Le Maroc s’achemine vers une transition énergétique sereine
Le modèle énergétique marocain repose sur deux piliers : les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. Le Maroc a opté pour une politique volontariste en vue de réduire sa dépendance aux énergies conventionnelles et stimuler une économie verte.
Pays faiblement émetteur des gaz à effet de serre mais vulnérable aux effets du changement climatique, le Maroc a entamé sa transition énergétique en faveur du climat en adoptant un modèle basé sur le développement des énergies renouvelables et le renforcement de l’efficacité énergétique. «Il est plus facile de réduire encore plus les émissions de gaz à effet de serre à travers l’efficacité énergétique qu’en ayant uniquement recours aux énergies renouvelables», comme le précise Said Mouline,directeur de l’Agence nationale pour le développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique (ADEREE) et chef de pôle Partenariat Public-Privé du comité de pilotage de la COP22. De grands efforts sont déployés pour développer la part des énergies renouvelables en lançant d’importants projets d’énergie solaire et éolienne. En effet, le Royaume a réussi à transformer ses défis et ses contraintes en opportunités d’investissements.
Les programmes d’investissement envisagés entre 2016 et 2030 porteront sur une capacité additionnelle de production d’électricité de sources renouvelables d’environ 10.100 Mégawatts (MW) dont 4.560 MW de source solaire, 4.200 MW de source éolienne et 1.330 MW de source hydrique. Ce qui permettra de réduire la dépendance énergétique du Royaume qui dépassait les 98% en 2009 à moins de 82% en 2030. Lors de la COP21, l’annonce a été faite dans le discours royal sur la détermination du Maroc à porter la part des énergies renouvelables dans la production de l’électricité à 52% à l’horizon 2030.
Pour concrétiser ce dessein, un investissement de plus de 40 milliards de dollars devra être mobilisé dont les trois quart pour les énergies renouvelables. L’objectif de la vision marocaine porte sur la maîtrise des technologies, la valorisation des ressources énergétiques renouvelables et la lutte contre le changement climatique. Un taux d’intégration industrielle locale minimum de 30% a été prévu dans les cahiers des charges pour la réalisation des programmes d’énergies solaire et éolienne, développés notamment par MASEN. Plusieurs actions ont été entreprises par le Maroc. Les derniers appels d’offres lancés pour le développement des énergies renouvelables et en particulier l’éolien ont permis au royaume d’avoir des prix de production très bas. À cela s’ajoutent les réformes entreprises dans le secteur énergétique notamment l’ouverture du marché de l’électricité dans une vision d’intégration régionale avec les réseaux européens ou subsahariens. Pour répondre aux besoins du marché du travail, le Maroc a entrepris un programme de création d’Instituts de formation aux métiers des énergies renouvelables et de l’Efficacité Energétique (IFMEREE), dont le premier est déjà opérationnel à Oujda.
Sur le plan de la recherche, un complexe «Green Energy Park» s’étalant sur 8 hectares à Benguerir a été réalisé en 2014. Il renferme des laboratoires de pointe et plusieurs plateformes de test et de projets pilotes. S’agissant de l’efficacité énergétique, le Maroc s’est engagé à accélérer la cadence des actions menées à travers une vision stratégique ciblant les secteurs à grands potentiel en terme de consommation énergétique finale, comme le transport qui absorbe 38 % d’énergie, suivi du bâtiment qui consomme le tiers de l’énergie finale, puis l’industrie (21%). Le secteur agricole et l’éclairage sont aussi ciblés par les mesures d’efficacité énergétique. Par ailleurs, la stratégie énergétique nationale repose également sur l’utilisation du gaz naturel. La feuille de route pour la mise en œuvre du Plan national de développement de l’utilisation du gaz naturel, dont la principale composante pour le moment est le gaz naturel liquéfié (GNL) a été lancée en décembre 2014.
Un secteur minier attractif
Au niveau du secteur minier qui contribue à hauteur de 22% des exportations, la production minière s’est élevée à 29,4 millions de tonnes en 2014 et reste dominée à 90% par les phosphates exploitées par l’OCP. Les pouvoirs publics tendent à promouvoir le secteur à travers la stratégie nationale tracée pour le développement du secteur minier portant sur toute la chaine des valeurs de l’industrie minière depuis l’exploration jusqu’à la valorisation et la transformation des minerais. Un nouveau cadre législatif et réglementaire a été mis en place pour rendre le secteur attractif. Les entreprises minières peuvent aujourd’hui produire leurs propres énergies pour subvenir à leurs besoins. Il s’agit notamment du cas d’autoproduction et d’efficacité énergétique de l’OCP et de celui du groupe Managem dont plus de 60% de l’électricité proviennent de l’énergie renouvelable.
Noor Ouarzazate : le plus grand complexe solaire du monde
Etendu sur plus de 3000 hectares, le premier complexe déployé par Masen se trouve à environ 10 kilomètres au nord-est de la ville de Ouarzazet. Le site, le plus grand du monde, sera constitué de quatre centrales solaires multitechnologiques d’une capacité totale de 580 MW développés dans le respect des standards internationaux aussi bien au niveau technologique qu’environnemental. Le complexe est doté de toutes les infrastructures nécessaires, développées par Masen et l’ONEE.