Éco-Business

Inflation: 2020, une année difficile pour les ménages

Les dernières nouvelles de Bank Al-Maghrib pour l’année 2020 ne sont pas fameuses. Les Marocains devront encore se serrer la ceinture pour subvenir à leurs besoins les plus élémentaires. Alors que l’inflation est déjà sur une tendance haussière, elle devrait atteindre 1,3% au premier trimestre 2020. Portée par l’accélération prévue de sa composante sous-jacente, à savoir les prix des produits alimentaires à prix volatils et des carburants et lubrifiants, elle devrait néanmoins s’établir à 0,7% le reste de l’année après 0,3% un trimestre auparavant, a fait savoir, mardi dernier, la Banque centrale à l’issue de sa première session tenue à Rabat.

Dans le détail, poursuit Bank Al-Maghrib, qui a décidé, mardi, de réduire le taux directeur de 25 points de base (pb) à 2% pour amortir les chocs liés à la conjoncture actuelle, marquée par la propagation du Covid-19, les prix des produits alimentaires à prix volatils devraient s’accroître de 5,5% après 2,6% au quatrième trimestre 2019.

Dans le même sens, les prix des carburants et lubrifiants devraient progresser de 3,7% après un repli de 0,5% au quatrième trimestre. En revanche, en l’absence de nouvelles décisions gouvernementales, les tarifs des produits réglementés ne progresseraient que de 0,7% au lieu de 1,6% le trimestre précédent, tirés par la dissipation de l’effet du relèvement des prix des tabacs opéré en janvier 2019.

Toutes les conditions sont réunies pour une année difficile
Cela est d’autant plus inquiétant que, selon les résultats de l’enquête de conjoncture de Bank Al-Maghrib dans l’industrie relatifs au mois de janvier 2020, seuls 6% des enquêtés prévoient une baisse alors que 76% tablent sur une stagnation de l’inflation au cours des trois prochains mois et 18% anticipent une hausse de l’inflation, notant que le solde d’opinion ressort ainsi à 12%. Pire encore, les résultats de l’enquête sur les anticipations d’inflation de Bank Al-Maghrib relative au premier trimestre 2020 indiquent que les experts financiers prévoient une inflation de 1,4% à l’horizon des huit prochains trimestres au lieu de 1,3% un trimestre auparavant.

Par ailleurs, ceux-ci considèrent que la tendance future de l’inflation devrait être principalement déterminée par les prix à la pompe, l’orientation de la politique budgétaire, les décisions de la politique monétaire ainsi que les cours des matières premières hors pétrole. Le choc sera ainsi difficile pour de nombreux ménages habitués à une inflation plus ou moins «maîtrisée». Au titre de l’exercice 2019, le Maroc a enregistré le plus faible taux d’inflation de son histoire. En effet, la progression de l’indice des prix à la consommation (IPC) n’a pas dépassé une moyenne nationale de 0,2% pour l’ensemble de l’année, selon le Haut-commissariat au plan (HCP). D’aucuns disent que ce taux d’augmentation général des prix des marchandises et des services fait partie des indices les plus faibles au monde mesurés l’année dernière.

Le Maroc n’est pas un cas isolé
Aujourd’hui, compte tenu de l’évolution récente de la conjoncture économique et des projections macroéconomiques de la banque sur les huit prochains trimestres, des répercussions des conditions climatiques défavorables et de la propagation à l’échelle mondiale de la pandémie Covid-19, tout porte à croire que les mois restants de 2020 risquent d’être difficiles pour les consommateurs. Pire encore, à cause de la faiblesse des précipitations, la valeur ajoutée agricole régresserait de 2,7%, avec une récolte céréalière, estimée sur la base des données relatives aux conditions climatiques et à l’état de la végétation disponible au 10 mars, à 40 millions de quintaux, et le rythme des activités non agricoles ralentirait à 2,9%.

Toutefois, le Maroc n’est pas un cas isolé. Après une décélération en 2019, l’inflation continuerait d’évoluer dans la zone euro à des taux inférieurs à l’objectif de la BCE, soit 0,6% en 2020 et 1,3% en 2021.

En revanche, aux États-Unis, elle ralentirait de 1,8% en 2019 à 1,7% en 2020, avant de converger vers un niveau proche de l’objectif de la FED en 2021. Notons aussi que, sur les marchés des matières premières, la situation reste marquée par la montée des inquiétudes concernant l’évolution de la demande mondiale en lien avec la propagation du Covid-19 et par la divergence de l’alliance OPEP+ sur la réduction de la production. Les cours du pétrole devraient diminuer de nouveau cette année, pour s’établir à 48,5 dollars/baril en moyenne pour le Brent, avant d’augmenter à 59,5 dollars/baril en 2021. Pour le phosphate et ses dérivés, la Banque mondiale table, dans ses dernières projections d’octobre 2019, sur une hausse des cours.



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