Éco-Business

Les maillons forts et les points faibles

Le Plan d’accélération industrielle (PAI) a soufflé sa 4e bougie, donnant l’occasion à Toulouse Business School (TBS) d’inviter les acteurs du secteur industriel marocain, à partager un premier bilan de ce programme avec l’opinion publique, d’analyser ses points forts et décortiquer les écueils susceptibles de rendre sa réussite partielle.

 
Satisfaisant pour les uns, mitigé pour les autres, le bilan du PAI est sujet à des lectures multiples suivant le positionnement de l’analyste. Pour mettre en lumière les deux facettes de ce bilan,Toulouse Business School-Casablanca a organisé lundi dernier, dans le cadre de son cycle de conférences, une rencontre sur la thématique «Plan d’accélération industrielle au Maroc: quel premier bilan et quelles perspectives ?». 

Quelques heures durant, l’école a servi d’agora à Othman El Firdaous, secrétaire d’État chargé de l’Investissement auprès du ministre de l’Industrie, l’Investissement, le Commerce et l’Économie numérique, Mohamed Benmoussa, économiste et militant politique et associatif, Khalid Benomar, conseiller du chef de gouvernement, et Mehdi Touassi, journaliste et animateur de cette rencontre, pour confronter leurs avis sur ce plan devant un public éclairé. 

Entré en vigueur en 2014, le PAI prévoit à l’horizon 2020, la création d’un demi-million d’emplois, pour moitié provenant des IDE et pour moitié du tissu industriel national rénové, l’accroissement de la part industrielle dans le PIB de 9 points, passant de 14 à 23% en 2020, et enfin, l’équilibration de la balance commerciale en tablant sur 100 milliards de DH comme chiffre d’affaires à l’export d’ici 2020. 

Un bilan positif pour le ministère

«À mon sens, le premier bilan est globalement positif, et nous allons tout mettre en œuvre pour atteindre ces 3 objectifs d’ici 2020, date butoir du plan», a souligné Othman El Firdaous. Pour ce qui est du bilan, les données à fin 2017, font ressortir une accélération de création d’emplois avec un rythme annuel moyen de plus de 25.000, passant ainsi de 3.738 emplois industriels créés en 2015 à 46.036 en 2017, soit une évolution de 40%. Cette tendance continuera à la hausse, profitant de l’évolution du secteur automobile qui s’assigne pour objectif de produire 1 million de voitures à l’horizon 2025. En termes d’exportations manufacturières, ce secteur est le premier exportateur depuis quatre ans. Statistiquement parlant, il y a eu 12 MMD restés localisés sur le territoire marocain, 30 MMD en 2016, et un peu plus de 40 MMD en 2017, avec respectivement un taux d’intégration de 30% en 2014, 50 en 2016 et 55 en 2017. 

Un bilan mitigé 

Tout en soulignant l’importance de la stratégie industrielle pour le développement du Maroc et rappelant son ancrage dans l’histoire du pays, Mohamed Benmoussa est revenu sur le bilan comme présenté par Othman El Firdaous, en y apportant un regard critique. 

Pour Benmoussa, «Le bilan du PAI est mitigé, car sur les trois objectifs du plan, nous en avons atteint un seul: le développement des exportations, en l’occurrence. En revanche, en termes de création d’emplois et de contribution au PIB, nous sommes très en deçà de ce qui a été fixé; puisque la création dans le secteur industriel est comprise actuellement entre 8.000 à 15.000 emplois; ce qui rend impossible la réalisation du premier objectif qui est de créer 500.000 emplois d’ici 2020. En plus, la part de l’industrie dans le PIB national reste scotchée autour de 16% maximum, alors que l’objectif est d’atteindre 23% à l’horizon 2020». 

Par ailleurs, El Firdaous a précisé que, dès la conception du PAI 2014-2020, l’objectif de création de 500.000 emplois industriels s’entendait «brute» et non pas «nette». «La raison en est que fixer des indicateurs clés de performance (KPI) en termes d’impact indirect ou direct au niveau des destructions d’emplois, n’aurait pas beaucoup de sens pour une politique publique qui cherche à dynamiser les créations d’emplois; à fortiori dans des périmètres qui se trouvent en dehors de celui de l’enquête du ministère (Artisanat ou informel…) : dans des périmètres géographiques qui sont moins concernés, le monde rural en l’occurrence», explique-t-il. De ce fait, cette enquête, dite MICEN, exclut les industries manufacturières informelles, les industries de transformation (électricité, eau, énergie, mines) et l’artisanat.

Enfin, les invités se sont mis d’accord sur la nécessité de consolider les fondements de l’édifice industriel en place, afin d’exploiter -de manière optimale- le potentiel industriel du pays qui se situe favorablement à la croisée de l’Europe, l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Amérique. Ceci se concrétisera à travers l’ouverture sur de nouvelles perspectives et l’adoption de nouvelles technologies, dont l’industrie 4.0.

 

 


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