La dette extérieure du Maroc en trois questions
Le Maroc s’apprête à lever dans les prochains mois 1 milliard d’euros sur le marché financier international, soit environ 11 milliards de DH. Une deuxième sortie du même montant est prévue en 2020.
Cet emprunt était prévu par la loi des finances 2019, et confirmé par la loi 2020, et a été annoncé mardi à Rabat à Rabat par la directrice du Trésor et des finances extérieures au ministère de l’Economie, des finances et de la réforme de l’administration, Fouzia Zaaboul ors du point de presse de présentation du projet de loi de finances 2020.La date exacte n’a pas été annoncée Le ministère des finances attendra la fenêtre idéale pour effectuer cette levée de fonds en fonction des conditions du marché financier international. De même, le montant et la devise d’emprunt seront fixés quelques jours avant l’opération.
Des questions se posent donc sur la dette marocaine, son état actuel, les causes d’une telle sortie au marché internationale, et aussi ce qu’il en est de la ligne de précaution et de liquidité, et à l’assurance contre les risques extérieurs.
Les raison d’un tel emprunt
Le montant cible de l’emprunt est de 1 milliard d’euros en 2019 et autant en 2020, il permettra d’établir une nouvelle référence pour la signature du Maroc sur le marché financier international après plus de 4 ans d’absence, il renforcera également le stock des avoirs extérieurs et de renouera contact avec les investisseurs internationaux pour leur présenter les dernières réformes sectorielles et structurelles engagées par le pays. La démarche va permettre également de ne pas impacter le niveau de liquidité sur le marché local et de profiter de l’écart de coût de mobilisation des fonds qu’offre le marché international.
Etat actuel de la dette extérieure marocaine
En 2019, l’encours de la dette extérieure publique, qui est composé de l’encours de la dette extérieure du Trésor, des EEPs, des Collectivités territoriales (CTs), des emprunts extérieurs garantis par l’Etat du Secteur bancaire publique et des Institutions d’Utilité Publique (IUP), s’est établi à 326,3 milliards de DH emprunté par le Trésor. À hauteur de 44,9% et par les entreprises et établissements publics à hauteur de 54,4%, le reste concernant le secteur bancaire et les collectivités territoriales. La dette a baissé chez l’ensemble des emprunteurs.
Cela constitue une baisse par rapport à 2018 où il était de 326,6 milliards de DH, et de 332,6 milliards en 2017. Le PIB au Maroc s’établit à 1.106,8 milliards de DH en 2018, selon le HCP. La dette extérieure représente donc 29,5% du PIB. Un niveau confortable mais, la prochaine sortie du Maroc à l’international pourrait renverser la tendance. Le niveau doit malgré tout être surveillé de près, car le service de la dette (remboursement du capital et des intérêts) se fait en devises étrangères et que la balance des paiements au Maroc est structurellement déficitaire selon un rapport de la Haute Cour des Comptes daté de juillet 2019.
Le rôle de la ligne de précaution
En décembre 2018, Le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a approuvé un accord en faveur du Maroc au titre de la ligne de précaution et de liquidité (LPL) qui offrira une assurance utile contre les risques extérieurs, et appuiera l’action entreprise par les autorités pour continuer de réduire la vulnérabilité budgétaire et extérieure, ainsi que promouvoir une croissance plus élevée et plus inclusive.
La LPL a été mise en place en 2011 afin de répondre de manière plus souple aux besoins de liquidité de pays membres qui affichent des paramètres fondamentaux sains et un bilan solide en matière d’exécution de la politique économique, mais qui restent vulnérables à certains égards selon le site du FMI. Elle est censée servir de soutien ou aider à la résolution des crises dans des situations très diverses.
L’accord approuvé avec le Maroc s’étend sur deux ans pour un montant de 2,1508 milliards de DTS (environ 2,97 milliards de dollars, ou 240 % de la quote-part du pays). L’accès au titre de l’accord pendant la première année sera équivalent à 1,25066 milliard de DTS (environ 1,73 milliard de dollars, ou 140 % de la quote-part).
Il s’agit du quatrième accord LPL en faveur du Maroc, le premier était d’un montant de 4,1 milliards de DTS (environ 6,2 milliards de dollars au moment où il a été approuvé) a été approuvé le 3 août 2012). Le deuxième, d’un montant de 3,2 milliards de DTS (environ 5 milliards de dollars au moment où il a été approuvé) a été approuvé le 28 juillet 2014, et le troisième, d’un montant de 2,5 milliards de DTS (environ 3,5 milliards de dollars au moment où il a été approuvé), le 22 juillet 2016.
Dans une déclaration à Leboursier.ma en décembre, le Wali de Bank Al-Maghrib Abdellatif Jouahri estime que les caractéristiques de ce financement ne reflètent pas une quelconque fragilité: « La LPL donne droit à un tirage inconditionnel: dans le cas d’un choc exogène, comme par exemple un choc pétrolier qui ferait que le baril de pétrole augmente à 100$, le Maroc pourrait bénéficier des droits de tirages spéciaux sans conditions. Je ne pense pas que de telles facilités reflètent une fragilité du pays ».
Par ailleurs, le gouverneur de Bank Al-Maghrib rappelle que la LPL qui venait d’être souscrite, pour un montant avoisinant les 3 milliards de dollars, est inférieure aux trois autres LPL qui ont été signées successivement depuis quelques années: 6,2 milliards de dollars en 2012; 5 milliards de dollars environ en 2014; et 3,5 milliards de dollars en 2016.
« Cela démontre que la résilience de l’économie marocaine, en plus d’autres éléments comme les réserves de change du pays, se construisent structurellement », avait-il ajouté