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Le roi fixe le cap pour une Afrique prospère

Le souverain a expliqué que la corruption retarde l’intégration économique du continent sans être pour autant une fatalité. Une vision africaine commune est nécessaire pour limiter drastiquement l’impact du phénomène sur le décollage économique du continent.

Le discours adressé par le roi Mohammed VI à la 31e session ordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine, qui s’est ouverte dimanche à Nouakchott, porte des messages forts. C’est un plaidoyer en faveur d’une lutte sans merci contre la corruption qui retarde le décollage économique de l’Afrique. Car, malgré un taux de croissance moyen de 5,5% entre 2005 et 2015 contre 1,5% en Europe, le continent souffre d’une perte de vitesse due à la corruption qui le ronge.

Selon la Banque africaine de développement (BAD), la corruption coûte 148 milliards de dollars par an à l’Afrique auxquels s’y ajoutent 60 milliards de dollars de flux financiers illicites. Un manque à gagner pour un espace économique et commercial qui devrait représenter à l’avenir cette bouffée d’oxygène dont l’économie mondiale aura besoin. Le roi a, d’entrée de jeu, mis les choses dans leur contexte en évoquant la mise en place d’une Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) offrant un cadre exceptionnel de dynamisation des échanges. Cette zone figure en pôle position parmi les objectifs de l’Agenda 2063 de l’UA. Un projet en discussion depuis 2012 qui devrait avoisiner 2.500 milliards de dollars de PIB cumulés. Et le souverain d’attirer l’attention des participants au sommet que cette dynamisation institutionnelle en cours «masque malaisément une réalité moins radieuse. Trop d’entraves et de difficultés, minent encore les efforts, qui conduiront à l’émergence».

Parmi ces obstacles, la corruption déploie sa chape de plomb sur les bonnes volontés. Fort opportunément, le souverain a mis en exergue le coût économique du fléau qui grève le pouvoir d’achat des plus pauvres : «Dans certains secteurs d’activité, elle représente 10% du coût de production». Outre l’aspect économique, la corruption, enchaîne le discours royal, pervertit les règles de la démocratie et sape l’État de Droit. Pire encore, elle impacte la qualité de vie en favorisant la criminalité organisée, l’insécurité et le terrorisme.  Il n’en reste pas moins vrai que certains pays africains, dont le Maroc, donnent l’exemple en attaquant le mal à ses racines. Parfois, ces pays africains font mieux que certains pays dits «développés». Le roi n’a pas manqué à ce propos de mettre en avant l’expérience marocaine en la matière (voir encadré). Néanmoins la mutualisation des efforts et des expériences est nécessaire aujourd’hui pour avoir une vision africaine commune. Le souverain a mis l’accent sur cette incontournable synergie pour venir à bout d’un phénomène tentaculaire qui n’est pas uniquement cantonné en Afrique. Sans faire de différenciation, la corruption touche aux pays du Nord comme ceux du Sud, menaçant ainsi de mettre en péril la réalisation des ODD (Objectifs du développement durable). Ceci étant, la corruption, comme l’a indiqué le roi dans son discours, n’est pas une fatalité africaine : «Il est possible de faire face à la corruption grâce aux efforts soutenus de l’action publique, et à la nécessaire implication civique». 


Horizon 2025

Après la ratification en 2007 de la Convention des Nations Unies contre la corruption, le royaume s’est investi dans une dynamique institutionnelle et juridique pour se mettre au diapason des standards internationaux. En 2015, la Stratégie nationale de lutte contre la corruption a vu le jour, suivi de la création de la Commission nationale anticorruption. Cette dernière est la cheville ouvrière à laquelle incombe la déclinaison de la stratégie qui vise à l’horizon 2025 à «inverser la tendance de manière visible et irréversible». Il y va du climat des affaires et avant cela de la confiance que les citoyens devraient avoir dans les institutions. Vient ensuite, l’Instance nationale de la probité, de la prévention et la lutte contre la corruption dont les prérogatives ont été récemment élargies et sa mission de veille renforcée.


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