Éco-Business

Industrialisation : Le diagnostic du CMC

«Le Maroc a-t-il réussi le pari de l’industrialisation ?», s’interroge le Centre marocain de conjoncture (CMC) dans sa dernière lettre mensuelle. Le constat est clair pour l’observatoire qui estime que les schémas d’industrialisation sont dépassés.

Le lancement du Plan émergence en 2004, le Pacte pour l’émergence en 2009 et le Plan national d’accélération industrielle en 2014 sont autant d’initiatives récentes qui témoignent d’un renouveau de la politique industrielle au Maroc. Les différentes politiques industrielles préconisées au cours de ces dernières années se concentrent toutes sur la restructuration des activités industrielles, leur modernisation et le renforcement de leurs compétitivités. Mais pour quel apport finalement ?

Industrialisation lente
L’analyse sur le long terme des indicateurs stratégiques montre que la part de l’industrie dans les exportations en marchandises est passée d’une moyenne de 16%, au cours de la période 1970-1979, à 66,1%, au cours de la période 2000-2009 et s’est située à environ 66%, au cours de la période 2010-2014. «Un effort considérable, mais qui s’inscrit dans un processus d’industrialisation très lent», juge le CMC. En effet, il aura fallu plus de 30 ans au Maroc pour rester sous la barre de 70% qui est celui des pays émergents. Au niveau du contenu technologique, l’analyse des chiffres, relatifs aux exportations en produits manufacturés à fort contenu technique, révèle, aux yeux du CMC, deux constats majeurs : Le Maroc n’a commencé à produire et à exporter ce type de produits qu’à partir du milieu des années 90 et la part de ce type de produits industriels est restée faible dans les exportations tout au long de la période 2000-2014. Ce taux est passé de 4 à 6,4%, entre 1995 et 2014.

Des stratégies sectorielles inégales
Le bilan des deux plans Émergence (2005 et 2009) n’a pas été concluant. «Des résultats ont été enregistrés avec des fortunes diverses selon les branches ; et la ré-industrialisation du pays peine à s’installer de manière avérée». L’Observatoire de l’économie marocain recommande, à ce titre, aux politiques publiques une sollicitation permanente à l’adaptation du rôle de l’État pour promouvoir un environnement propice au développement industriel. Une charge qui incombe désormais à la stratégie d’accélération industrielle lancée en 2014. Pour le CMC, grâce aux écosystèmes performants, le Maroc est en train de gagner des avantages comparatifs dans les filières à forte intensité de capital, tels les produits chimiques, les métaux de base et l’industrie automobile. Le Maroc est en revanche en perte d’avantages dans les industries à forte intensité de main-d’œuvre, comme c’est le cas pour le textile et habillement.

Le taux d’intégration en question
Pour le Centre, «l’industrie automobile et aéronautique et autres métiers de sous-traitance ne sont que deux exemples de la reproduction de l’ancien schéma du textile sous autre forme sophistiquée». Pour l’automobile par exemple, le CMC estime qu’il s’agit de marques internationales qui s’installent au Maroc à la recherche d’environnement moins couteux par rapport au pays d’origine, en particulier d’une main-d’œuvre qualifiée à bas coût, des plateformes logistiques d’import et d’export proches des grands marchés de consommation, des avantages fiscaux et des frais d’installation quasi-nulles. La révision du taux d’intégration locale dans le cadre des derniers contrats signés avec Renault et Peugeot PSA constitue à ce titre une réelle révolution pour le secteur. « Les choses ont bien changé ces derniers mois. Il n’y a qu’à prendre le cas de Maghreb Steel dans la fourniture de la tôle pour Renault qui constitue déjà une amélioration des taux d’intégration assez importante », explique Mohamed Benayad, secrétaire général du ministère du commerce extérieur. Pour sa part, le CMC estime que ces taux d’intégration relativement élevés servent d’abord ces multinationales leur permettant de bénéficier des avantages des accords de libre-échange en vigueur en termes de facilité à l’export et de règles d’origine.  «En général, l’ensemble des fournisseurs de ces multinationales sont aussi de grands groupes qui opèrent dans le cadre de stratégies communes d’implantation», précise le CMC qui note que l’évaluation des gains réels qui se dégagent de ces types d’investissement montre qu’ils sont en réalité
faibles.

À la recherche d’une croissance durable
À en croire le CMC, le Maroc peine à réussir sa transformation structurelle qui lui permettrait d’emboîter le pas aux «dragons» et «tigres» asiatiques et relever le défi de l’émergence économique. Ce, en raison des difficultés à trouver le bon niveau de croissance durable, susceptible d’assurer une diversification économique de résilience, une tendance étayée vers le plein emploi et partant un développement social décent. Pour le centre dirigé par Habib El Malki, il est important de s’appuyer sur de sérieuses analyses de coûts-avantages pour éviter toute réquisition par des chaînes de valeur à faible productivité qui débouchent sur des trajectoires de développement peu performantes.


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