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Le Maroc face au défi de la décarbonation industrielle : une transition ambitieuse vers 2050

Face aux défis du changement climatique et aux nouvelles exigences internationales, le Maroc a placé la décarbonation industrielle au cœur de sa stratégie de développement durable. Loin d’être un simple impératif écologique, cette transition est devenue une nécessité économique pour préserver la compétitivité des entreprises marocaines, notamment face aux réglementations comme le Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) de l’Union européenne.

Dès aujourd’hui, l’industrie nationale se trouve à la croisée des chemins. Entre les impératifs économiques et les exigences environnementales croissantes, le pays doit relever un défi de taille : allier compétitivité et durabilité. Objectif ultime : la neutralité carbone à l’horizon 2050.

Un engagement fort et des enjeux cruciaux
Depuis l’Accord de Paris en 2015, le Maroc s’est engagé à réduire drastiquement ses émissions de gaz à effet de serre (GES). Avec une contribution déterminée (CDN) actualisée en 2021, le Royaume s’est fixé comme objectif de diminuer ses émissions de 45,5% d’ici 2030, dont 18,3% sans conditions et 27,2% dépendant d’un soutien international.

Ces chiffres témoignent de l’ambition du pays, mais soulignent également l’ampleur des efforts nécessaires. En 2022, le secteur industriel représentait environ 25% des émissions totales de GES du Maroc, en grande partie en raison des industries lourdes comme la cimenterie, la sidérurgie et la chimie. Ce constat fait de la décarbonation de l’industrie un pilier central pour atteindre les objectifs climatiques du pays.

Neutralité carbone : un objectif ambitieux mais réalisable
La neutralité carbone d’ici 2050 impose une transformation radicale des modes de production, et le Maroc a élaboré une stratégie ambitieuse pour y parvenir. Leader régional dans les énergies renouvelables, le pays tire parti de sources comme le solaire et l’éolien, qui représentaient déjà 40% de sa capacité électrique en 2023, avec un objectif de 52% d’ici 2030.

Cette transition énergétique s’accompagne d’un encouragement des investissements verts, notamment grâce aux obligations vertes et aux financements internationaux mobilisés avec des partenaires tels que la Banque mondiale et la Banque africaine de développement, afin de soutenir des projets industriels à faible émission de carbone.

Par ailleurs, le Maroc anticipe l’impact du Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) de l’Union européenne, qui, tout en posant un défi pour ses industries exportatrices, constitue une incitation à moderniser ses infrastructures pour les aligner sur les normes internationales.

Des initiatives concrètes
Dans les secteurs clés, des initiatives concrètes illustrent les efforts de décarbonation au Maroc. Dans la filière du ciment, LafargeHolcim Maroc mise sur des technologies de captage de carbone (CCUS) et remplace les combustibles fossiles par des sources alternatives pour réduire significativement ses émissions.

Dans la sidérurgie, Sonasid innove avec des procédés électrométallurgiques alimentés par des énergies renouvelables. Enfin, dans l’automobile, Renault Maroc ambitionne une production zéro carbone sur son site de Tanger grâce à des systèmes énergétiques intégrés combinant solaire, éolien et biomasse.

Un défi économique et social
Malgré les progrès réalisés, la transition vers une industrie verte au Maroc reste un défi économique et social majeur. Les coûts élevés des technologies de décarbonation, particulièrement lourds pour les PME, constituent un obstacle important.

Par ailleurs, cette transformation nécessite une main-d’œuvre dotée de nouvelles compétences, ce qui appelle à des investissements accrus dans la formation. Enfin, l’industrie marocaine doit continuer à se moderniser pour préserver sa compétitivité sur les marchés mondiaux, en s’adaptant, notamment, aux exigences strictes du MACF.

Vers une industrie marocaine durable
Pour réussir, le Maroc mise sur des partenariats public-privé et une collaboration internationale accrue. La récente mise en place de projets pilotes, comme celui du Cluster green H2 Maroc, montre que le Royaume ambitionne également de devenir un leader dans l’hydrogène vert, une technologie prometteuse pour décarboner les secteurs difficiles à électrifier.

La route vers 2050 est semée d’embûches, mais le Maroc prouve que concilier industrie et durabilité est possible. Avec des politiques volontaristes, des financements ciblés et une mobilisation de l’ensemble des acteurs, le pays se positionne non seulement comme un modèle en Afrique, mais également comme un partenaire de choix dans la transition énergétique mondiale. Le défi est colossal, mais l’opportunité est historique.

Le Royaume peut faire de la décarbonation industrielle un levier pour transformer son économie tout en préservant la planète.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO



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