Le plan d’action du nouveau «Monsieur Afrique»
Après des études en finance, Laaziz Kadiri se lance dans l’entrepreneuriat et le conseil au Maroc, au Moyen-Orient et en Afrique. Par la suite, il fonde LK invest et collabore avec de nombreux États africains dans la mise en place de projets structurants. Aujourd’hui, il est le nouveau «Monsieur Afrique» de la CGEM. Ses priorités sont multiples.
Les Inspirations ÉCO : Ces dernières années, l’Afrique est montée en puissance dans les activités de la CGEM. Comment comptez-vous maintenir le rythme, voire faire mieux ?
Laaziz Kadiri : Tout d’abord, je tiens à rendre hommage à l’ancienne présidente de la CGEM, Miriem Bensaleh et à mon prédécesseur, Abdou Diop, pour la qualité de leur travail et leur dynamisme sur le continent africain. Il nous appartient aujourd’hui d’ouvrir de nouveaux chantiers pour renforcer la présence marocaine en Afrique en faveur d’une meilleure coopération Sud-Sud dans le cadre de partenariats «win-win» avec les autres pays africains frères. L’impulsion donnée par sa majesté le roi en Afrique doit continuer de trouver écho auprès du secteur privé marocain. Sur le plan pratique, la CGEM est appelée à continuer sa collaboration avec les pays où nous sommes présents et multiplier les signatures de conventions de collaboration avec de nouveaux pays. Le rôle de la commission, que j’ai l’honneur de présider, est de rythmer la démarche africaine de la CGEM. Sous la direction du président Salaheddine Mezouar, qui est l’un des meilleurs connaisseurs et experts du continent africain, je souhaite l’aider à consolider, développer et renforcer la synergie mise en place sur le continent. Et d’élargir nos horizons: nous n’avons pas encore fait le tour de l’Afrique !
Comment la CGEM compte-t-elle appuyer les dossiers d’adhésion du Maroc à la CEDEAO ?
La CGEM a déjà entamé une tournée africaine en passant par Accra, Dakar, Abidjan en collaboration avec l’Institut Amadeus, qui doit se poursuivre. Nous disposons de bonnes relations tant sur le plan politique qu’économique avec de nombreux pays moteurs de l’intégration régionale, mais il existe une méconnaissance entre certains pays de la CEDEAO et le Maroc. Le secteur privé doit adopter une démarche d’écoute respective et attentive et ouvrir un dialogue franc et ouvert afin de mieux présenter aux opérateurs économiques de ces pays-là les opportunités et les atouts d’une plus grande collaboration avec le secteur privé marocain. Une adhésion du Maroc à la CEDEAO serait profitable à l’ensemble des pays africains.
Il était question dans le programme du binôme
Mezouar-Mekouar de créer un Club Afrique à la CGEM. De quoi s’agit-il exactement et qui le composera ?
Le Club Afrique est une nouvelle structure qui sera dédiée aux investisseurs marocains en Afrique et aux investisseurs africains au Maroc. Ce club doit permettre d’élargir le co-investissement dans les deux sens : du Maroc vers les autres pays africains et des autres pays africains vers le Maroc. Il s’agit d’un espace qui va réunir toutes les forces vives dans le but d’échanger, de partager des expériences et d’engager des réflexions profondes autour des problématiques et des atouts de notre continent. Ce club a pour ambition d’être un véritable centre d’expertise à la disposition des entreprises pour les guider dans leurs choix d’investissements.
Quels sont les vrais obstacles à l’expansion économique du Maroc sur le continent ?
Les véritables obstacles sont liés aux problèmes structurels de certains pays. Les lois, la réglementation, les lourdeurs administratives sont autant de facteurs qui peuvent dissuader certaines entreprises marocaines d’investir en Afrique. Les secteurs privés africains ont pour rôle de sensibiliser les gouvernements à l’importance de réformer l’administration afin qu’elle ne soit pas un frein mais un véritable partenaire qui s’engage pour attirer de nouveaux investisseurs sur le continent.
Que prévoyez-vous pour faciliter l’inclusion des PME dans la stratégie Afrique du Maroc ?
Notre président Salaheddine Mezouar a mis la PME au coeur de son programme «Élan pour tous» et de son mandat. C’est la priorité des priorités. La PME doit s’inscrire dans notre politique africaine. Nous planifions d’engager des discussions avec les ministères des Affaires étrangères et du Commerce extérieur ainsi que l’AMDIE (Agence marocaine de développement des investissements et des exportations) pour mettre en place un fonds à même de financer des études de faisabilité au profit des PME désireuses de s’implanter en Afrique. D’autre part, il faut que les PME et les TPE puissent s’inscrire dans le sillage des grands groupes marocains déjà présents en Afrique. L’Afrique n’est pas l’apanage des grands groupes uniquement. Il faudra inciter les grandes entreprises marocaines à faire appel davantage aux PME et TPE qui opèrent dans la chaîne de valeurs de ces grands groupes. Il faudra néanmoins envisager de bons partenariats dans une logique «win-win» entre les PME marocaines et les PME des autres pays africains pour favoriser leur co-émergence et leur compétitivité.
D’autres actions sont-elles prévues dans l’immédiat par la Commission Sud-Sud Afrique ?
Nous travaillons à l’édition d’une publication qui résumera ce qui a fonctionné pour les entreprises marocaines en Afrique ainsi que les défaillances et les failles observées. Il faudra identifier également les risques et les nouvelles opportunités et mettre tout cela à la disposition des entreprises afin qu’elles soient outillées au mieux pour relever les défis du continent africain.