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Infrastructures et Préfa: Des débouchés encore porteurs pour les cimentiers

La consommation de ciment au Maroc a connu une baisse en 2023, et ce, en raison de la situation économique difficile, de la baisse de la demande dans certains secteurs de la construction, des coûts de construction élevés, de l’incertitude économique persistante et des contraintes budgétaires. Zoom !

Les ventes de ciment ont beau rebondir en juillet, le béton a du mal à faire son trou dans l’économie marocaine. Depuis le début de l’année, on constate une tendance à la baisse continue de la consommation de ciment, avec quelques hausses ponctuelles, telles que celles observées en mars dernier (+0,6%) et en mai (+25,74%).

Cette tendance s’explique par la conjonction de plusieurs facteurs, tels que la situation économique difficile, la baisse de la demande dans certains secteurs du bâtiment, la hausse des coûts de construction, l’incertitude économique persistante et les contraintes budgétaires.

C’est dans ce contexte que les cimentiers annoncent une nouvelle hausse de 23,86% des ventes pour le seul mois de juillet 2023, avec 780.927 tonnes écoulées sur le marché. Une hausse qui contribue à diviser par deux le taux de baisse des ventes qui passe de -4,61% à fin juin à -2,09% un mois plus tard, en tirant vers le haut la consommation cumulée, qui atteint 6.987.288 tonnes à fin juillet.

En y regardant de plus près, on constate que les belles performances des débouchés Infrastructures et le Préfa y sont pour quelque chose. Mais pas que ! Même si au terme des sept premiers mois de l’année, les autres débouchés, tel que la distribution, le BPE et le bâtiment, affichent des consommations en baisse par rapport à la même période de l’an dernier, le constat est que le mois de juillet, et l’arrivée des Marocains résidant à l’étranger (MRE), ont contribué quelque peu à dynamiser leur consommation.

C’est ainsi qu’au mois de juillet, la distribution enregistre un bond de 22,95% contre -16,99% en juin ; 11,10% pour le BPE contre -8,11% un mois plus tôt ; et 9,88% pour le bâtiment contre -30,63%. Malgré ces tendances mitigées, la hausse significative des ventes de ciment en juillet contribue à ralentir la baisse globale de la consommation et à stimuler la consommation cumulée. Il reste à voir si cette tendance à la hausse se maintiendra dans les mois à venir et si les différents débouchés parviendront à se redresser pour soutenir l’industrie du ciment dans son ensemble.

Les Infrastructures et le Préfa tirent leur épingle du jeu
Dans ce contexte baissier, le secteur de la Préfa (préfabrication) enregistre une légère augmentation de la consommation cumulée de ciment en 2023, avec 678.931 tonnes. Bien que cette augmentation soit modeste (+1%) par rapport à 2022 (672.227 tonnes), elle suggère une certaine stabilité dans ce domaine spécifique de l’industrie de la construction. Pour le seul mois de juillet, ce débouché a réalisé une performance de +35,11% de sa consommation.

En ce qui concerne le débouché de l’infrastructure, la consommation cumulée de ciment en 2023 atteint 367.101 tonnes. Bien que ce chiffre soit en hausse de 11,21% par rapport à 2022 (330.087 tonnes), il reste inférieur aux niveaux enregistrés en 2018 et 2019, années pré-covid. En juillet, les infrastructures réalisent un bond de 64,28% de leur consommation par rapport à la même période en 2022.

Un bond à attribuer à divers facteurs, tels que les fluctuations des investissements publics dans les infrastructures et les projets en cours comme les ponts, les extensions du réseau routier, les grands projets d’infrastructures portuaires comme le port de Dakhla Atlantique, ou encore le méga chantier-pilote des autoroutes de l’eau.

Autant de projets qui stimulent la demande de ciment dans le secteur de la construction, compensant partiellement la baisse observée dans d’autres domaines. Quant aux débouchés Préfa, ils ont également contribué à atténuer la tendance à la baisse de la consommation de ciment.

Pour rappel, le Préfa, abréviation de «préfabrication», désigne les éléments de construction préfabriqués en usine, tels que les poutrelles, les dalles et les murs. Ces produits offrent des avantages en termes de rapidité et de qualité de construction, ce qui conduit à une demande croissante dans le secteur de la construction.

Tendance baissière pour la distribution, le BPE et le bâtiment
En observant les chiffres fournis, on constate une diminution globale des consommations cumulées de ciment en 2023 par rapport aux années précédentes. Cela dit, que révèlent les performances de chaque débouché ?

La consommation cumulée de ciment dans le débouché de la distribution connaît une tendance à la baisse depuis 2018. En 2023, elle se situe à 4.292.889 tonnes, enregistrant une baisse de 2,44% par rapport à 2022 (4.400.152 tonnes) et à son plus bas niveau depuis 2018. Cette baisse peut être attribuée à plusieurs facteurs, tels que la conjoncture économique générale, la baisse de la demande de construction et d’autres variables macroéconomiques.

De leur côté, les consommations cumulées de ciment dans le secteur du BPE (Béton prêt à l’emploi) connaissent également une diminution en 2023, à 1.377.855 tonnes. Comparé à 2022 (1.416.723 tonnes), ce chiffre fait ressortir une légère baisse de 2,74%. Une tendance à associer à des fluctuations dans le secteur de la construction et à des ajustements de la demande de béton préfabriqué dans le pays. Le débouché du bâtiment connaît lui aussi une diminution significative de la consommation cumulée de ciment en 2023, avec 270.508 tonnes. Cette baisse (-14,82%) est notable par rapport à 2022 (317.571 tonnes) et indique probablement une contraction dans le secteur de la construction résidentielle et commerciale.


Une tendance préoccupante pour l’année 2023 

L’analyse de l’évolution des consommations cumulées de ciment au Maroc révèle des tendances préoccupantes pour l’année 2023. La baisse globale de la demande dans les différents secteurs de la construction soulève des préoccupations quant à la santé générale de l’économie nationale et à la stabilité du marché immobilier. D’un point de vue juridique, il convient de noter que les fluctuations de la demande de ciment peuvent avoir un impact sur les contrats de construction en cours, les délais de livraison et les litiges éventuels entre les parties prenantes. Dans un tel contexte, il n’est pas surprenant que les entreprises du secteur soient attentives à ces variations et aux risques associés. Sur le plan financier, la diminution de la consommation de ciment peut affecter les revenus de ces entreprises, leur rentabilité et leur capacité à investir dans de nouveaux projets. Certainement que les institutions financières et les investisseurs suivent de près ces tendances afin de prendre des décisions éclairées.

Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO


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