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Hausse du taux directeur : des effets variés pour les banques

Le combat de la Banque centrale contre l’inflation pourrait profiter aux banques, à condition que la demande de crédit reste dynamique et que la sinistralité ne se dégrade pas outre mesure. L’atonie de la croissance, la baisse de confiance des ménages ou encore les pressions sur la trésorerie des entreprises représentent des menaces pour le secteur qui a tout de même bien négocié le premier semestre.

La lutte contre l’inflation, ayant entraîné un premier relèvement du taux directeur de 50 points de base à 2% lors de la dernière réunion du Conseil de politique monétaire, pourrait aussi servir les résultats des banques. D’autres hausses ne sont pas exclues si l’inflation persiste à des niveaux élevés. La perspective d’une remontée des taux débiteurs va soutenir la marge d’intérêt qui représente, en moyenne, 2/3 des revenus des banques. Mais, pour tirer pleinement profit du changement d’orientation des taux, il faudra aussi que la demande reste dynamique et que la sinistralité ne se dégrade pas davantage. Ce qui n’est pas gagné d’avance face à l’atonie de la croissance, à la baisse de confiance des ménages ou encore aux pressions sur la trésorerie des entreprises.

Bank Al-Maghrib table sur une croissance de 4% du crédit bancaire au secteur non financier en 2022, puis 3,6% en 2023. En août, le rythme de progression du crédit à l’équipement aux entreprises non financières privées s’est légèrement redressé, passant de 1,4% en juillet en glissement annuel à 3,9%. En revanche, les statistiques monétaires n’indiquent pas la catégorie d’entreprises et les secteurs à l’origine de ce mouvement. Les tensions sur la trésorerie, elles, restent élevées et se traduisent pas une accélération à 14,9% (12,7% en juillet) du rythme de croissance des prêts de maturité courte. Du côté des ménages, il y a du mieux sur les différents compartiments avec une hausse du crédit à la consommation au-dessus de 3%, plus exactement 3,2% en août sur un an. Le crédit à l’habitat se redresse aussi avec une amélioration de 0,4 point du rythme de progression à 3% en août.

Changement de direction des taux immobiliers ?
Pour la grande majorité des propriétaires, il n’y a rien à craindre de la hausse des taux d’intérêt dans la mesure où elle n’affectera pas le montant de la traite. Le plus souvent, les emprunteurs font le choix de la sécurité en ayant une mensualité fixe pendant toute la durée de remboursement du prêt. Les crédits à l’habitat assortis d’un taux d’intérêt fixe représentent aux alentours de 90% de la production et pèsent 92% de l’encours.

Pour les prêts à taux variable, le loyer de l’argent est fixé en fonction d’un indice de référence calculé par Bank Al-Maghrib. La révision est effectuée tous les ans suivant l’évolution de l’indice de référence. Aujourd’hui, les candidats à l’accession au logement pourraient voir les bonnes fenêtres se refermer. Tout dépendra de l’évolution du taux directeur au cours des prochains trimestres et de la rapidité avec laquelle les banques vont répercuter les variations des taux de référence.

D’autres facteurs tels que le comportement du marché du travail ou encore de la sinistralité entrent aussi en ligne de compte. Face aux incertitudes sur l’ampleur de la hausse des taux à venir, les emprunteurs optant pour un crédit à taux variable ont toujours la possibilité dans le cadre de certaines offres de se prémunir contre une hausse excessive. En attendant, le taux moyen du crédit à l’habitat est ressorti en baisse au cours des deux premiers trimestres de l’année atteignant 4,19% entre avril et juin 2022, un niveau très proche de son plancher (4,18% enregistré au deuxième trimestre 2019).

Plus 6% sur la marge d’intérêt des établissements cotés au 1er semestre

Les six banques cotées ont réalisé un chiffre d’affaires (produit net bancaire) de 35,7 MMDH, au premier semestre, grâce à la bonne tenue de la marge d’intérêt et des commissions. La hausse aurait été bien plus marquée si la remontée de taux obligataire n’avait pas pesé sur le résultat des activités de marché. Une bonne maîtrise des charges générales d’exploitation et l’amélioration du coût du risque ont permis de dégager des profits en hausse de 11% à 6,8 MMDH.

 

Franck Fagnon / Les Inspirations ÉCO


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