Le deal Saham-Sanlam sauve les IDE au Maroc
Le bon comportement des IDE vers le Maroc en 2018 permet au royaume de conforter son positionnement en Afrique dans les secteurs de la finance et de l’automobile. L’analyse de la CNUCED.
Les flux des investissements directs étrangers (IDE) vers le Maroc ont augmenté de 36% en une année pour atteindre 3,6 milliards de dollars, selon les nouveaux chiffres de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED). Dans son rapport de référence, le World Investment report 2019, l’instance onusienne observe que «le pays continue de bénéficier d’une performance économique relativement stable et d’une économie diversifiée, ce qui attire les investissements étrangers dans la finance, les énergies renouvelables, les infrastructures et l’industrie automobile ». Les performances des IDE vers le royaume ont été dopées surtout par l’opération Saham-Sanlam.
«L’investissement le plus important a été l’acquisition des 53% restants de Saham Finances, premier assureur au Maroc par Sanlam Emerging Markets (Afrique du Sud) pour 1 milliard de dollars », rappelle la CNUCED dans ce nouveau rapport.
En 2017, les IDE vers le Maroc étaient de 2,68 milliards de dollars. En d’autres termes la hausse à deux chiffres de cette année n’est due qu’à l’opération exceptionnelle Saham-Sanlam. Cette attractivité permet au Maroc de se placer au 1er rang en Afrique du Nord et au 2e rang de l’ensemble des pays africains en termes de rythme de croissance IDE pour l’année 2018, derrière l’Afrique du Sud (+168%). En valeur, le Maroc se hisse au 6e rang en Afrique (voir graphique). Les performances marocaines et africaines contrastent avec une évolution mondiale mitigée des IDE. Les flux mondiaux des IDE ont reculé de 13% en 2018, passant de 1.500 milliards de dollars l’année précédente à 1.300 milliards de dollars – soit la troisième baisse annuelle consécutive.
Des régions dynamiques
Le Maroc et le reste de l’Afrique ont échappé au déclin mondial des IDE. Les flux à destination du continent ont atteint 46 milliards de dollars en 2018, soit une augmentation de 11% par rapport à l’année précédente, selon la CNUCED. «La demande croissante de certains produits de base et la hausse correspondante de leurs prix ainsi que la croissance des investissements non axés sur la recherche de ressources dans quelques économies ont été à l’origine de cette hausse», décryptent les analystes de cette agence basée à Genève.
Par pays, certaines grandes économies du continent telles que le Nigeria et l’Égypte ont vu les flux des IDE à leur destination baisser (-8,2% pour l’Égypte). Cette baisse a été compensée par une augmentation des flux d’aide vers d’autres pays, principalement l’Afrique du Sud. Par région, les flux d’IED (Investissements étrangers directs) à destination de l’Afrique du Nord ont augmenté de 7% pour atteindre 14 milliards de dollars. Les flux d’IED à destination de l’Afrique subsaharienne ont augmenté de 13% pour atteindre 32 milliards de dollars et se sont redressés après des contractions successives au cours des deux années précédentes. L’Afrique Australe a connu le plus grand retournement, les flux s’établissant à 4,2 milliards de dollars après un désinvestissement net de 925 millions de dollars l’année précédente. Les IDE sont restés stables à 9 milliards de dollars en Afrique de l’Est, la région du continent où la croissance est la plus rapide. L’Éthiopie a dominé la région alors même que les flux d’affaires dans le pays avaient diminué de 18% pour atteindre 3,3 milliards de dollars. Les flux au Kenya ont augmenté de 27% pour atteindre 1,6 milliard de dollars en raison d’investissements dans divers secteurs, notamment la fabrication, l’hôtellerie, les produits chimiques ainsi que le pétrole et le gaz. Les entreprises multinationales des pays en développement étendent leurs activités en Afrique mais les investisseurs des pays développés restent les principaux acteurs. «D’après les données recueillies jusqu’en 2017, la France est le plus gros investisseur en Afrique même si son stock d’investissements est resté pratiquement inchangé depuis 2013, suivie des Pays-Bas, des États-Unis, du Royaume-Uni et de la Chine», note la CNUCED. La demande croissante et la hausse correspondante du prix des produits de base, dont l’Afrique est un producteur clé, devraient soutenir les flux d’IED vers le continent en 2019.
La ZLECA, un atout pour le Maroc ?
«L’accord sur la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) renforcera la coopération régionale. Ceci conjugué aux perspectives de croissance optimistes est de bon augure pour les flux d’IED vers le continent», a déclaré le Secrétaire général de la CNUCED, Mukhisa Kituyi. Pour la CNUCED, «une intégration régionale plus étroite, facilitée par l’Accord bilatéral de coopération économique peut également attirer d’autres flux d’IED. Bien que les investissements dans le secteur manufacturier et les services soient susceptibles de se maintenir, ils devraient se limiter à quelques pays d’Afrique du Nord et du Sud et aux nouveaux centres de fabrication en Afrique de l’Est», prévoit l’agence onusienne.