Maghreb Steel revient de loin
Le fleuron national de la sidérurgie, sort peu à peu du rouge. Après avoir frôlé la faillite, le sidérurgiste remonte la pente et se projette dans l’avenir.
Le nouveau management sied à Maghreb Steel. Au bord du gouffre et menacé de cessation d’activités jusqu’à il y a peu, ce fleuron national de la sidérurgie est non seulement arrivé à redresser la pente, mais envisage de s’engager dans des investissements d’avenir qui devraient porter l’activité à des seuils inédits. Une source qui requiert l’anonymat a confirmé aux Inspirations ÉCO que Maghreb Steel entend revenir aux devants de la scène industrielle en investissant simultanément dans des secteurs en pleine effervescence, avec l’objectif de se greffer aux écosystèmes industriels aujourd’hui porteurs de forte croissance. Résultat de l’enclenchement d’un plan de redressement extrêmement coûteux, dont 6 MMDH investis dans une nouvelle aciérie et deux laminoirs à chaud pour mettre à niveau la capacité de production de la société et l’alignement de la qualité des produits conçus avec les exigences du marché, la courbe ascendante qu’adopte le sidérurgiste doit sa vigueur au repositionnement stratégique opéré dans le but de tirer profit des mesures de sauvegarde appliquées en sa faveur.
En effet, protégé contre les tôles en acier laminé à chaud originaires des pays de l’Union européenne et de la Turquie, Maghreb Steel a pu limiter la casse tout en développant sa riposte et celle-ci est intéressante à plus d’un titre : L’aciériste marocain a décroché la certification ISO TS 16949 auprès du Bureau Veritas, une confirmation du niveau de qualité des produits exigée par les constructeurs automobiles.
À l’évidence, Maghreb Steel entend intégrer le club très fermé des fournisseurs du secteur automobile, et diversifier ainsi ses activités de la manière la plus efficace qui soit. Cette année, Maghreb Steel investira quelque 100 MDH pour préparer la fourniture du futur site de PSA à Kénitra. Maghreb Steel le sait. «Nous n’avons pas droit à l’erreur», confirme notre source, qui explique que «cette diversification osée du cœur de métier de la société multiplie les chances de succès et les risques d’échec. Mais grâce à la maîtrise des investissements mobilisés et la prudence stratégiques adoptée, il est très peu probable que Maghreb Steel fasse un faux pas». Il faut savoir que, pour pouvoir faire partie du cercle des fournisseurs des constructeurs automobiles, il ne suffit pas d’améliorer ses procédés, mais d’opérer des changements de fonds au niveau de paramètres très élevés en termes d’outils utilisés, de processus de développement des produits et de durées de résolution des écarts pendant la production.
Positionnement sur le marché africain
C’est ce à quoi correspond la certification ISO TS 16.949 et pour laquelle Maghreb Steel a bataillé si dur. Par ailleurs, le succès de l’alliance Maghreb Steel/Aïn Jemaa Construction, relatif à la construction de 3 résidences R+3 à Laâyoune, met le sidérurgiste dans une position privilégiée sur le marché africain, un segment visé prioritairement par Aïn Jemaa Construction qui construit son offre sur la qualité de l’acier galvanisé produit par Maghreb Steel, et à base de quoi ses projets de logements sociaux seront faits. Et pour se donner les moyens de ses ambitions, Maghreb Steel compte lancer, courant 2017, la construction d’une unité industrielle dédiée à la production d’ossatures d’habitation à base d’acier galvanisé.
De plus, le sidérurgiste s’ouvre à la formation supérieure en s’alliant à des instituts de renom tels que Centrale Casablanca afin de former des ingénieurs qu’il entend recruter et déployer sur ses nouveaux relais de croissance pour garantir leurs succès. À l’évidence, tout est mis en œuvre pour redonner une jeunesse au sidérurgiste, qui ne compte pas pour autant changer d’activité dans l’hypothèse où ses nouvelles activités porteront suffisamment sa croissance pour absorber les investissements engagés.
La raison est que l’exercice 2016 a été résilient pour la société, avec un EBITDA positif à près de 200 MDH, le premier depuis des années. Une performance d’autant plus impressionnante que Maghreb Steel, dans ses plans prévisionnels, ne s’attendait à voir du vert dans ses chiffres qu’à partir de 2022. Et si l’année passée a été si bonne, c’est parce que le sidérurgiste a réussi à obtenir les validations qualité et pricing de Siemens pour intégrer son acier parmi les inputs du programme éolien de 850 MW remporté récemment par un consortium mené par l’énergéticien de SNI, Nareva Holding. Maghreb Steel, unique producteur d’acier plat au Maroc, se greffe ainsi à l’écosystème des énergies renouvelables, avec un contrat représentant une livraison de 60.000 tonnes d’acier pour la construction de lames d’éoliennes.