Éco-Business

Le monde de la crypto- monnaie sous le choc

L’Office des changes vient de rappeler que les transactions effectuées via les monnaies virtuelles constituent une infraction à la réglementation des changes. Seulement, les détenteurs disent toujours pouvoir convertir leur portefeuille en devises étrangères.

Le communiqué laconique de l’Office des changes a glacé le monde de la crypto-monnaie. L’institution chargée de la régulation des transferts monétaires a ainsi rappelé que «les transactions effectuées via les monnaies virtuelles constituent une infraction à la réglementation des changes, passible de sanctions et d’amendes prévues par les textes en vigueur». Et d’ajouter: «la réglementation des changes édicte que les transactions financières avec l’étranger doivent être effectuées via les intermédiaires agréés et avec les devises étrangères cotées par Bank Al-Maghrib». Un état de choc dans le microcosme de la monnaie virtuelle, d’autant plus que, le 14 novembre dernier, MTDS, société de services numériques spécialisée dans le digital, la sécurité et le cryptage informatique, introduit pour la première fois au Maroc le paiement de ses prestations par la monnaie virtuelle Bitcoin. Cette dernière est considérée comme «un des modes de paiement innovants et à fort potentiel de croissance pour permettre à nos clients, notamment internationaux, de régler nos prestations directement par Bitcoin à côté des autres méthodes de recouvrement traditionnels tels que le virement et les cartes bancaires locales et internationales». «Néanmoins, il ne faudrait pas que les détenteurs de Bitcoins s’alarment, ils peuvent toujours convertir leur portefeuille en dollar ou en euro, puisque ni les États-Unis, ni la BCE n’ont interdit ce mode de paiement mais, au contraire, l’ont encouragé», assure un crypto-trader. Il s’agit en effet de rappeler que le Maroc n’est pas le premier à entreprendre une telle mesure.

La Thaïlande, la Chine et la Russie font également partie de la liste des réfractaires. Néanmoins, plusieurs acteurs du métier déclarent cette mesure inutile. «Ceux qui achètent de la drogue continueront à la payer en Bitcoins puisqu’ils ne sont pas à un délit près, et les braves gens qui respectent la loi n’utiliseront plus de Bitcoins. Ça ne changera donc rien sur le plan sécuritaire. Il en va de même pour ceux qui pensent qu’il est possible d’interdire les plateformes de vente de drogue en ligne. Elles sont déjà illégales et pourtant, elles sont présentes et tournent à plein régime. Comme les sites de téléchargement illégal, certaines fermeront et d’autres viendront les remplacer», nous explique notre source. «Interdire le Bitcoin, c’est comme interdire le P2P ou les GIF animés».

Au Maroc, les autorités financières ont régulièrement hésité entre l’interdiction, l’indifférence et l’enthousiasme vis-à-vis de cette nouvelle économie qui se met en place. La valorisation du Bitcoin continue pour certains à faire penser à une fièvre irrationnelle, mais il n’en demeure pas moins que la technologie générale qui permet à tout le monde d’échanger des valeurs monétaires en pair-à-pair, quasi-instantanément et à des frais extrêmement modiques, le tout sans tiers de confiance, marque un développement fondamental, réellement révolutionnaire, des principes bancaires tels qu’on les connaît depuis les Médicis. 



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