IPO : une dynamique contrastée en 24 ans
Depuis l’année 2000, la Bourse de Casablanca a enregistré 51 introductions en Bourse, dont près de la moitié ont eu lieu entre 2006 et 2008, totalisant 36 milliards de dirhams. Ce constat montre que les IPO (Initial public offering) ont connu une dynamique variable au fil des années.
L’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) offre un éclairage détaillé sur le cadre institutionnel et les pratiques de marché des introductions en bourse, et ce dans le cadre de la publication du dixième numéro de la Revue du marché des capitaux. Ce contexte est marqué par une amélioration continue de la croissance économique et un ralentissement de l’inflation, créant un environnement favorable pour les nouvelles introductions en bourse.
Évolution des IPO
Les IPO (Initial public offering) ont connu une dynamique variable au fil des années. Entre 2000 et 2023, la Bourse de Casablanca a enregistré un total de 51 introductions en bourse. Cependant, une concentration notable d’introductions a été observée entre 2006 et 2008, période durant laquelle 25 introductions ont été réalisées, représentant presque la moitié du total sur 24 ans. Cette période faste peut être attribuée à une conjoncture économique favorable et à une hausse de la confiance des investisseurs.
Depuis l’année 2000, la dynamique des IPO a été marquée par des fluctuations. Par exemple, certaines années ont vu une activité soutenue, tandis que d’autres ont été plus calmes. En moyenne, un peu plus de deux IPO par an (2,3) ont été enregistrées, mais hors de la période 2006-2008, cette moyenne chute à environ 1,4 IPO par an. En termes de répartition des émissions, les cessions de titres ont été plus fréquentes, avec 21 opérations, comparées à 16 augmentations de capital et 14 opérations mixtes. La plus grande introduction a été celle de Itissalat Al-Maghrib en 2004, avec un montant de 8,94 milliards de dirhams.
Profil des investisseurs
En ce qui concerne le profil des investisseurs, les données du quatrième trimestre 2023 révèlent une nette dominance des personnes morales marocaines et des organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM). Ensemble, ces deux catégories d’investisseurs représentent 75% du volume des transactions réalisées sur le marché actions du compartiment central. Plus précisément, les personnes morales marocaines ont contribué à hauteur de 45% du volume total des transactions, tandis que les OPCVM ont représenté 30%. Les personnes physiques marocaines et les personnes morales étrangères ont également une présence notable, mais moindre, avec des contributions respectives de 14% et 7%.
Cette répartition souligne l’importance des investisseurs institutionnels locaux et le rôle clé des OPCVM dans l’animation du marché. L’évolution de ces profils d’investisseurs montre une augmentation significative de la participation des personnes physiques marocaines et des OPCVM. Entre le quatrième trimestre 2022 et le quatrième trimestre 2023, la part des personnes physiques marocaines a augmenté de 9 points de pourcentage, passant de 5% à 14%, tandis que celle des OPCVM a progressé de 7 points, passant de 23% à 30%. En revanche, la part des personnes morales marocaines a diminué de 18 points, passant de 63% à 45%.
Cadre institutionnel et réglementaire
Il est à rappeler que l’AMMC joue un rôle important dans la régulation des IPO. Son intervention commence dès la préparation du prospectus, un document détaillant les informations financières et opérationnelles de l’entreprise émettrice.
Ce prospectus doit être approuvé par l’AMMC avant d’être publié. La loi n° 44-12 relative à l’appel public à l’épargne et la loi n° 19-14 relative à la Bourse des valeurs encadrent ces processus en définissant les obligations des émetteurs et les conditions d’admission à la cote. Le processus d’introduction en Bourse au Maroc se structure autour de plusieurs étapes clés : tout d’abord, la préparation du prospectus, un document essentiel qui peut être sous forme de document unique ou composé de deux parties (le document de référence et la note d’opération), est soumise à l’approbation de l’AMMC.
Ensuite, la fixation du prix d’introduction des actions utilise plusieurs méthodes de valorisation, notamment l’approche par les flux (Discounted Cash Flows – DCF et Dividend Discount Model – DDM), l’approche analogique (multiples boursiers) et l’approche patrimoniale, qui évalue les actifs et passifs de l’entreprise.
Enfin, le placement et la diffusion des titres dans le public s’effectuent selon diverses procédures de première cotation : l’offre à prix ferme (OPF), où les titres sont offerts à un prix fixe ; l’offre à prix minimal (OPM), où un prix minimal est fixé et les souscripteurs peuvent proposer des prix supérieurs ; l’offre à prix ouvert (OPO), où une fourchette de prix est définie ; et la cotation directe, où les titres sont admis directement à la cote de la bourse selon les modalités de négociation habituelles. Les méthodes de valorisation utilisées pour déterminer le prix d’introduction des actions sont cruciales.
L’approche par les flux consiste à actualiser les flux de trésorerie futurs, tandis que l’approche analogique utilise les valorisations d’entreprises comparables. L’approche patrimoniale évalue les actifs et passifs de l’entreprise pour estimer la valeur des capitaux propres.
Performance du marché au premier trimestre
Les indicateurs boursiers montrent une tendance haussière au premier trimestre 2024, reflétant une amélioration continue de la croissance économique et un ralentissement de l’inflation. La capitalisation boursière a atteint 671,6 milliards de dirhams, enregistrant une hausse de 7,3% par rapport à fin décembre 2023 et de 23,9% en glissement annuel.
Cette progression s’explique en grande partie par l’augmentation du MASI, l’indice de toutes les valeurs cotées à la Bourse de Casablanca, qui a progressé de 7,6% pour atteindre 13 009,23 points. En parallèle, la valeur de l’actif net des Organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM) s’est élevée à 589 milliards de dirhams à fin février 2024, en hausse de 5,3% depuis le début de l’année et de 14,6% par rapport à fin février 2023.
L’actif net des Organismes de placement collectif immobilier (OPCI) a également connu une croissance annuelle significative de 48,07%, atteignant 85 milliards de dirhams à fin décembre 2023.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO