Marché obligataire : le Trésor optimise ses levées

Le marché obligataire poursuit son évolution sous l’effet des ajustements du Trésor et des interventions de Bank Al-Maghrib. Alors que la liquidité bancaire s’améliore légèrement, le Trésor continue d’opérer des levées stratégiques sur le marché primaire, impactant la courbe des taux. Sur le marché secondaire, les rendements des maturités courtes enregistrent une baisse significative.
L’environnement monétaire et obligataire continue d’évoluer sous le prisme des ajustements stratégiques du Trésor et des interventions de Bank Al-Maghrib. La semaine écoulée a été marquée par une contraction du déficit de liquidité bancaire, une levée conséquente du Trésor sur le marché primaire et une baisse des taux sur le court terme sur le marché secondaire.
Dans ce contexte, BMCE Capital Global Research (BKGR) apporte un éclairage sur les tendances récentes et les perspectives du marché de la dette.
Une amélioration de la liquidité bancaire, mais une vigilance maintenue
L’une des principales évolutions observées cette semaine concerne le marché monétaire, où le déficit de liquidité bancaire moyen s’est contracté de 1%, s’établissant à -146,17 milliards de dirhams (MMDH).
En parallèle, les avances à 7 jours de Bank Al-Maghrib ont progressé de 2,64 MMDH, atteignant ainsi 67,04 MMDH. Cette situation traduit un ajustement progressif du besoin de financement du système bancaire, sous l’effet des opérations de refinancement de la Banque centrale.
Toutefois, si cette légère amélioration reflète un assouplissement temporaire des tensions sur le marché interbancaire, la prudence reste de mise. En effet, les taux monétaires demeurent relativement stables, avec un taux moyen pondéré (TMP) inchangé à 2,50%, tandis que le MONIA (Moroccan Overnight Index Average) affiche une légère hausse à 2,469%.
Ces niveaux témoignent d’une situation encore fragile, où l’intervention de Bank Al-Maghrib reste déterminante pour contenir les fluctuations de la liquidité.
Un Trésor toujours actif sur le marché primaire
Le marché primaire a été marqué par une levée substantielle du Trésor, atteignant 3,07 MMDH, soit 40% du montant proposé (7,7 MMDH). Cette opération s’est concentrée sur des maturités de 13 semaines, 52 semaines et 2 ans, avec des taux limites respectifs de 2,320%, 2,6274% et 2,668%.
La tendance baissière des taux primaires s’est confirmée, avec un repli de 6 points de base (pbs) sur les bons du Trésor à 13 semaines et de 2,8 pbs sur ceux à un an.
Ce dynamisme des levées reflète la volonté du Trésor d’optimiser ses conditions de financement tout en préservant l’équilibre entre la demande des investisseurs et ses besoins en liquidités. Dans un contexte marqué par des anticipations de stabilisation des taux directeurs et par une offre modérée de titres publics, cette stratégie vise à contenir le coût de la dette et à maintenir une courbe des taux attractive pour les investisseurs institutionnels.
Sur le marché secondaire, les ajustements ont été plus marqués sur le court terme. Les taux des maturités 13 semaines et 26 semaines ont reculé respectivement de 18,63 pbs et 16,06 pbs, s’établissant à 2,33% et 2,41%. En revanche, les obligations à plus longue échéance ont affiché des mouvements plus modérés, avec une hausse de 1,76 pbs sur la maturité 2 ans et une progression marginale de 0,10 pbs sur le 10 ans.
Cette configuration traduit un regain d’intérêt des investisseurs pour les titres de court terme, dans un contexte où l’incertitude sur l’évolution des conditions monétaires reste élevée. L’absence de variations notables sur les maturités longues témoigne quant à elle d’une prudence accrue des opérateurs face aux perspectives macroéconomiques et budgétaires.
Quelles tendances pour les semaines à venir ?
À court terme, Bank Al-Maghrib devrait réduire le volume de ses interventions sur le marché monétaire, ajustant ses avances à 7 jours à 60,7 MMDH contre 67 MMDH précédemment. Cette orientation s’inscrit dans une logique de gestion fine de la liquidité bancaire, en cohérence avec l’évolution des besoins des établissements financiers.
Sur le front obligataire, la demande soutenue pour les émissions du Trésor devrait se maintenir, dans un contexte de taux attractifs et de conditions de financement relativement favorables.
Toutefois, la prochaine échéance majeure concerne une possible émission souveraine en euro, qui marquerait le retour du Maroc sur les marchés internationaux pour la première fois depuis 2020.
La concrétisation de cette opération dépendra en grande partie du renouvellement de la ligne de crédit modulaire du Maroc auprès du FMI, avec un montant potentiellement porté à 5 milliards de dollars contre 2 milliards actuellement.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO