L’ANP s’attaque à la salubrité des ports
Cinq ports subiront un examen approfondi afin de déterminer les sources de pollution et les moyens de les traiter. Objectif : faire des ports marocains des lieux d’osmose avec la nature et les zones environnantes aussi bien naturelles que touristiques.
Nul n’est sans savoir que les ports marocains souffrent d’un problème de propreté des eaux qui subissent sans ménagement les déchets polluants des villes. Au lieu d’être des lieux affables pouvant même être exploités touristiquement, ces ports présentent des taux trop élevés de pollution en tout genre. En effet, les ports marocains accueillent des activités industrielles et commerciales qui peuvent être polluantes et génératrices de risques et de nuisances pour les zones mitoyennes. Le fait aussi que les ports se trouvent à une altitude plus basse que la ville les expose à ce genre de désagréments. Ils sont autant de points de rencontre et d’accumulation des rejets des réseaux d’assainissement et des eaux pluviales provenant des centres urbains.
Pour toutes ces raisons, l’Agence nationale des ports (ANP) lance une étude pour déterminer les moyens susceptibles d’assurer la salubrité des ports. C’est une première qui sera une bonne entrée en matière afin de renforcer aussi l’attractivité des ports et la qualité des enceintes portuaires. Les ports choisis pour cette opération sont au nombre de 5 : Mohammédia, Casablanca, Jorf-Lasfar, Safi et Agadir. C’est l’une des initiatives importantes dans le cadre de la stratégie portuaire 2030 qui vise à faire du pays un pôle régional des échanges. L’on prévoit à cet horizon la construction de 5 nouveaux ports régionaux, ce qui place aujourd’hui la qualité de l’existant parmi les préoccupations majeures de l’ANP.
De plus, cette dernière avait intégré le développement durable dans ses objectifs stratégiques et opérationnels. Cela se traduit par une volonté de combiner entre trois leviers principaux, à savoir la protection de l’environnement, le développement économique et le progrès social. Pour y arriver, la responsabilité collective des ports doit être stimulée et c’est ce à quoi l’ANP s’attelle aujourd’hui. Au-delà des aspects économiques et commerciaux, il s’agit de protéger la diversité, la gestion des déchets polluants et prendre en considération l’impact de ces activités sur la qualité de l’air, l’eau, les sols, la faune et la flore sous-marine. Pour le Maroc qui a abrité la COP 22, ce sont des questions tout aussi sérieuses que le développement des échanges. Ou du moins, c’est ce que le bon sens implique. L’étude en question se fixe deux principaux objectifs. D’abord, il s’agit de procéder à un état des lieux.
Ensuite, il faudra recenser les différentes sources de pollution liquides et solides qui affectent et peuvent altérer la qualité de l’air et des eaux et sédiments dans les zones portuaires. Tertio, proposer des solutions pour maîtriser les sources de pollution liquides et solides au niveau de ces zones. Ceci dans l’objectif de préserver et protéger les écosystèmes portuaires. Il s’agit également de prendre en considération les zones riches en biodiversité qui se trouvent à proximité autant que les zones touristiques notamment les plages. Sans oublier les lieux de protection de la chaîne alimentaire comme les zones de pêche. En gros, les ports sont appelés à s’intégrer dans leur environnement immédiat et ne plus exister en autarcie, insensibles aux évolutions qui se font autour. L’ANP n’est pas restée les bras-croisés. L’agence a réalisé trois campagnes de prélèvements et d’analyses physico-chimiques et bactériologiques des eaux et sédiments dans les ports en 2011, 2016 et 2017 mais il faut attendre l’issue de l’étude en question pour connaître les moyens à mettre en œuvre pour améliorer la salubrité des ports. Il pourrait s’agir d’actions techniques mais aussi réglementaires, de formation et de sensibilisation. L’on prévoit à cet égard l’éventuelle construction d’intercepteurs, de ceintures et autres dispositifs visant à recueillir les eaux de première pluie ou encore l’obligation de traitement au préalable des eaux avant rejet dans les réseaux. Il y a aussi des astuces qui profitent de la capacité auto-épuratrice du milieu portuaire en amplifiant les flux de renouvellement des eaux pour dissoudre les pollutions.