Industrie de l’emballage : un potentiel de valorisation peu exploité
Le secteur de l’emballage s’impose comme un pilier essentiel de l’économie nationale, accompagnant divers secteurs industriels et soutenant le développement des exportations, notamment du Made in Morocco. Face aux défis climatiques et à la nécessité d’une transition écologique, il amorce une transformation vers une économie circulaire. Toutefois, des obstacles subsistent, tels que le faible taux de tri à la source et l’accès limité aux énergies renouvelables.
Face aux défis climatiques, l’industrie marocaine de l’emballage amorce une transition verte et se positionne comme un pilier stratégique accompagnant divers secteurs industriels. Outre son rôle clé dans l’économie nationale, l’emballage s’impose également comme un levier essentiel pour le développement du Made in Morocco.
«L’emballage est un secteur transverse qui suit le développement du pays à travers les différents programmes mis en place. Il représente également la locomotive pour promouvoir les exportations. De plus, l’emballage a la particularité d’être recyclé pour lui donner une seconde vie. Aujourd’hui, la transition d’une économie linéaire vers une économie circulaire commence à s’opérer», renseigne Mounir El Bari, directeur général de GPC Papier et Carton et président de la FIFAGE (Fédération des industries forestières, arts graphiques et emballage) et de la COVAD (Coalition de valorisation des déchets).
Des opportunités à saisir
En effet, dans un contexte où la durabilité est devenue impérative, le secteur de l’emballage s’engage progressivement dans une logique d’économie circulaire. Aujourd’hui, près de 30% des papiers et cartons consommés sont collectés pour être recyclés, soit 200.000 tonnes. Pour le professionnel, cette donne représente une nette progression par rapport aux 20% enregistrés il y a une décennie.
Cependant, le potentiel reste sous-exploité, puisque seulement 12% des matériaux recyclables, tous secteurs confondus, sont valorisés. Le gisement s’avère ainsi important pour le papier et carton, car la consommation annuelle est estimée à 980.000 tonnes dont 500.000 tonnes de carton ondulé.
«Cette valorisation est amenée à s’intensifier davantage au vu de la consommation qui s’accroît, mais des obstacles persistent à son développement. Il s’agit, notamment, du tri à la source et la difficulté d’accès aux gisements de déchets avant leur contamination. Car un papier ou un carton souillé et mouillé ne peut plus être recyclé. Il nécessite un travail de tri en amont. Au niveau de la COVAD, nous œuvrons, en collaboration avec les collectivités locales et les communes, pour que ces déchets deviennent des opportunités. D’ailleurs, l’objectif, à court terme, est d’atteindre un taux de collecte de 50%», aspire El Bari.
Avec un système de collecte bien rodé, l’objectif reste atteignable, particulièrement si tous les acteurs sont impliqués. Aujourd’hui, le principal produit issu de la valorisation est le carton ondulé. Le papier recyclé peut également être réutilisé en tant qu’emballage.
Toujours en termes de recyclage, le secteur compte quelques opérateurs économiques qui disposent de leurs propres unités de valorisation, lesquelles sont moins énergivores que les unités de production de papier et carton. Il en est de même pour la consommation d’eau qui est de moitié. Ceci étant, le frein à la transition énergétique, tels que l’accès limité aux énergies renouvelables, demeurent un obstacle majeur. Pour le professionnel, la promulgation de la loi y afférente, et qui élargit le champ à la moyenne et basse tension, permettra d’enregistrer un gain considérable.
Par ailleurs, pour que le secteur de l’emballage atteigne son plein potentiel, une collaboration étroite entre acteurs privés, collectivités locales et pouvoirs publics est indispensable. La mise en place de dispositifs de tri à la source et de systèmes de collecte adaptés, ainsi que l’adoption de lois facilitant l’accès aux énergies renouvelables, sont des priorités.
Malgré les avancées, le chemin reste encore long pour positionner l’industrie marocaine de l’emballage comme un modèle régional. Néanmoins, la prise de conscience croissante et les initiatives en cours laissent entrevoir un avenir plus durable pour ce secteur clé de l’économie nationale.
Du côté des acteurs privés, l’investissement dans le développement durable prévaut. Dans un autre registre, combler le déficit qui pèse sur la balance commerciale s’impose. Mounir El Bari n’a pas manqué de rappeler que pour satisfaire le besoin en papier, le Maroc a recours aux importations de pâte à papier à hauteur de 780.000 tonnes, d’où l’importance de renforcer l’intégration verticale.
Mounir El Bari
DG de GPC Papier et Carton et président de la FIFAGE et la COVAD
«Cette valorisation est amenée à s’intensifier davantage au vu de la consommation qui s’accroît, mais des obstacles persistent à son développement. Il s’agit notamment du tri à la source et de la difficulté d’accès aux gisements de déchets avant leur contamination. Car un papier ou un carton souillé et mouillé ne peut plus être recyclé. Il nécessite un travail de tri en amont. Au niveau de la COVAD, nous œuvrons, en collaboration avec les collectivités locales et les communes, pour que ces déchets deviennent des opportunités. D’ailleurs, l’objectif, à court terme, est d’atteindre un taux de collecte de 50%.»
Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO