Les assureurs afro-asiatiques déplorent les nouvelles mesures protectionnistes
Les barrières à l’entrée reviennent progressivement sur le devant de la scène économique internationale au cours des dernières années. S’agit-il d’un éventuel retour au «protectionnisme»? Des experts chevronnés saisissent l’occasion de la 26e Conférence de la Fédération afro-asiatique d’assurance et de réassurance (FAIR) pour décortiquer ce sujet d’actualité criante.
Abritée par la ville ocre, du 23 au 25 septembre, sous le thème «Les nouvelles barrières économiques dans les marchés afro-asiatiques des assurances», la 26e Conférence de la FAIR est une rencontre d’envergure mondiale qui réunit plus de 1.000 participants représentant les compagnies d’assurances et de réassurances d’Asie, d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Europe. Le choix de cette thématique ne doit rien au hasard ! En effet, la croissance en Afrique et en Asie, est freinée aussi bien par les différents défis économiques que par les obstacles législatifs. Pour preuve, certains gouvernements instaurent de nouvelles mesures économiques de protection.
«Cette 26e édition de la Conférence de la FAIR se tient dans un contexte mondial marqué par des tensions géopolitiques, les guerres commerciales et le retour d’un certain nombre de mesures protectionnistes. Pour les pays émergents, développer de nouvelles opportunités est tributaire de déploiement de synergies, particulièrement dans le secteur d’assurance et de réassurance», a déclaré Abdellatif Zaghnoun, directeur général de la Caisse de dépôt et de gestion. Et d’ajouter : «Toutefois cette volonté de collaboration peut se heurter à des barrières, notamment économiques, au sein de secteur afro-asiatique de l’assurance et de la réassurance. Ce qui peut rendre moins compétitive l’offre de services entre les assureurs des pays membres de la FAIR».
Dans cette perspective, les compagnies d’assurances afro-asiatiques sont appelées à se regrouper et à tisser des alliances solides. Selon Zaghnoun, le secteur afro-asitique de l’assurance affiche une bonne santé, et il pourrait aller encore plus loin, si la coopération entre les assureurs des deux continents est appuyée par des mécanismes de collaboration plus efficients, assurant la couverture des différents risques, tout en visant la diversification de l’offre. Adel Mounir, secrétaire général de la FAIR, confirme, pour sa part, que «les problèmes géopolitiques se répercutent sur le plan économique par l’adoption de nouvelles barrières économiques. Malheureusement, les mesures protectionnistes sont adoptées de plus en plus au sein de nos marchés. Et avec le développement accéléré de plusieurs branches comme l’intelligence artificielle, le secteur des assurances connaîtra d’importants changements au cours des 20 prochaines années». Modernisation, gestion des risques de souscription, amélioration des compétences, les implications en termes d’avancement technologique…, les défis auxquels sont confrontés les assureurs sont plus nombreux que jamais. La FAIR s’impose ainsi comme une plateforme pour le renforcement de cet effort collectif pour mieux concrétiser les objectifs communs.
L’Afrique offre de réelles opportunités
Fassi Fehri, directeur général de la Société centrale de réassurances (SCR), hôte organisateur de FAIR 2019, précise quant à lui que «cette réunion est une importante étape vers l’avenir, non seulement dans nos pays respectifs, mais aussi au développement à long terme d’une coopération transcontinentale durable et efficace. C’est une occasion pour identifier les solutions qui nous permettront de jouer un rôle important en termes de sécurité et de mobilisation des économies dans notre région. Notre région a un grand potentiel de croissance pour les vingt prochaines années. Mais elle fait aussi face à d’importants défis, souvent démographiques, environnementaux, financiers et politiques». Force est de souligner que le secteur des assurances africain accuse toujours un grand retard, vu sa taille relativement modeste. Si l’Afrique abrite 16% de la population mondiale, elle se satisfait de 1,4% du marché mondial des assurances. En effet, le secteur ne génère que 67 Mds de dollars en Afrique, alors que le marché mondial des assurances pèse près de 5.000 Mds de dollars. Nombreux sont les facteurs qui jouent à l’encontre du développement de cette branche, notamment la petite taille de l’économie africaine, soit seulement 2,8 du PIB mondial et la prédominance des faibles revenus.