Marché boursier : les cimentières s’en sortent face aux défis
L’analyse du secteur cimentier réalisée par MSIN met en lumière des tendances significatives influençant les performances boursières des principaux acteurs du marché, LafargeHolcim Maroc et Ciments du Maroc. Cette analyse se base sur des indicateurs clés tels que les volumes de vente de ciment, les coûts de production et les résultats financiers des entreprises cotées.
Le secteur cimentier au Maroc, pilier essentiel de l’industrie de la construction, traverse une période de transformation notable. Les deux principaux acteurs, LafargeHolcim Maroc et Ciments du Maroc, affichent des performances financières variées, influencées par des facteurs économiques et industriels complexes. L’analyse réalisée par la société de bourse MSIN fournit une vision approfondie des dynamiques du marché et des perspectives futures.
Les défis du secteur
Les ventes de ciment ont montré une croissance modérée ces dernières années, avec une stagnation en 2023. Les prévisions pour les années à venir restent optimistes, avec une augmentation attendue de la demande en raison des projets d’infrastructure et de logement. Cependant, l’augmentation des coûts des matériaux de construction et de l’énergie a été un défi majeur pour les producteurs de ciment. Le prix du petcoke, un combustible clé utilisé dans la production de ciment, a fluctué considérablement, impactant les marges bénéficiaires.
Pour contrer ces défis, les cimentiers ont réussi à maintenir leur rentabilité en optimisant leurs coûts de production et en augmentant leurs exportations de clinker. Cette stratégie a permis de compenser partiellement les hausses de coûts. Les réformes fiscales prévues dans la Loi de finance 2023, incluant une hausse progressive de l’impôt sur les sociétés, auront un impact sur la rentabilité des entreprises.
Cependant, ces dernières anticipent ces changements et ajustent leurs stratégies en conséquence. Ces tendances démontrent que, malgré les défis économiques et les fluctuations des coûts, le secteur cimentier marocain dispose de solides fondamentaux et d’opportunités de croissance significatives, soutenues par des investissements stratégiques et des initiatives de développement.
Performances de LafargeHolcim Maroc
En 2023, LafargeHolcim Maroc a enregistré une hausse de 2,8% de son chiffre d’affaires consolidé, atteignant 8.212 millions de dirhams (MDH). Cette progression s’explique principalement par une augmentation des exportations de clinker, un produit intermédiaire dans la production de ciment.
Le groupe a également optimisé ses coûts de production, ce qui a contribué à l’amélioration de sa rentabilité. Le résultat d’exploitation de LafargeHolcim Maroc s’est élevé à 2.585 MDH, en progression de 3,2% par rapport à 2022. Pour l’avenir, MSIN prévoit un taux de croissance annuel moyen (TCAM) de 7,1% pour le chiffre d’affaires consolidé de LafargeHolcim Maroc sur la période 2024-2028.
Cette prévision optimiste est soutenue par plusieurs facteurs clés. Premièrement, le programme de reconstruction sur cinq ans des régions sinistrées par le séisme d’Al Haouz devrait générer une demande accrue de ciment. Deuxièmement, le développement des infrastructures routières, hôtelières, et sportives, en préparation de la CAN 2025 et de la Coupe du monde 2030, est attendu pour stimuler la demande dans le secteur de la construction.
De plus, la mise en service de la nouvelle cimenterie d’Agadir-Souss, avec une capacité de production de 1,6 million de tonnes par an, devrait renforcer la position de LafargeHolcim dans le sud du Maroc. Le groupe prévoit également de développer ses exportations de clinker et de ciment vers l’Afrique de l’Ouest et l’Amérique du Sud à travers sa filiale LHM Afrique. Enfin, LafargeHolcim Maroc est bien positionné pour participer à des grands projets d’infrastructure, tels que la construction de ports, de parcs éoliens, et de grands barrages.
Performances de Ciments du Maroc
Ciments du Maroc, filiale du groupe HeidelBergCement, est le deuxième cimentier du Maroc et le premier opérateur dans le béton prêt à l’emploi et les granulats. En 2023, le groupe a affiché une hausse de 6,5% de son chiffre d’affaires, atteignant 4.333 MDH.
Cette progression résulte d’une augmentation des volumes de vente dans tous les segments d’activité par rapport à l’exercice précédent. Le résultat d’exploitation a également augmenté de 7,6%, s’élevant à 1.428 MDH, tandis que le RNPG a progressé de 7,2%, passant de 905 MDH en 2022 à 970 MDH en 2023. Pour les années à venir, MSIN anticipe un TCAM de 4,9% pour le chiffre d’affaires de Ciments du Maroc sur la période 2024-2028.
Cette prévision repose sur plusieurs initiatives stratégiques. Le groupe prévoit de bénéficier du programme d’aide au logement, qui vise à stimuler le secteur immobilier dès 2024. De plus, l’unité de broyage de clinker à Nador devrait renforcer l’implantation de Ciments du Maroc dans le Nord du pays. L’exportation de clinker est également prévue pour devenir un relais de croissance important pour le groupe. En outre, le développement de l’activité de granulats, en lien avec l’extension des principales carrières à Benslimane et Ouled Abbou, ainsi que la remise à niveau de la carrière d’Ait Baha et de la station de concassage à Oued Souss, devrait contribuer à la croissance du groupe.
Perspectives globales
Le secteur cimentier a traversé des périodes de volatilité au cours des dernières années, influencées par des facteurs tels que la hausse des coûts de l’énergie et des matériaux, ainsi que des difficultés d’approvisionnement. En 2022, les ventes de ciment au Maroc ont baissé de 10,6%, suivies d’une quasi-stagnation en 2023 avec une croissance de seulement 0,2%.
Cependant, les perspectives pour les années à venir semblent plus favorables grâce à l’amélioration attendue de la conjoncture économique et à la mise en œuvre de projets d’infrastructure majeurs. Le lancement de grands projets, comme la reconstruction des régions touchées par le séisme d’Al Haouz et les préparatifs pour la CAN 2025 et la Coupe du monde 2030, est un facteur clé qui devrait stimuler la demande de ciment dans les années à venir.
De plus, la mise en service de nouvelles cimenteries et l’expansion des capacités de broyage, comme la cimenterie d’Agadir-Souss et l’unité de broyage à Nador, sont des initiatives majeures visant à augmenter la production et répondre à la demande croissante. Par ailleurs, les entreprises marocaines de ciment se tournent de plus en plus vers les marchés internationaux, notamment en Afrique de l’Ouest et en Amérique du Sud, pour diversifier leurs sources de revenus et augmenter leurs exportations.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO