Éco-Business

Jouahri alerte sur la flambée des tarifs

C’est un warning sous forme d’analyse que livre Bank Al-Maghrib (BAM) au sujet de l’évolution des dépenses des ménages pour l’enseignement.  Entre 2007 et 2017, le coût de la scolarité a enregistré une augmentation de 44%.

Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib (BAM), n’en est pas à son premier warning à propos de  l’évolution du coût de la vie. En 2016, il a été le premier à soulever la question sensible des prix du carburant suite à la libéralisation. Aujourd’hui, il revient à la charge sur un nouveau terrain, celui de l’enseignement privé. Une alerte appuyée par une analyse incluse dans le document de référence de BAM : son rapport annuel présenté au souverain, le 29 juillet dernier. Principale conclusion : «Au cours des deux dernières décennies, la part de l’enseignement dans les dépenses de consommation des ménages marocains a connu une hausse importante», observe BAM. Elle est passée au niveau national de 1,6% en 2001 à 2,7% en 2007 et à 3,7% en 2014. Dans le milieu urbain, elle a augmenté de 1,9% à 4,4% sur la même période (voir tableau). Dans le milieu rural où l’enseignement public est encore prégnant, la part de l’enseignement dans les dépenses de consommation des ménages est passée de 0,8% en 2001 à 1,7% en 2014.

Globalement, la rubrique «Enseignement» grignote des parts dans les dépenses à cause du recours accru des ménages à l’enseignement privé, au niveau pré-scolaire, primaire et secondaire. «Cette évolution s’explique par plusieurs facteurs dont essentiellement le recours de plus en plus accru des ménages à l’enseignement privé», confirme BAM. L’évolution des effectifs dans les écoles privées montre l’ampleur du phénomène et la défection des parents de l’école publique dans le milieu urbain. «La proportion des enfants scolarisés dans des établissements privés atteint en effet 86,6% en 2017 au niveau du préscolaire tandis que dans le cycle d’enseignement primaire, elle s’est située à 16,7% au lieu de 4,4% en 2001», comparent les auteurs de ce rapport. Certes, l’augmentation du coefficient budgétaire de l’enseignement est également attribuable à la généralisation de la scolarisation et au prolongement de sa durée enregistrée depuis deux décennies mais également «à l’accroissement relativement rapide des prix de l’enseignement», rappelle BAM.

Sur ce dernier point, les données de l’enquête nationale sur les prix permettent d’appréhender leur évolution en distinguant les niveaux de scolarisation. Ainsi, entre 2007 et 2017, les prix de l’enseignement ont enregistré une augmentation de 44%, soit un rythme trois fois plus rapide que celui de l’indice des prix à la consommation qui était de 15% sur la période (voir graphique). Les équipes de BAM ont segmenté cette évolution par niveau de scolarité. «Cette hausse a été plus importante pour l’enseignement préélémentaire, primaire et secondaire qui a connu une progression des prix de près de 53% contre près de 27% pour l’enseignement postsecondaire et supérieur», évaluent-ils. Par ville, les augmentations les plus importantes des prix sur la période ont été enregistrées à Marrakech avec un taux d’accroissement de 63,7% suivie par Fès avec 61,9% ! Oujda, Dakhla et Casablanca complètent la liste des plus importantes augmentations des prix. Les plus faibles ont été observées à Kénitra avec 15,7% et à Safi avec 16,2%. Notons enfin qu’un rapport du HCP et de la Banque mondiale avait expliqué le décrochage scolaire par plusieurs raisons. Le manque de moyens financiers arrive en quatrième position des raisons expliquant l’abandon scolaire avec 13% des cas. La première raison demeure «l’absence d’intérêt» (26%), la «difficulté d’accès à un établissement d’enseignement» (20%), «l’échec scolaire ou le redoublement» (14%).


Bientôt une grille pour les tarifs ?

Les tarifs de l’enseignement privé sont fixés par les AREF selon «un cadre contractuel» tout en étant soumis à la liberté des prix et de la concurrence. Cette situation devrait-elle changer dans le cas de l’adoption de la future Loi-cadre sur l’éducation en discussion au Parlement ? Le projet actuel responsabilise le gouvernement pour «fixer les frais d’inscription et de scolarité, d’assurance et des services annexes dans les établissements privés d’éducation et de formation, selon un texte réglementaire» (article 11). Le projet de loi ne fait que traduire un principe déjà adopté dans le cadre de la Vision stratégique de la réforme 2015-2030. Encore faut-il que cette disposition passe le cap du Parlement…


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