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Inflation : la pression se relâchera, mais à certaines conditions

Les pressions inflationnistes au Maroc vont s’atténuer avec une croissance économique de 3% en 2023. Mais l’envolée des prix des matières premières importées et la dépendance, à l’égard du secteur agricole, pourrait peser davantage sur les perspectives économiques du pays.

L’économie marocaine devrait afficher une croissance d’environ 3% en 2023, reflétant la faible croissance de la demande chez ses principaux partenaires commerciaux. Les exportations de produits agricoles, de phosphates et de produits manufacturés (composants automobiles, conducteurs et fils) réduiront le déficit extérieur, tandis que les pressions inflationnistes liées aux produits alimentaires devraient s’atténuer. Telle est l’analyse relatée dans le dernier rapport, intitulé «La croissance économique à portée de main, avec des risques orientés à la baisse», de la compagnie d’assurance-crédit internationale Allianz Trade.

Toutefois, le rapport attribue la croissance économique à la reprise du secteur agricole. D’ailleurs, même l’agence de notation américaine S&P Global Ratings a également fait valoir que l’agriculture représente environ 10 % du PIB marocain et 30 % de l’emploi, ce qui rend l’économie marocaine particulièrement vulnérable aux conditions météorologiques et pluviométriques.

Ainsi, les conditions climatiques, la pénurie d’eau et la nécessité de donner la priorité à la consommation domestique et à la production d’électricité domestique pèseront sur les récoltes, bien que les données indiquent que les précipitations ont augmenté de 88 % entre septembre 2022 et début février 2023, tandis que les ressources en eau du pays ont dépassé 2,1 milliards de m3, soit le double du volume en comparaison avec la même période en 2022. Laquelle période a été marquée par une baisse de la production agricole au point de faire grimper les importations de céréales de 80% afin de répondre à la demande intérieure.

Cette dépendance à l’égard de l’agriculture met en péril l’économie du pays. L’autre risque, qui pèse sur les perspectives, reste la flambée des prix des matières premières importées par le Maroc. L’économie marocaine demeure fortement dépendante des importations d’énergie et, par ricochet, de la volatilité des prix du pétrole et du gaz. L’année dernière, la facture énergétique a plus que doublé en raison de la hausse des prix des carburants. Le gouvernement prévoit d’investir environ 195 millions de dollars pour augmenter la capacité de stockage des carburants d’ici la fin de 2023. Cette expansion devrait permettre d’ajouter 13 jours à la capacité actuelle, ce qui est suffisant pour couvrir les besoins pendant un mois.

Dans le même sillage, le rapport souligne que le Maroc possède l’une des économies les plus diversifiées d’Afrique du Nord, avec des efforts continus pour réduire la dépendance à l’égard des importations et consolider le profil fiscal. Cette diversification a conduit à une augmentation des exportations dans les secteurs de l’automobile, du textile et de l’agroalimentaire, qui ont augmenté respectivement de 33%, 21% et 16% d’une année sur l’autre. En revanche, les conditions actuelles impactent le niveau de vie des citoyens qui ne peut que se détériorer, signalant que l’écart entre le milieu rural et urbain continue de se creuser.

D’ailleurs, le rapport n’écarte pas la probabilité d’émeutes importantes et organisées ainsi que de campagnes de boycott ciblées pour contester l’augmentation du coût de la vie. Cependant, le rapport met également l’accent sur les tensions diplomatiques accrues avec les pays voisins et l’UE, lesquelles pourraient peser davantage sur les perspectives économiques.

Néanmoins, le rapport met en relief les chantiers structuraux qui ont été entamés pour propulser les investissements directs étrangers. Il s’agit notamment de la réforme des entreprises publiques, l’activation du Fonds Mohammed VI ainsi que la mise en œuvre de la nouvelle Charte de l’investissement. Toutefois, plusieurs variables structurelles restent latentes et sont susceptibles de façonner l’environnement des entreprises surtout que les milieux d’affaires surveillent de près la protection des droits de propriété et l’indépendance du pouvoir judiciaire.

Dans un autre registre, les mesures prises pour remédier à la pénurie d’eau ne sont pas suffisantes, bien que les progrès réalisés dans la libéralisation du marché de l’électricité doivent accélérer la transition vers les énergies renouvelables. Parmi les variables figure le chômage, car le pays reste dans l’avant-dernier décile mondial pour le taux d’emploi avec 39 %, soit 10,7 millions de personnes.

Maryam Ouazani / Les Inspirations ÉCO


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