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Hassani Rachidi : “La Région de Drâa-Tafilalet mérite l’attention de l’administration centrale”

Hassani Rachidi
Investisseur et PDG d’Univers Système Auto

Hassani Rachidi, investisseur et PDG d’Univers Système Auto, délivre son point de vue concernant l’enclavement et son impact sur l’attractivité de la région. Pour lui, la synergie des acteurs régionaux est la clé de voûte pour relever l’ensemble des défis et atteindre les objectifs prévus dans le cadre de la vision stratégique de la Région.

Quel regard portez-vous sur la question de l’investissement dans la région et le climat des affaires ?
Avec ses conditions géographiques et climatiques difficiles, ses infrastructures de liaison les moins connectées à l’échelle nationale, la Région de Drâa-Tafilalet est actuellement peu attractive pour l’investissement. En effet, elle n’est pas, ou peu, intégrée aux réseaux autoroutier, ferroviaire, portuaire et aérien (avec une fréquence peu régulière des vols). Cet enclavement est accentué par les distances intraprovinciales importantes qui peuvent dépasser les 100 km.

Cette situation oblige les différents acteurs (publics, privés, société civile et population locale), indépendamment de leurs enjeux et, parfois, de leurs divergences d’intérêts, à déployer des efforts considérables pour créer un climat plus favorable à l’initiative économique. L’objectif commun est d’amplifier les retombées positives de cette collaboration entre les différents acteurs et créer la synergie et le climat propice à l’initiative économique, susceptible de contrer le mauvais classement de la région en matière d’infrastructures. Dans la perspective d’améliorer les conditions globales liées à la connectivité et l’attractivité, la force motrice de la région réside dans la collaboration systématique et constructive entre ses différentes parties.

Concrètement, quelles perspectives voyez-vous dans le cadre de cette synergie ?
Nous commençons à récolter les premiers fruits. L’écosystème régional est conscient de l’importance de fédérer ses efforts et d’inscrire les idées et les interventions dans des processus de collaboration et d’intelligence collective. Avec l’avènement du nouveau Conseil régional, appuyé par le nouveau CRI, doté d’une administration moderne et d’une équipe compétente, on constate que les indicateurs, touchant à plusieurs niveaux de la performance, ne cessent de s’améliorer.

Ceci est aussi dû aux orientations du Wali de la région et à son rôle fédérateur. La communication avec les porteurs de projets est devenue systématique et interactive, alors que les délais de traitement des dossiers d’investissement par la CRUI sont parmi les meilleurs du Maroc (moins de 10 jours). À cela, s’ajoute le feedback (de moins d’une demi-journée (qui est donné suite au dépôt de dossier sur la plateforme www.criinvet.ma.). Ce qui doit particulièrement être mis en exergue, par ailleurs, c’est la forte synergie développée entre toutes les parties.

Quels sont les gisements à mettre en œuvre pour diversifier l’économie régionale ?
Les secteurs de l’artisanat, de l’industrie cinématographique et des services, notamment, occupent une place non négligeable dans la création de richesse et d’emplois au niveau régional. La conjoncture internationale et les perspectives incertaines de l’économie mondiale obligent à repenser les modèles économiques et, partant, les secteurs classiques de création de richesse et d’emplois. La souveraineté alimentaire, énergétique, hydrique, sanitaire et financière s’impose avec urgence, incitant les pays et les territoires à s’investir dans la redéfinition des priorités et donc de nouvelles filières et chaînes de valeur, surtout à fort contenu en immatériel et en matière grise.

La région, reconnue pour l’excellence de sa jeunesse estudiantine, aura tout à gagner dans l’économie du savoir qui a été déjà prise en considération dans le SRAT et le PDR. Ces deux visions ambitionnent de faire de Draa-Tafilalet la première région en économie verte tout en intégrant le Top 3 des régions en économie du savoir et de l’innovation, d’ici 2040. Il est nécessaire de citer les nouvelles niches et axes stratégiques où la région est sollicitée pour renforcer sa position économique au niveau national, régional et international.

Il s’agit de l’économie du savoir axée sur des startups innovantes (NTIC, ingénierie des procédés, sécurité informatique et cybernétique, applications informatiques, data-center) ainsi que l’ingénierie de l’environnement (recyclage et valorisation des déchets ménagers, eaux usées, biomasse, bois et débris, déchets électroniques…).

Sont concernées également l’ingénierie du vivant (molécules, bactéries, champignons, agro-industrie, médecine douce), l’agriculture intelligente (valorisation, innovation, circularité, argitech, nouvelles cultures…) et le tourisme durable digitalisé, axé sur le patrimoine matériel et immatériel. On peut y ajouter le BTP, centré sur les matériaux naturels, la santé humaine, l’efficacité énergétique et l’économie du patrimoine, des énergies renouvelables et du green technologie.

Quelles perspectives voyez-vous pour la Région Drâa-Tafilalet dans le cadre des différents chantiers actuellement entrepris ?
Riche de ses actifs patrimoniaux, la région dispose d’un potentiel énorme pour devenir, sur le moyen et long terme, un territoire attractif pour l’investissement, les talents et les technologies. Le PDR a déjà identifié les prérequis nécessaires à ce décollage en consacrant plus de la moitié du budget à la connectivité territoriale (intra et inter) avec des montants, respectivement, de 29 MMDH et 2,3 MMDH pour la mise en place d’une offre foncière attractive, toutes activités confondues (industrie, artisanat, activités économiques, cinéma…).

À cela s’ajoutent la création d’un CHU régional, d’une université, d’écoles d’ingénieurs en diverses spécialités (mines, énergie verte, agriculture…) et de la Cité des métiers et des compétences, en cours de construction. Il faut particulièrement insister sur les efforts entrepris par le CRI et ses partenaires, surtout la Wilaya, le Conseil régional et les organismes de formation et de recherche concernant le développement des métiers de l’offshoring, dont le PDR a prévu la création de deux zones à Tafilalet et Drâa Shore, pour un montant de 180 MDH. *

Pour contribuer efficacement au financement de ce vaste chantier, ces efforts importants, en termes de planification territoriale, doivent s’inscrire dans une stratégie de mobilisation sans faille de l’écosystème régional traduit dans le plaidoyer constructif vis-à-vis des ministères.

Drâa-Tafilalet, la région frontalière la plus pauvre du Maroc -malgré ses richesses naturelles, humaines et son histoire- mérite l’attention de l’administration centrale, conformément à la volonté du Souverain qui ne cesse de mettre l’accent sur la réduction des disparités territoriales.

Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO


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