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HCP : plus de la moitié de la population active n’a aucun diplôme !

Le portrait du marché du travail dressé par le Haut-Commissariat au plan confirme la lente montée en qualification de la population active. Actuellement, plus de la moitié n’est titulaire d’aucun diplôme, ce qui pose un gros défi pour l’économie. Par ailleurs, une part importante de l’emploi reste précaire et les travailleurs très peu protégés. Si le contexte a exacerbé les craintes des ménages vis-à-vis du chômage, la peur de perdre son «job» s’est renforcée depuis 2019, avant même l’avènement  de la crise sanitaire.

L’économie a restauré une partie des emplois détruits en 2020 avec la création de 230.000 nouveaux postes l’année dernière. Mais cette reprise se fait avec des «jobs» de faible qualité et continue de défavoriser les femmes et les jeunes. Le portrait du marché du travail dressé par le Haut-commissariat au plan démontre, si besoin est, que le Maroc pèche toujours dans l’inclusion de ces deux catégories avec des taux d’emploi respectifs de 17,4% et de 25,4% (jeunes de moins de 30 ans). La moyenne nationale, elle-même déjà faible, est encore 1,9 point en dessous de son niveau d’avant la crise sanitaire, à 39,7%. La faible participation des femmes au marché du travail constitue l’un des points faibles de l’économie et, encore plus, la sous-qualification de la population active. Plus de la moitié des travailleurs, plus exactement 53%, n’ont aucun diplôme dont 79,5% dans l’agriculture, 57,5% dans le BTP et 42,6% dans l’industrie. La lente montée en qualification de la population active explique, en partie, la structure de l’économie et se révèle un véritable handicap pour atteindre un nouveau palier de croissance.

La baisse du sous-emploi masque certaines disparités

La reprise des embauches en 2021 s’est accompagnée d’une amélioration du taux de sous-emploi, lequel est passé de 10,7% à 9,3%. Il a baissé dans la plupart des secteurs, pour les hommes comme les femmes, les personnes âgées de 25 à 44 ans et ce quel que soit le lieu de résidence. En revanche, cette vue d’ensemble masque certaines divergences, selon la situation. Ainsi, la part du sous-emploi lié à la durée du travail a baissé de 12 points à 46%. Elle concernait 459.000 personnes en 2021 contre 655.000 en 2020. Par contre, le nombre de travailleurs en situation de sous-emploi, lié à l’insuffisance du revenu ou à l’inadéquation entre la formation et l’emploi exercé, a augmenté de 71.000 à 543.000.

Faible protection

Pour une grande majorité de travailleurs, l’emploi n’offre pas suffisamment de garanties et demeure globalement précaire. Si le contexte de crise sanitaire a renforcé les craintes des ménages, la peur de perdre son travail s’est renforcée depuis 2019, avant même l’avènement du coronavirus. Le solde d’opinion concernant l’évolution du chômage est resté négatif autour de 78% au cours des deux derniers trimestres de 2021, après un passage sous les 70 points les deux trimestres précédents. Dans une certaine mesure, l’insécurité n’est pas la même selon les catégories de travailleurs. Les personnes diplômées sont relativement mieux protégées que celles n’en n’ayant pas. Pratiquement six diplômés du supérieur sur 10 disposent d’un contrat à durée indéterminée contre seulement 1 sur 10 chez les non diplômés. Pour cette dernière catégorie, aucun contrat ne lie 74% des travailleurs à leurs employeurs. En outre, ils sont faiblement protégés, seulement 10,5% étant affiliés à un régime de couverture médicale contre 73% chez les personnes ayant un diplôme supérieur. Par ailleurs, moins de 25% des actifs occupés cotisent à un régime de retraite. À défaut d’une couverture liée à l’emploi, la généralisation de la protection sociale à tous les Marocains devrait offrir une alternative aux travailleurs qui en sont actuellement démunis.

Voici l’essentiel de la note d’information du Haut-Commissariat au Plan (HCP), portant sur les principales caractéristiques de la population active occupée au titre de l’année 2021 :

– Le quart des actifs occupés (25%) bénéficient d’une couverture médicale liée à l’emploi (37,4% dans les villes et 7,9% à la campagne), contre 24,7% en 2020.

– Les actifs occupés exerçant dans l’industrie enregistrent le taux de couverture médicale le plus élevé avec 45,4%, suivis de ceux relevant du secteur des services (36,9%), des BTP (11,7%) et de l’agriculture, forêt et pêche (4,6%).

-Le taux d’emploi a augmenté de 0,3 point pour se situer à 39,7% au niveau national en 2021, après une baisse de 2,2 points, entre 2019 et 2020.

-Le taux d’emploi des jeunes de 15-29 ans se maintient à 25,4 % entre 2020 et 2021. Il est de 2,8 points sous son niveau d’avant crise (28,2% en 2019).

-La répartition des actifs occupés selon le secteur d’activité montre que le secteur des services se situe en première position avec 4.935.000 personnes et une part de 45,8%.

-Le taux de sous-emploi est passé de 10,7% en 2020 à 9,3% en 2021 au niveau national, de 10,1% à 8,8% en milieu urbain et de 11,6% à 10% en milieu rural.

-Le volume des actifs occupés en situation de sous-emploi a atteint 1.003.000 personnes, 550.000 personnes dans les villes et 453.000 à la campagne.

-Les secteurs ayant connu une forte baisse du sous-emploi sont l’industrie avec -2,2 points (de 8,7% à 6,5%), les BTP avec -1,8 point (de 19,6% à 17,8%) et les services avec -1,3 point (de 9,4% à 8,0%).

-Plus de la moitié des salariés (54,6%) ne disposent d’aucun contrat formalisant leur relation avec l’employeur au titre de l’année 2021.

-Les travailleurs dans l’agriculture et les BTP enregistrent les taux les plus faibles de contractualisation, 16,9% et 17,8%, respectivement, alors que les travailleurs dans l’industrie et les services sont contractualisés à hauteur de 59,1% et 56,6%, respectivement.

-Un peu plus de la moitié (52,9%) des actifs occupés n’ont aucun diplôme en 2021 contre 54,3% une année auparavant, 31,2% ont un diplôme de niveau moyen et 15,9% un diplôme de niveau supérieur.

-La part des actifs occupés ayant un diplôme supérieur est de 27,8% dans les services, 16,8% dans l’industrie et de 6,6% dans les BTP.

-Le secteur des « Services » demeure le premier pourvoyeur de l’emploi, avec 45,8% des actifs occupés, dont 33,5% d’entre eux exercent dans la branche du commerce, suivi de l' »Agriculture, forêt et pêche » (avec 31,2%).

-Plus de la moitié (51,8%) des actifs occupés sont des salariés, 29,6% des indépendants, 13,7% des aides familiales et 2,2% d’entre eux sont des employeurs.

 

Frank Fagnon / Les Inspirations ÉCO



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