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Marché à terme : les boursicoteurs prompts à dégainer le portefeuille?

Parmi les arguments avancés pour le lancement du marché à terme, figure l’élargissement de la base des investisseurs. Désormais, ces derniers disposent d’un levier puissant pour s’engager dans les fluctuations du marché. Mais qu’en est-il des petits porteurs? 

Le lancement du marché à terme par la Bourse de Casablanca offre aux investisseurs un nouvel arsenal pour affronter les incertitudes économiques. Dans un contexte où l’aversion au risque se renforce et où certaines classes d’actifs subissent des pressions sous l’effet du ralentissement conjoncturel, cette plateforme d’instruments dérivés se présente comme une opportunité pour les particuliers actifs prompts à anticiper les fluctuations.
«Notre objectif commun est que le marché des capitaux devienne compétitif pour contribuer davantage au financement de l’économie réelle», expliquait récemment Abderrahim Bouazza, directeur général de Bank Al-Maghrib, lors du lancement du marché à terme.
Cette réforme, poursuit-il, vient «compléter les autres réformes réalisées au cours des deux dernières décennies», avec la perspective, in fine, de «développer des capacités permettant de relever les nouveaux défis» auxquels fait face le système financier.
Cette nouvelle dynamique, portée par les instruments de couverture, pourrait bien élargir le profil des investisseurs sur le marché.
«Divers sous-jacents boursiers seront introduits, ciblant en particulier les institutionnels et les entreprises», explique Ikhlas Mettioui, directrice de la Gestion d’actifs et de la Protection de l’épargne à l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC), lors d’une conférence organisée récemment par l’ASFIM.
Les produits dérivés sur matières premières devraient également faire leur entrée, un élargissement de l’offre qui, selon Ikhlas Mettioui, «devrait attirer de nouveaux opérateurs». Longtemps réservé aux professionnels, ce marché offre désormais la possibilité de sécuriser ses positions ou de spéculer avec une plus grande agilité.
Comme le rappelle Farid Mezouar, directeur exécutif de FL Markets, «le marché à terme va dynamiser les échanges même lorsque les perspectives de hausse sont limitées», car il rend possible des stratégies variées, que ce soit pour se couvrir ou pour tirer profit de la baisse anticipée d’un actif.
Ainsi, au lieu de simplement alléger son portefeuille en cas de prévisions pessimistes, un investisseur averti peut, par exemple, engager une vente à terme, ce qui introduit une nouvelle dynamique dans l’écosystème boursier national. Une démarche qui s’avère après coup porteuse de transformations pour l’ensemble des acteurs, depuis les sociétés de gestion et de bourse jusqu’aux investisseurs, qu’ils soient institutionnels ou particuliers.
Opportunité d’une spéculation
«Pour les institutionnels, c’est un outil essentiel pour se prémunir contre les soubresauts du marché, en positionnant des ventes à terme en vue de se prémunir contre les tendances baissières. Quant aux particuliers en quête de gains potentiels, ils peuvent y voir l’opportunité d’une spéculation», confie un analyste du marché. Toutefois, pour que ces opportunités se concrétisent pleinement, la capacité du marché à maintenir une liquidité suffisante demeure une condition sine qua non.
Pour les petits porteurs, la question de la liquidité du marché demeure cruciale. Un marché de contrats à terme, en effet, ne peut prospérer sans un flux de transactions qui limite les écarts de prix avec les valeurs de référence. Cela suppose un soutien actif des banques d’affaires et autres market makers, prêts à assurer cette continuité de marché.
Cela dit, ce nouveau dispositif permet aux particuliers d’envisager des positions plus audacieuses, en prenant soin de suivre les fluctuations qui déterminent l’appel de marge, mécanisme essentiel pour éviter des pertes démesurées en cas de fortes turbulences. Et si le marché à terme, par nature, donne une plus grande marge de manœuvre, il peut se retourner en piège s’il est mal utilisé. «Les boursicoteurs auront besoin d’un intermédiaire et surtout d’un accompagnement, car ces produits demeurent sophistiqués», estime le directeur exécutif de FL Markets.
En effet, les règles strictes de couverture et de liquidations quotidiennes appellent les investisseurs à une gestion prudente de leurs positions, un défi qui exige à la fois rigueur et expérience.
«Encore faut-il rappeler qu’il s’agit là d’un outils destiné, avant tout, aux investisseurs institutionnels», confie un analyste auprès d’une société de bourse.
Cependant, pour les petits investisseurs, le marché à terme présente une barrière à l’entrée. Il impose, d’une part, le recours aux négociants ou sociétés de bourse, et, d’autre part, une compréhension technique et un goût prononcé pour le risque.
Ayoub Ibnoulfassih / Les Inspirations ÉCO


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