Marché obligataire : fortes anticipations sur la baisse du taux directeur

Le marché obligataire poursuit sa détente, porté par l’amélioration de la liquidité bancaire et les anticipations croissantes d’un assouplissement monétaire. Les taux des lignes courtes poursuivent leur repli, aussi bien sur le marché primaire que secondaire, traduisant une confiance renforcée dans une possible baisse du taux directeur par Bank Al-Maghrib.
Le marché des taux confirme sa dynamique baissière, dans un contexte où les investisseurs ajustent leurs anticipations à l’approche de la prochaine décision de politique monétaire de Bank Al-Maghrib.
Dans sa dernière note hebdomadaire, BMCE Capital Global Research (BKGR) met en évidence une détente continue des taux sur les segments courts, tant sur le marché primaire que secondaire, portée par un allégement de la pression sur la liquidité bancaire et une gestion prudente des besoins de financement du Trésor.
Allégement du déficit de liquidité bancaire
La semaine s’est achevée sur une amélioration notable des conditions de liquidité. Le déficit moyen de la liquidité bancaire s’est replié de 7,92 %, pour atteindre -119 milliards de dirhams (MMDH), selon BKGR. En réponse, Bank Al-Maghrib a relevé le volume de ses avances à 7 jours, qui s’établit à 47,26 MMDH, en hausse de 4,7 milliards sur la semaine.
Ce mouvement est interprété comme une réponse proactive à la normalisation progressive des tensions de trésorerie.
En parallèle, les placements hebdomadaires du Trésor ont fortement diminué, avec un encours maximal de 8,1 MMDH, contre 24,5 milliards précédemment, signe d’un moindre besoin temporaire de stérilisation. Le taux moyen pondéré (TMP) interbancaire reste stable à 2,25 %, tandis que le MONIA, référence plus fine du marché monétaire, s’effrite légèrement à 2,236 %.
Un marché primaire favorable au Trésor
Sur le marché des adjudications, le Trésor a levé 3,71 milliards de dirhams, soit un taux de satisfaction de 54 % sur un montant proposé de 6,93 milliards. Cette émission a concerné principalement les maturités à 13 semaines et à 2 ans.
BKGR souligne que ces lignes ont enregistré des baisses notables de taux, avec -25 points de base pour la maturité à 13 semaines (taux limite fixé à 1,95 %) et -4,6 points de base pour celle à 2 ans (taux limite de 2,11 %). Ce repli s’inscrit dans un climat de marché où les investisseurs anticipent une baisse prochaine du taux directeur de Bank Al-Maghrib.
Cette perspective, estime BKGR, devrait jouer en faveur du Trésor en contribuant à réduire le coût de financement, à l’heure où les besoins pour le mois de juin s’élèvent à 15 MMDH, avec des tombées équivalentes prévues pour juin et juillet.
Détente généralisée sur le secondaire
La tendance baissière se prolonge sur le marché secondaire, avec des replis marqués sur les maturités les plus courtes. Les taux de la ligne à 13 semaines reculent de 21,51 points de base à 1,85 %, tandis que ceux de la ligne à 2 ans fléchissent de 10,96 points pour s’établir à 2,07 %.
En revanche, les taux à plus longue échéance connaissent de légères tensions, à l’image des lignes à 5 et 10 ans, en hausse respective de 2,55 et 2,12 points de base. La courbe secondaire conserve donc une légère pentification, mais son aplatissement progressif demeure le signe d’une révision des anticipations à court terme.
Vers un soutien prolongé de la Banque centrale
Pour la semaine à venir, BKGR prévoit une intensification de l’intervention de la Banque centrale sur le marché monétaire, avec un volume d’avances à 7 jours attendu à 51,9 MMDH, contre 47,2 milliards la semaine précédente.
Cette injection viserait à accompagner la détente des tensions monétaires tout en maintenant les conditions propices à un éventuel assouplissement de la politique monétaire. Le signal envoyé par la forte baisse des taux sur la ligne 13 semaines apparaît ainsi, selon BKGR, comme une «illustration des attentes du marché quant à une nouvelle baisse du taux directeur».
Dans un environnement marqué par un ralentissement de l’inflation et une volonté affirmée de relance économique, le scénario d’un assouplissement semble gagner en crédibilité, ce qui pourrait amplifier le mouvement de détente sur les taux obligataires au cours des prochaines semaines.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO