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Inflation : promoteurs immobiliers et fournisseurs de matériaux de construction se crêpent le chignon

Entre érosion du pouvoir d’achat et hausse fulgurante des intrants, les promoteurs immobiliers pointent du doigt les fournisseurs de matériaux de construction. En face, les industries des matériaux de construction refusent que les premiers essaient de les rendre responsables de leurs malheurs.

Le ton monte entre promoteurs immobiliers et fournisseurs de matériaux de construction à cause des prix appliqués sur le marché. Avant d’en dire plus, penchons-nous sur les ventes de ciment, principal baromètre du secteur du bâtiment et travaux publics (BTP).

Après la mévente enregistrée en avril 2022 (902.513 tonnes), suite aux bons scores réalisés de janvier à mars, les ventes de ciment se redressent peu à peu, même si elles ne parviennent pas à rattraper les niveaux du premier trimestre. Rappelons qu’au premier trimestre 2022, le niveau le plus bas a été enregistré en février avec 1.111.349 tonnes écoulés.

En mai 2022, les livraisons de ciment ont atteint 945.617 tonnes contre 882.785 tonnes en mai 2021. Au cumul, à fin mai 2022, les ventes des membres de l’Association des producteurs de ciment (APC) ont reculé de -3,12 %, par rapport à la même période de l’année 2021, soit une baisse de 169.893 tonnes. Contacté par Les Inspirations Éco, David Toledano, président de la Fédération des industries des matériaux de construction (FMC), lie la mévente d’avril à la saison pluvieuse.

«En avril, il y a eu des pluies, qui étaient tardives, et qui ont ralenti les chantiers. C’est pour cela que la baisse était plus forte que prévue. Avec les fêtes, la reprise des chantiers s’est faite doucement. En mai, on assiste à un léger rebond, qui devrait se poursuivre pour atteindre des chiffres un peu plus «normaux». Nous espérons que le redressement va continuer et que cela va effacer les notes négatives de ces derniers temps, notamment, le redémarrage des gros chantiers».

Nous ne sommes pas les bouc-émissaires des difficultés des promoteurs immobiliers !
Pour l’heure, plusieurs chantiers sont à l’arrêt et ils ne sont pas près de redémarrer. Parmi les raisons de la remontée difficile des ventes de ciment, reviennent souvent les difficultés que traversent les promoteurs immobiliers. Entre érosion du pouvoir d’achat et hausse fulgurante des prix de matériaux de construction, le secteur de la promotion immobilière a de la peine à sortir la tête de l’eau.

«Aujourd’hui, il y a un ralentissement de la production de logements, car les prix des intrants sont excessifs», déplore Mustapha Allali, vice-président de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI). Refusant que le secteur des matériaux de construction soit le bouc-émissaire des difficultés dont parlent les promoteurs immobiliers, David Toledano soutient qu’à la différence du secteur automobile, celui des matériaux de construction ne souffre pas de problèmes de disponibilité.

«Les promoteurs immobiliers qui veulent travailler travaillent. L’inflation sévit dans le monde entier, pas seulement au Maroc. Nous subissons les hausses et les répercutons. Nous refusons qu’ils essaient de nous rendre responsables de leurs malheurs.

Selon nos calculs, les matériaux de construction pèsent au plus pour 30% des coûts qu’ont à supporter les promoteurs immobiliers. Une bonne partie de leurs coûts sont générés par des postes comme le foncier». Dans Les Inspirations Éco n°3113 du vendredi 3 juin 2022, Mustapha Allali, vice-président de la FNPI, demandait un allègement du règlement général de construction pour donner aux professionnels de l’immobilier une bouffée d’oxygène : «Tout ce que les promoteurs demandent, c’est un allégement de 35 à 40% du règlement général de construction. Par exemple, qu’on nous donne la possibilité de rajouter un étage dans les zones où les immeubles sont limités à quatre niveaux, tenant compte de la cherté, voire de l’inaccessibilité du foncier dans les grandes villes».

Durcissement des critères de prêts à la promotion immobilière

Selon le Tableau de bord des crédits et dépôts bancaires de Bank Al-Maghrib, à fin avril 2022, les crédits bancaires aux entreprises exerçant dans l’immobilier enregistrent une baisse de 2,7% de leurs prêts. Et pour enfoncer le clou, selon les résultats disponibles de l’enquête sur les conditions d’octroi de crédit au titre de T1-2022, les critères auraient été assouplis pour les crédits de trésorerie, maintenus inchangés pour ceux à l’équipement et durcis pour les prêts à la promotion immobilière.

Par taille, les critères auraient été maintenus inchangés aussi bien pour les TPME que pour les GE. Pour ce qui est de la demande, elle aurait connu une baisse tant pour les TPME que pour les GE, et pour tous les objets de crédit. Cependant, le financement participatif destiné à l’habitat, sous forme notamment de Mourabaha immobilière, a poursuivi sa progression et s’est établi à 16,9 MMDH, après 12,8 MMDH une année auparavant.

Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO


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