Éco-Business

Le port de Melilla “coule”

Les autorités de l’enclave veulent faire croire que la fermeture de la douane serait à l’origine de la chute de l’activité commerciale du port, alors que les patrons pointent du doigt la gestion désastreuse de la frontière. 

Les opérateurs économiques de la ville tirent la sonnette d’alarme. Le port de Melilla traverse ses pires moments. La situation a interpellé les journaux espagnols de diffusion nationale «Le port de Melilla, victime du blocage commercial avec le Maroc», a titré ABC, le quotidien proche de la droite et du parti populaire.

Selon l’auteur de l’article, «le durcissement des conditions aux frontières entre le Maroc et l’Espagne», a porté un sévère coup aux activités commerciales du port de Melilla. Or, comme le note bien l’article en question, ce fléchissement des activités commerciales du port n’est pas causé que par la fermeture unilatérale de la douane commerciale, comme le veut faire croire le gouvernement local de la ville. La décision marocaine pourrait avoir contribué à cette inflexion du trafic commercial du terminal de Melilla, toutefois l’hémorragie a commencé quelques mois auparavant. Et la colère monte chez les dockers du port de Melilla, lesquels ont appelé le gouvernement de Melilla à réagir pour éviter la perte de plusieurs postes de travail. En attendant, l’infrastructure portuaire de Melilla continue sa dégringolade. Selon les statistiques, environ 149.024 tonnes ont transité par cette plateforme portuaire de janvier à octobre 2018, un résultat en baisse de 38,59%.

De plus, durant les dix premiers mois de l’année, 19.260 conteneurs ont été transbordés dans ce port. Soit une baisse de 39.09%, en comparaison avec la même période en 2017. Ces données prouvent que la dégringolade a commencé bien avant la fermeture du poste douanier de Bni Nsar en août dernier. La cause principale serait l’adoption de la mesure visant la réorganisation des horaires de passage des porteurs, lancée en 2017, estiment le syndicat des dockers de Melilla. La réduction du temps de passage des porteurs et la diminution du volume des fardeaux, ont provoqué la baisse de l’activité commerciale, et ce bien avant la fermeture dudit poste-frontière. Selon ce qu’a déclaré le président du syndicat des ouvriers portuaires de Melilia, José Martinez Lavaro, au journal ABC, ces mesures ont donné lieu à des décisions arbitraires aux frontières, et de facto à la baisse de l’activité commerciale au port d’où la marchandise tardait à être déchargée. Comme le souligne si bien le journal conservateur, le fléchissement du flux commercial de l’établissement a démarré avec les nouvelles restrictions imposées par le gouvernement local. Certes, le gros lot des chargements, à savoir 70% des marchandises débarquant au port, est acheminé vers le Maroc mais le représentant des dockers est catégorique : c’est la restructuration de la frontière qui a porté l’estocade à l’activité portuaire et non pas la fermeture de la douane.

À souligner que le parti local CPM avait mis en garde contre la fuite des entrepreneurs de l’enclave vers Nador, pour contourner la décision de la fermeture du poste douanier. Comme nous l’avions déjà annoncé, des entrepreneurs ont déjà commencé à transférer leur activité à Nador. À rappeler qu’une réunion devrait avoir lieu le 15 décembre à Madrid entre les autorités espagnoles et marocaines, pour mettre au point une solution qui profite aux deux parties. Toutefois, les opérateurs estiment qu’elle se soldera par un échec, estimant qu’il s’agit d’une «décision politique» des autorités marocaines. 


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