Marché obligataire : reprise des taux à court terme
La semaine écoulée a été marquée par un creusement du déficit de liquidité bancaire et une légère reprise des taux à court terme sur le marché primaire, dans un contexte de prudence généralisée.
La semaine passée, le marché des taux a été marqué par une dynamique de reprise à court terme, un creusement du déficit de liquidité bancaire et une contraction des taux sur le marché secondaire. C’est en tout cas ce qui ressort de l’analyse hebdomadaire de BMCE Capital Global Research, dans son Fixed Income weekly.
Creusement du déficit de liquidité bancaire
Le marché monétaire continue de subir les effets du creusement du déficit de liquidité bancaire. D’après BKGR, ce déficit s’est aggravé de 3,90%, atteignant 148,72 milliards de dirhams (MMDH). Cette situation s’explique par une hausse des avances à 7 jours de la Banque centrale, qui s’élèvent à 65,67 MMDH, en progression de 1,2 MMDH. Le marché monétaire reste donc tendu, les établissements bancaires devant composer avec des tensions de trésorerie accrues.
En parallèle, les placements du Trésor ont enregistré une baisse. Le plus haut encours quotidien atteint désormais 15 milliards, contre 19,6 MMDH lors de la période précédente. Cette baisse reflète un environnement monétaire moins favorable pour le Trésor, qui réduit ses interventions en fonction des fluctuations de liquidité sur le marché.
Reprise des taux à court terme sur le marché primaire
Le marché primaire montre des signes de reprise, particulièrement sur le segment à court terme. Lors de la dernière adjudication, le Trésor a levé 600 millions de dirhams (MDH) à travers deux opérations, sur les maturités à 13 semaines et 2 ans.
Le taux limite pour la maturité à 13 semaines s’est établi à 2,49%, tandis que celui des obligations à 2 ans a atteint 2,84%. Ces chiffres marquent une hausse de 5 points de base par rapport aux taux observés lors de la session précédente.
Cette légère reprise des taux reflèterait un marché atone, où les investisseurs restent prudents face aux incertitudes économiques. Les interventions du Trésor, bien que modérées, se concentrent sur les maturités courtes, traduisant une certaine réticence à se positionner sur le long terme en raison des anticipations de baisse des taux à venir.
Tensions à la baisse sur le marché secondaire
À l’inverse, le marché secondaire des taux a montré une tendance baissière sur la plupart des maturités, avec des contractions sur l’ensemble des lignes, à l’exception de celle à 10 ans. Les taux à 10 ans ont enregistré une légère hausse de 2,3 points de base, atteignant 3,29%. La plus forte baisse a été observée sur la ligne à 13 semaines, qui a chuté de 21,4 points de base, confirmant la tendance baissière générale sur le marché secondaire. Cette contraction des taux s’expliquerait par un appétit modéré des investisseurs pour les obligations souveraines à moyen et long terme, qui anticipent une baisse future des taux directeurs, soutenue par une politique monétaire potentiellement accommodante de la Banque centrale.
Un environnement incertain
Selon BKGR, Bank Al-Maghrib a décidé de réduire son rythme d’intervention sur le marché monétaire. Pour la période à venir, les avances à 7 jours devraient s’établir à 63,57 MMDH, contre 65,67 MMDH la semaine précédente. Cette réduction traduit un ajustement de la politique monétaire dans un contexte de liquidité toujours tendue, mais sous contrôle.
Sur le marché obligataire, les perspectives restent floues. Le Trésor semble hésitant à lever des fonds sur le moyen et long terme, dans l’attente d’une éventuelle baisse des taux. Cette hésitation témoigne de la prudence des autorités face à l’incertitude économique et à l’évolution des conditions de marché. Les investisseurs, quant à eux, scrutent les décisions de la Banque centrale pour ajuster leurs stratégies en conséquence.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO