Éco-Business

Hausse des cours du café : l’optimisme est de mise malgré tout

La flambée des cours du café met en difficulté les torréfacteurs marocains qui restent optimistes en vue de la hausse de la consommation de cette denrée très prisée au Maroc. 

Il se pourrait que le rituel café du matin des Marocains soit devenu moins habituel dans les semaines prochaines. Soyons clairs, le risque ce n’est pas de se retrouver ruiné. Seulement, le fait que les cours du café explosent ces derniers mois, à cause d’une mauvaise récolte au Brésil, peut laisser un  goût amer dans la poche de certains consommateurs. Selon les spécialistes, la réserve brésilienne se situerait à seulement 39% des stocks mondiaux, contre 55% l’année dernière.

À cette sous-performance des rendements agricoles chez le premier producteur et exportateur de cet or noir, s’ajoute la limitation volontaire des expéditions vers l’étranger par les fournisseurs du pays d’Amérique du sud. Et pour cause, l’augmentation des frais du transport maritime. La répercussion de tous ces facteurs combinés va bientôt arriver au Maroc, grand importateur de ce produit, si ce n’est pas déjà le cas. «Nous achetons localement et lorsque les coûts augmentent, les fournisseurs marocains répercutent la hausse des prix des matières premières sur les torréfacteurs», regrette Mohamed Yassir Smires, fondateur de Smiresso, une marque de café en grains torréfiés, moulu et en capsules.

Placé au bout de la chaîne de distribution du café, les torréfacteurs subissent, en effet, de plein fouet la hausse des prix de cette matière première. Ils n’ont aucun pouvoir de négociation. Sur près d’un an, le prix du café a connu une hausse de 20%, soit environ 7 DH sur chaque kilogramme acheté chez les fournisseurs locaux au Maroc. En pleine crise Covid, il a fallu se serrer la ceinture car le confinement et les restrictions des gestes barrières, entraînant la fermeture des hôtels, cafés et restaurants, principaux clients des torréfacteurs, ont durement impacté le marché du café torréfié dans le royaume. Aujourd’hui, avec la réouverture des frontières aériennes et le relâchement généralisé des gestes barrières, l’espoir est permis même si les professionnels vont devoir conjuguer la reprise avec la flambée des matières premières.

«Étant donné que nos activités sont strictement liées à celles des hôteliers, cafetiers et restaurateurs, la reprise de la fréquentation de ces établissements va certainement avoir un impact» sur le chiffre d’affaires des torréfacteurs, espère Mohamed Yassir Smires.

Cependant, pas sûr que l’arrivée encore timide de touristes étrangers sur le sol marocain et la reprise des fréquentations des cafés du pays permettront aux professionnels de compenser les pertes liées à la hausse des cours du café. Un autre élément non moins important à prendre en compte, la surcharge du pouvoir d’achat des consommateurs. Alors que tous les prix des denrées de première nécessité flambent, les Marocains vont sans doute réfléchir à deux fois avant de déguster une tasse de café dont ils pourraient bien se passer. Mais cette prédiction est déjà contredite par les tendances de consommation dans le monde, lesquelles affichent une nette hausse.

Selon un rapport de l’Organisation internationale du café (OIC), publié en janvier 2022, la consommation mondiale de café a été révisée à la hausse à 167,68 millions de sacs en 2020-21 contre 164,46 millions pour l’année caféière 2019-20. Cependant, la consommation reste toujours en baisse par rapport au niveau pré-pandémique de 170,33 millions de sacs, nuance le document avant d’ajouter que l’écart production-consommation pour 2020-21 est donc réduit à 1,20 million de sacs. Ce niveau est plus comparable à l’écart pré-pandémique de 1,95 million de sacs. Une seule certitude, et selon Mohamed Yassir Smires, «les grands importateurs, mis à part les problématiques de logistique et de rareté du café qu’ils subissent, profitent de ces augmentations des cours internationaux».

16 mois de hausse consécutif du prix du café 

D’après les données compilées et rendues publiques en janvier dernier par l’Organisation internationale du café (OIC), les prix de cette matière première ont augmenté au premier mois de l’année 2022, atteignant 204,29 cents euro/livre, la hausse constante observée en 2021 se poursuivant. Le prix indicatif composé de l’OIC a affiché une hausse continue d’un mois sur l’autre pendant 16 mois consécutifs.

La volatilité intra-journalière du prix indicatif composé de l’OIC a baissé de 1,8 point de pourcentage pour atteindre 8,3% en janvier 2022. L’arbitrage entre les Arabicas et le Robusta, mesuré sur les marchés à terme de New York et de Londres, a augmenté de 3,9 % pour atteindre 135,07 cents euro/livre en janvier 2022. En l’espace d’un an, l’arbitrage entre les deux marchés à terme a doublé, passant de 67,05 cents euro/livre en janvier 2021 à 135,07 cents euro/livre en janvier 2022. Les stocks certifiés sur les principales bourses du café ont continué à baisser en janvier 2022, chutant de 16,2% et de 5,4%, respectivement, à New York et à Londres.

Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO



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