan technique, ce dernier étant chargé de la coordination commerciale et des examens préalables. C’est dire l’importance qu’accorde le Maroc à ce projet d’adhésion. Si rien n’a encore filtré concernant l’état d’avancement de la démarche d’adhésion, certaines voix, se basant sur une interprétation libre du texte, se sont élevées dans plusieurs supports médiatiques africains pour souligner que les textes fondateurs de la communauté ne permettaient pas l’adhésion de nouveaux membres. Certains groupes de pressions, notamment nigérians, s’élèvent aujourd’hui pour demander un rejet de l’adhésion marocaine, invoquant notamment la position géographique du Maroc qui n’est pas directement limitrophe aux frontières de la communauté. «Si rien n’indique expressément qu’un pays comme le Maroc peut intégrer la CEDEAO, il faut dire que rien ne l’interdit non plus.

Le Maroc se trouve donc bien dans son droit», précise une source au Secrétariat d’État chargé du Commerce extérieur. Il semble également que cette demande d’adhésion ait tiré certains pays de la région nord-africaine de leur profonde léthargie. Devant la paralysie de l’Union du Maghreb arabe, certains pays comme la Mauritanie et la Tunisie seraient en train d’approcher des communautés régionales africaines pour des intégrations similaires afin de ne pas rester à l’écart. Par ailleurs, le chemin vers une intégration globale du Maroc dans l’espace ouest-africain est encore long en raison d’obstacles techniques.

En effet, rien n’indique pour le moment que le Maroc pourrait opter pour une intégration au niveau de l’Union douanière, choisissant d’adopter la monnaie unique, le tarif extérieur commun et la libre circulation des personnes ainsi que le droit d’établissement. Il est probable que le Maroc opte pour la création d’une Zone de libre-échange de marchandises avec les pays de la CEDEAO tout en fixant un calendrier pour l’intégration du marché commun au cours des prochaines années. Ceci est confirmé à la fois par la pratique commerciale internationale qui privilégie des approches progressives dans l’adhésion à des espaces économiques intégrés, mais aussi par la réalité du niveau d’intégration entre les pays de l’Afrique de l’Ouest. En effet, le Tarif extérieur commun (TEC, règle fondamentale de l’Union douanière) n’est toujours pas implémenté par certains pays de la CEDEAO, y compris par le Nigeria. Et pour cause, il s’agit d’un processus laborieux qui peut nécessiter plusieurs années d’implémentation. Le Maroc en a fait l’expérience dans le cadre du projet d’Union douanière avec les pays arabes. Le processus est en cours depuis près de 12 ans, et les résultats ne se profilent toujours pas à l’horizon. Par ailleurs, l’application d’un TEC suppose des prérequis techniques et logistiques qui font encore défaut, notamment en ce qui concerne la mise en place d’un système de répartition des recettes douanières entre les pays membres. 


Quel poids pour le commerce avec la CEDEAO?

Le volume des échanges commerciaux du Maroc avec la zone ouest-africaine connaît d’importantes fluctuations et présente une nette asymétrie en faveur du royaume. Les importations ont reculé au rythme moyen annuel de -15,7% entre 2010 et 2015 pour se situer, en fin de période, à un peu plus de 800 MDH. À l’opposé, les exportations du Maroc vers le même groupe de pays ont enregistré, pour la même période, un accroissement soutenu de plus de 16,6% pour atteindre plus de 8,3 MMDH. Toutefois, il est à préciser que les échanges avec les pays de la CEDEAO ne représenteraient globalement que 3% du total de l’export marocain et 0,25% de l’import du royaume.



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