Le PDG d’Alstom livre ses ambitions pour le Maroc
Le Groupe Alstom bascule progressivement vers le tout intelligent et le tout électrique. En perspective du prochain Salon de l’union internationale des transports publics (UITP), l’entreprise a dévoilé, mardi dernier à Paris, plusieurs nouvelles technologies industrielles et software en termes de transport urbain. L’occasion pour Henri Poupart-Lafarge, PDG d’Alstom, de livrer ses ambitions pour le Maroc et l’Afrique.
Alstom ne doit pas seulement fournir du matériel roulant, des services et de la signalisation, mais aussi offrir des solutions de mobilité à un monde en profonde mutation», résume Henri Poupart-Lafarge, président-directeur général d’Alstom à l’occasion de la conférence de presse tenue jeudi 27 avril à la Cité du cinéma à Paris.
Dans ce sens, le groupe français a dévoilé de nombreuses innovations digitales confirmant la diversification hors du secteur ferroviaire, avec le bus électrique Aptis ou l’investissement dans les véhicules sans pilote ou encore dans des solutions de gestion de trafic ou des systèmes de supervision multimodale. «Des innovations qui ne visent pas seulement les pays les plus développés au niveau de leur système de transport urbain, mais qui peuvent également servir les pays dont le secteur est toujours en cours de développement», précise Poupart-Lafarge.
La multimodalité, incontournable
Ainsi, certaines solutions peuvent notamment servir pour répondre à la problématique du transport dans certaines grandes agglomérations, notamment au Maroc. «La question du bus par exemple demeure très compliquée au Maroc. Il faut notamment penser à développer des feeders, soit des lignes qui permettront de nourrir le tramway. La question de la structuration du réseau reste clé dans la gestion globale du transport», explique le PDG d’Alstom. Certaines solutions proposées par Alstom sont à ce titre intéressantes. C’est le cas du système de supervision Mastria qui permet le suivi en temps réel des activités de transport dans une ville permettant, grâce à la remontée d’information, de proposer des alternatives pour les choix de modes de transport, alerter les pouvoirs publics concernant des questions de sécurité ou encore anticiper des bouchons…«Or, pour que l’on ait un système comme Mastria, il faut qu’il y ait une autorité qui chapeaute tous les modes de transport, une sorte d’autorité de régulation. Cela fait partie des évolutions administratives qui sont encore à discuter».
Appels d’offres : Alstom s’active
«Le Maroc est un pays extrêmement stratégique pour nous et nous voulons participer à plusieurs appels d’offres actuellement en cours», précise le PDG d’Alstom. Il s’agit notamment de l’appel d’offres sur la livraison de 30 locomotives pour l’ONCF, un autre pour les trains régionaux ou encore du projet d’extension des lignes de tramway. «Nous n’avons d’ailleurs pas encore répondu au marché sur les rames de tramway», affirme Henri Poupart-Lafarge. Certaines composantes de ce dernier appel d’offres nécessitent d’ailleurs une expertise en termes d’exploitation.
Cabliance à cheval entre le Maroc et l’Europe
«Le partenariat avec le Maroc est fort et diversifié». Le PDG d’Alstomparle bien évidemment du partenariat sur le TGV, le tramway, la livraison de locomotive pour l’ONCF et sur la maintenance. «Nous avons livré l’ensemble des rames de TGV et de tramway, aujourd’hui nous suivons de près les nouveaux appels d’offres lancés dans les différents projets», précise Henri Poupart-Lafarge. En attendant, Alstom nourrit de nombreux espoirs pour son unité de production Cabliance implantée à Fès. «Nous voulons aujourd’hui développer cette usine en taille et en capacité. Nous souhaitons offrir aux autorités marocaines et à l’ONCF des solutions adaptées, mais nous visons également l’export». L’objectif étant de faire du Maroc une base non seulement pour le marché marocain, mais également pour le marché européen».
Sur les traces de Renault
Aujourd’hui, près d’un quart des composantes des trains d’Alstom sont achetés auprès de fournisseurs. «Nous cherchons à trouver au Maroc le tissu industriel capable de répondre à nos besoins à ce niveau». L’entreprise française semble en tout cas séduite par la formule développée dans l’automobile et l’aéronautique. «Nous sommes aujourd’hui en train de voir comment le Maroc peut-être une plateforme industrielle complète. C’est ce que nous avons envie de réaliser avec Cabliance». Pour Alstom, l’ambition est de donner à l’installation marocaine une compétence électrique de plus en plus forte à destination d’un marché essentiellement européen. «Cela ne va pas augmenter le taux de localisation d’un train vendu au Maroc mais cela va augmenter fortement notre présence marocaine», affirme le PDG d’Alstom.
Base industrielle vers l’Afrique subsaharienne
«Nous devons renforcer notre présence en Afrique du Nord». Pour Alstom, le marché africain notamment subsaharien est un marché à fort potentiel. Il s’agit également d’un marché vierge puisque plusieurs systèmes urbains restent à adresser d’un point de vue commercial et industriel. «Nous n’excluons pas une implantation au Maroc pour desservir ces marchés. Il faut juste avoir le bon tempo entre la maturité locale et celle du marché. Ça ne sert à rien d’être installé là s’il n’y a pas une vraie demande». L’intégration très poussée d’Alstom dans certains pays comme le Brésil et l’Inde se justifie par l’importante demande exprimée par ces pays. «Lorsque nous vendons un métro au Brésil ou en Inde, 80% de ce dernier est réalisé localement. Nous établissons aujourd’hui une base industrielle très forte en Afrique du Sud. Les autorités de l’Afrique du Sud ont commandé 600 trains, ce qui justifie une implantation». Il faut dire qu’à ce titre, la dynamique africaine est bel et bien déclenchée avec des contrats dans de grandes capitales africaines comme Dakar ou Abidjan, ce qui pourrait constituer un argument en faveur d’une implantation industrielle dans le royaume.