Éco-Business

L’agriculture et l’industrie agroalimentaire se renforcent

Des signaux positifs se dégagent de l’analyse de la DEPF des tendances récentes au niveau de la structure du dirham alimentaire. Le poids de l’agriculture et de l’industrie agroalimentaire se renforcent dans la valeur ajoutée générée par la demande finale alimentaire.

La structure du dirham alimentaire a affiché des changements positifs marqués notamment par un renforcement du poids de l’agriculture et de l’industrie agroalimentaire dans la valeur ajoutée générée par la demande finale alimentaire. C’est l’une des conclusions de la récente étude sur le dirham alimentaire entre 2007 et 2014 de la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) du ministère de l’Économie et des finances.

Les deux branches du secteur montrent ainsi une indépendance illustrant une tendance de plus en plus soutenue de la valorisation des produits agricoles. «Cette tendance s’est répercutée sur les importations des produits alimentaires finales et intermédiaires qui ont vu leur part baisser dans le dirham alimentaire», précise l’étude. Et d’ajouter qu’en dépit des réalisations récentes qui sont très encourageantes, des gains substantiels pour une valorisation optimale de l’offre agricole existent. Il s’agit notamment de ceux que l’on peut générer «au niveau de renforcement de l’intégration entre l’amont productif et l’aval de la transformation et de l’incorporation des services dans l’offre alimentaire». Cela dit, l’étude  rapporte qu’entre 2007 et 2014, la demande finale alimentaire pesait pour près de 22% de la demande finale totale.

Entre 2008 et 2014 sa croissance annuelle moyenne a été de 6,3% pour atteindre, en 2014, plus de 298,6 MMDH. En 2008, elle a atteint un pic de 16,7%. Sur un autre registre, la décomposition de la dépense alimentaire du consommateur au Maroc, durant la période 2007-2014, révèle que «sur 100 DH de dépenses, près de 32 DH reviennent à la branche liée à l’agriculture ; 19,3 DH à l’industrie alimentaire et au tabac ; 2,3 DH à la pêche et aquaculture ; 12,6 DH au commerce, alors que le transport, les autres industries et les services captent, respectivement, 1 DH, 4,6 DH et 0,9 DH. Quant aux importations alimentaires finales et intermédiaires, elles représentent respectivement 13,9 et 7,6 DH. Enfin, l’État perçoit, 6 DH sous forme de taxes.

Le Maroc comparé à la France
Selon le même document, en France, su 100 euros de dépense alimentaire en 2012, près de 61,7 euros recouvre la valeur ajoutée induite dans les branches de l’économie française, avec une part importante revenant au commerce (20,1 euros). Les industries agroalimentaires captent, elles, 13,2 euros et l’agriculture 8,4 euros. Les importations alimentaires représentent 14,4 euros, alors que les importations de biens intermédiaires absorbent 14,6 euros. Le reste, soit 9,3 euros, est perçu par l’État sous forme de taxes. Sur ce point, et si l’on compare le dirham alimentaire et l’euro alimentaire en France, les deux ont des profils complètement différents. «Exception faite de la similitude constatée au niveau des importations finales et, dans une moindre mesure, les autres industries, la part des autres composantes dans la dépense alimentaire affichent une configuration différente entre les deux pays», note la DEPF.

Ainsi, l’agriculture et la pêche représentent plus de 34% de la dépense alimentaire au Maroc alors qu’elle ne présente que 8,2% en France. Par contre, en France l’industrie alimentaire a une part plus importante qu’au Maroc. Elle représente 1,6 fois la dépense en produits agricoles, contre seulement 0,6 pour le Maroc. Cela s’explique par le fait que contrairement au Maroc, en France il y a un soutien en aval du secteur primaire à la branche de l’industrie agroalimentaire. «Les conclusions du rapport du Conseil national du commerce extérieur marocain qui confirment ce constat, ont mis l’accent sur la faible intégration de ces deux branches», précise la DEPF.

L’effet Plan Maroc Vert
Selon ce même rapport, les agriculteurs marocains s’adonnent à l’exploitation de produits primaires à l’état brut au lieu de procéder à la transformation et à la valorisation des produits locaux. Aussi pour remédier à cette situation, un contrat-programme relatif au développement des industries agroalimentaires au Maroc, a été signé durant les Assises de l’agriculture de 2017. Pour revenir au comportement du dirham alimentaire, durant ces dernières années, la DEPF a relevé des changements «positifs» dus, entre autres, aux actions stratégiques engagées par le Plan Maroc Vert. Ces changements sont visibles au niveau de la part de la valeur ajoutée des branches, issue de la demande finale alimentaire. Celle-ci a enregistré un gain de 6,6 points, passant de 67,8% en 2007 à 74,4% en 2014.

Derrière cette bonne performance, l’industrie agroalimentaire a vu sa part s’améliorer de 5,8 points durant cette période et à l’agriculture avec un surplus de 2,5 points pour atteindre 30,5% en 2014, contre 28% en 2007. De ce fait, une baisse des parts des importations des produits alimentaires finales et intermédiaires entre 2007 et 2014 a été enregistrée. «Ces dernières se sont nettement décélérées durant la fin de la période d’étude induisant ainsi, une baisse de leurs poids dans la demande finale alimentaire. Les importations finales ont vu leur part reculer de 1,7 point entre 2007 et 2014 pour atteindre 13,3% en 2014. De même pour la part des importations intermédiaires qui a régressé de 2,7 points entre les deux dates pour se situer à 7,1% en 2014», constate la DEPF. De son côté, la part des services a stagné autour de 1% durant toute la période d’étude qui précise que «la non-amélioration de cette part dans la valeur des produits alimentaires signifie que les services ne sont pas suffisamment incorporés à l’offre alimentaire». À signaler que les taxes représentaient près de 6% de la valeur de la dépense alimentaire en moyenne sur la période 2007-2014. 



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