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Introduction en bourse: Les experts-comptables en soutien pour lever les freins

Les experts-comptables peuvent aider les entreprises à s’introduire en Bourse et à s’y maintenir, en relevant les défis économiques, juridiques et de gouvernance qui attendent les PME. Détails.

«Il y a un large vivier d’entreprises cotables éligibles au Maroc sur le marché principal et alternatif. Nous attendons celles que vous avez dans votre portefeuille !», disaient en chœur les dirigeants de la Bourse de Casablanca, mardi 31 janvier 2023, lors de la rencontre nationale organisée par la plateforme financière en partenariat avec l’Ordre des experts-comptables, dans une salle de conférence pleine de professionnels du chiffre.

En effet, sur les 571.989 entreprises recensées par l’Observatoire marocain des TPME (OMTPME) au Maroc, plus de 5.000 ont un chiffre d’affaires supérieur à 50 millions de dirhams (MDH). Dans leur écrasante majorité, il s’agit d’entreprises familiales de tailles diverses : microentreprises (91,9%), TPE (4,6%), petites entreprises (2,7%) et entreprises de moyenne taille (0,6%), contre à peine 0,3% de grandes entreprises. Si chacune de ces entreprises a besoin des conseils avisés des experts-comptables, les dirigeants de la Bourse notent une propension à la résistance et des freins à l’introduction en Bourse que manifestent leurs dirigeants, surtout ceux à la tête d’entreprises familiales.

Alors pourquoi ne pas capitaliser sur la proximité et le capital confiance dont jouissent les experts-comptables auprès de ces dirigeants pour lever les freins observés chez ces derniers ? «Aujourd’hui, nous aussi avons besoin que vous soyez force de proposition en leur parlant de la Bourse de Casablanca», explique Zineb Guennouni, directrice du développement de la Bourse de Casablanca.

Il faut dire que bon nombre de ces entreprises ont la possibilité de s’introduire sur le marché alternatif de la bourse, à condition de satisfaire au moins à un des trois critères définis par la Bourse de Casablanca. «Pour nous, une PME doit satisfaire au moins à un de ces critères : avoir un chiffre d’affaires inférieur à 500 millions de DH ; un bilan inférieur à 200 millions de DH ; ou employer moins de 300 salariés». Il faut savoir que ce marché financier a mobilisé des fonds et permis à 28 PME de s’introduire en Bourse depuis 1997. Neuf d’entre elles ont ainsi réussi à passer du stade de PME à Grande entreprise, notamment HPS, Dari Couspate, Sothema.

«Les dirigeants et les experts-comptables, une alliance fructueuse»
Cela ne fait l’ombre d’aucun doute que les dirigeants d’entreprises, familiales ou non, les hommes d’affaires et les experts-comptables sont en général très proches les uns des autres. Les dirigeants d’entreprises font appel aux experts comptables pour fournir des conseils sur la stratégie, la gestion et le développement des entreprises. Les hommes d’affaires peuvent également bénéficier de leurs conseils et services, et leur offrir des informations et des analyses financières


Introduction en Bourse des PME : avantages et coûts

Pour rassurer par rapport aux appréhensions sur la gouvernance, Guennouni explique qu’à aucun moment la Bourse aura à demander aux chefs d’entreprises d’être moins regardants sur son entreprise ou va lui arracher le pouvoir. «Tout ce qu’on demande, c’est que ce soit une entreprise qui ait en son sein des comités pour pouvoir communiquer au marché certaines garanties de transmission et de pérennisation de l’entreprise». Et ce ne sont pas les avantages qui manquent : l’accès au financement, de nombreux leviers de croissance, passer à une vitesse supérieure, accélérer la croissance, un rayonnement à l’international ou encore une carotte fiscale de -50% d’IS à payer les trois années consécutives à l’IPO.

En ces temps de crise, ce sont des éléments à prendre en compte. Autre sujet : le coût de l’introduction en bourse. S’il y a un élément qui revient souvent parmi les freins à l’introduction en bourse des PME, il y a le coût de l’introduction. Selon Ali Skandre, DG de BMCE Capital Conseil, celui-ci coûte entre «2,5 et 4% du montant de l’opération de levée de fonds». Dans le détail, «ces coûts comprennent des coûts incompressibles et des coûts liés aux conseils et aux campagnes de communication. Mais il ne faut pas voir cela comme des coûts, mais plutôt comme un investissement qui permet une meilleure préparation et une meilleure exécution de la levée de fonds afin d’atteindre les objectifs désirés».

ainsi que des conseils sur les questions juridiques, fiscales et autres. Grosso modo, la proximité entre les dirigeants d’entreprises, les hommes d’affaires et les experts-comptables permet à ces dirigeants d’améliorer la prise de décision et de réduire les risques.

«Aucune introduction en bourse, Merci !»
Au Maroc, les dirigeants d’entreprises familiales, de micro entreprises, de TPE, de petites entreprises et d’entreprises de taille moyenne sont connus pour manifester une propension à la résistance et des freins à l’introduction en Bourse pour plusieurs raisons. Certains peuvent être réticents à céder le contrôle de leur entreprise à un conseil d’administration et à des actionnaires extérieurs.

D’autres peuvent craindre que leurs informations financières et comptables soient exposées à un examen public et à une surveillance accrue. Les dirigeants des petites et moyennes entreprises peuvent également craindre que leurs bénéfices ne soient réduits à la suite des exigences supplémentaires imposées par l’introduction en Bourse.

Pas facile de jouer le jeu de la transparence ! D’autant plus que dans ce cas de figure, sortir de sa zone de confort est inhérent à des exigences et contraintes supplémentaires, entre autres : une plus grande transparence et une responsabilité renforcée, notamment en ce qui concerne les états financiers, les rapports sur les performances et les informations sur les dirigeants et le conseil d’administration ; des exigences réglementaires plus strictes et des contrôles de conformité plus stricts ; une plus grande responsabilité vis-à-vis des actionnaires et des investisseurs ; des exigences en matière de gouvernance d’entreprise, de divulgation et de mise en œuvre des règles comptables et financières ; des délais plus courts pour la préparation et la présentation des états financiers et des rapports sur les performances ; des exigences supplémentaires en matière de contrôle interne et de gestion des risques ; idem en matière de communication avec les investisseurs et les analystes financiers ; ou encore une plus grande responsabilité en matière de protection des droits des actionnaires ; des obligations concernant le respect des délais et les obligations de déclaration réglementaire. Face à tout cela, le choix est vite fait.

Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO

 


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