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Marché russe : les exportations de tomates grevées par le virus Pépino

Onze notifications liées à l’origine Maroc ont été enregistrées par l’agence de contrôle vétérinaire et de surveillance phytosanitaire russe. Les exportations de tomates vers la Russie sont conditionnées par la délivrance d’un certificat négatif. Toutefois, ce certificat n’exclut pas le contrôle des exportations marocaines à l’arrivée.

Les exportations marocaines de tomates vers le marché russe accusent le coup en raison du virus de la mosaïque du pépino (PepMV). À l’instar de celles de pays de l’Union économique eurasienne (UEE) comme l’Arménie et la Biélorussie, les expéditions de tomates marocaines sont touchées par cette maladie virale, portant préjudice à un débouché commercial traditionnel pour la production maraîchère nationale. Aujourd’hui, bien que ce virus soit classé comme un organisme nuisible aux végétaux et soumis à des mesures de quarantaine pour les semences et plants de tomate, notamment en Europe, il ne l’est pas pour la tomate commerciale ni pour la santé humaine. Toutefois, sur le marché russe, l’agence de contrôle vétérinaire et de surveillance phytosanitaire locale Rosselkhoznadzor a introduit, en juillet 2020, l’exigence de prouver l’absence de ce virus aussi bien pour les semences que pour les plants et fruits de tomate en provenance des pays exportateurs, dont le Maroc. À noter que ce virus n’est toujours pas inclus dans la liste commune d’organismes de quarantaine de l’UEE. Onze notifications liées à l’origine Maroc ont été enregistrées par Rosselkhoznadzor. Dix notifications ont été enregistrées suite à la réexportation, au départ de l’Europe (France, Belgique et Pays-Bas), de la production marocaine vers la Russie, et une directement du Maroc.

Un certificat phystosanitaire négatif est exigé
Après plusieurs réunions tenues entre les autorités marocaines et la partie russe, les exportations émanant directement du royaume doivent obligatoirement être assorties d’un certificat phytosanitaire négatif délivré par les services de l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), celles d’Europe ayant déjà fait l’objet de restrictions avec leurs phyto-certificats au départ des pays précités en raison de la détection du virus de la mosaïque du pépino. Toutefois, selon les professionnels, ce certificat doit indiquer que les exportations directes du Maroc ne sont pas touchées par le virus, bien que cela n’exclue pas le contrôle des exportations marocaines à l’arrivée.

Risque sur les exportations marocaines
En cas de détection de ce virus après reprise des exportations, une interdiction pourrait être appliquée sur celles marocaines, avec destruction des lots à la charge des producteurs-exportateurs en dehors du territoire russe. Sur le terrain, les services de l’ONSSA sont déjà mobilisés, selon des sources professionnelles, pour la délivrance de certificats négatifs. Sont retenues, l’analyse de détection réalisée par PCR, la plus rapide, mais aussi la technique ELISA (méthode immuno-enzymatique), qui prend quelques jours, pour une production périssable. Soulignons que le virus des fruits bruns et rugueux de la tomate (ToBRFV) et le virus de la mosaïque du pépino partagent plus ou moins les mêmes symptômes. Très fréquemment, ce virus s’exprime à travers une multitude de symptômes qui altèrent la qualité de la tomate. Pour contrôler le PepMV, les producteurs-exportateurs utilisent un produit homologué pour la vaccination de plants afin de protéger les cultures de tomates de serre des dommages du virus.

Les limites du diagnostic
Toutefois, selon d’autres professionnels, les techniques de diagnostic ne permettent toujours pas de distinguer les souches atténuées de celles dites virulentes. C’est pourquoi les autorités russes considèrent ce virus comme un organisme de quarantaine à placer sous haute surveillance et refusent l’exportation des plantations vaccinées. Ce sujet sera au cœur de la future Commission mixte maroco-russe de coopération économique. À ce jour, seule la tomate est concernée par ce virus, le rôle des semences en tant qu’importante source d’infection étant confirmé. Sur le plan scientifique, il n’a pas encore été démontré que le virus pouvait infecter d’autres espèces de solanacées, notamment le poivron, le concombre, l’aubergine et la pomme de terre. Bien que la Russie soit un partenaire commercial stratégique pour le Maroc, ce dernier reste déficitaire au niveau de la balance commerciale. Le volume des importations depuis le royaume s’est élevé à 261 millions de dollars sur la période allant de janvier à septembre 2020, en baisse de 33% sur la même période de 2019. Une baisse essentiellement due à la crise sanitaire de la Covid-19. Les importations russes de fruits marocains ont subi une baisse de 48% entre 2019 et 2020, passant de 162 à 84 millions de dollars, tandis que les importations de tomates marocaines ont enregistré une hausse de 12% pour s’établir à 44 millions de dollars en 2020.

L’embargo russe sur les produits européens prolongé à fin 2021

La Fédération de Russie a prolongé jusqu’au 31 décembre 2021 l’embargo sur les produits alimentaires européens introduit en 2014. C’est du moins ce qu’indique le décret du président n° 730, datant du 21 novembre 2020, sur l’extension des mesures économiques spéciales pour garantir la sécurité du pays, publié sur le portail officiel d’information juridique russe. Ce marché était la première destination hors UE du secteur exportateur espagnol, principal concurrent des produits maraîchers marocains. Aujourd’hui, en plus de la production nationale russe, les besoins de la fédération sont couverts par les pays membres de l’Union économique eurasienne (UEE) et d’autres pays voisins, notamment l’Ouzbékistan.

Yassine Saber / Les Inspirations Éco


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