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“La COP22, une preuve supplémentaire d’optimisme”

Philippe Poinsot : Coordonnateur Résident du Système des Nations Unies et Représentant résident du PNUD au Maroc

Philippe Poinsot, Coordonnateur Résident des activités opérationnelles du Système des Nations Unies et Représentant résident du Programme des Nations Unies pour le Développement au Maroc fait le point sur les enjeux de la COP22 et les défis aussi bien pour les Etats que le secteur privé.

Quels sont, selon vous, les préalables pour atteindre les objectifs escomptés en matière de concrétisation de l’Accord de Paris ?
Le processus est bien rodé pour faire avancer le débat entre les cop. Les grands rendez-vous permettent d’avancer notamment en ce qui concerne les dossiers liés tant au financement qu’aux négociations. L’Accord de Paris nous donne raison d’être optimiste même s’il reste encore des efforts à déployer notamment sur le volet des contributions nationales. La COP 22 est une preuve supplémentaire d’optimisme. Un pays comme le Maroc qui a pu réaliser des investissements importants dans les énergies renouvelables, a mis en place des solutions aussi bien dans le domaine de l’atténuation que de l’adaptation et a su créer une économie respectueuse de l’environnement.

Comment la responsabilité partagée et différenciée peut aider à la réalisation du développement en Afrique ?
Le grand paradoxe de l’impact du changement climatique est qu’à ce stade, les pays qui ont le moins contribué au changement climatique sont ceux qui sont les plus impactés dans l’immédiat par ce changement. L’Afrique comme tous les pays moins avancés en Asie et en Amérique latine va souffrir beaucoup de l’impact du changement climatique si rien n’est fait. Il s’agit de catastrophes naturelles, de la dégradation des sols, de la désertification, de la montée du niveau de la mer…Il est, ainsi, logique de partager le financement des risques climatiques entre la communauté internationale. Néanmoins, il ne faut pas oublier que ces pays en développement qui sont pour beaucoup des pays émergents, sont à la croisée de deux chemins. Ils ont l’opportunité d’effectuer les choix pour éviter les erreurs commises par leurs prédécesseurs en adoptant une trajectoire de croissance verte basée sur les énergies renouvelables. Ces pays vont sans doute connaître des croissances importantes à la fois économique et démographique. C’est à ces pays de saisir les opportunités et aux pays développés de les aider et accompagner à adopter de nouvelles trajectoires. Il s’agit notamment de l’énergie. Le secrétaire général des Nations unies a annoncé une initiative énergie pour tous à l’horizon 2030. Recourir à une énergie propre et durable est l’un des objectifs du développement durable. Il est important d’adopter les objectifs fixés notamment l’accès pour tous à l’énergie y compris les parties les plus reculées en Afrique. D’autres secteurs sont concernés: le transport, l’agriculture, la logistique qui doivent adopter des modèles plus durables. C’est le lien qui existe entre les changements climatiques et les objectifs de développement durable.

S’agit-il seulement d’une question de financement ?
Cela dépend des pays. À titre d’exemple, pour le Maroc qui a un savoir-faire, une capacité et des compétences ainsi que la stabilité, le financement est une question principale. Ce n’est pas le cas d’autres pays en raison soit des conditions politiques et sécuritaires ou du manque des capacités.

C’est ce que le PNUD et d’autres agences des Nations unies font en Afrique…
Effectivement. C’est ce que nous faisons pour des pays dont les capacités ont besoin d’être renforcées pour notifier des projets bancables d’autant plus que les financements viennent de plus en plus du secteur privé. En effet, la part des aides publiques au développement est en diminution. Le financement de l’effort au développement y compris celui de la lutte contre le changement climatique se fera en grande partie par les ressources nationales et le secteur privé.

Comment faire pour que l’action pour le climat soit non seulement un impératif politique et moral, mais aussi une opportunité économique ?
L’opportunité économique existe au niveau de plusieurs secteurs. Les enjeux sont importants en termes d’emploi, d’investissements, d’infrastructures. Ce grand chantier est une opportunité économique. De plus en plus, avec les nouvelles technologies, on imagine des économies qui seront moins utilisatrices de carbone. Le plus important est de faire le bon choix en matière d’éducation, de formation professionnelle, d’investissement pour créer le cadre et l’environnement propice à la réalisation de toute l’activité économique qui va permettre de mettre en œuvre des projets. Le secteur privé a un grand rôle à jouer en la matière.

Le secteur privé est-il justement impliqué dans cette mobilisation pour les financements verts ?
Il l’est de plus en plus. Dans les différents forums, une grande mobilisation est constatée. Sur le terrain, le secteur privé est très présent dans le financement et la réalisation des grands projets comme la centrale solaire Noor. Le fameux trou de la couche d’ozone dû à l’émission de polluants spécifiques est en train d’être résorbé. Cela n’aurait pas été possible sans le secteur privé qui a permis de retirer tous les climatiseurs, tous les réfrigérateurs qui compressent le gaz, tous les transformateurs contenant des polluants…

C’est grâce aux législations aussi…
Les législations sont importantes. Mais, le secteur privé a su trouver les moyens pour s’adapter à travers le marché et l’innovation. Les grandes sociétés ont pu être gagnantes. L’effort a pris des années. Mais, on peut être fier du secteur privé. Je pense que la même chose va se passer pour le changement climatique.  

Comment évaluez-vous les efforts déployés par le Maroc ?
Le Maroc fait figure de bon élève. Il est à la pointe dans le domaine des énergies renouvelables. Dans le domaine de l’adaptation, des expériences intéressantes sont menées dans les oasis, les montagnes, les zones désertiques. L’INDC du Maroc est assez ambitieux car il prévoit des efforts considérables en matière d’adaptation. Le Maroc a réussi à être un bon exemple en matière de mixage des financements publics-privés pour accompagner l’effort d’adaptation et d’atténuation. Le Maroc est sur la bonne voie.



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